L’été est là, et son lot de festivals l’accompagne. Dour, c’est quatre jours et quatre nuits de shows de tous styles musicaux sur sept jolies scènes, sous chapiteau et en extérieur, dans un site énorme, pour un des plus gros festivals de musique alternative d’Europe. Et quand on a capté la programmation orientée double H que les organisateurs nous ont concoctée cette année, impossible de louper cette chose. Partons pour quatre jours de flows, de basses, de soleil et de poussière.
Le premier jour ? A lire ici.
Les deuxième & troisième jours ? Faut suivre oh ! Bon allez, parce que c’est toi, à lire ici.
// DAY 4
Bon, c’est déjà la dernière… Pléiade d’émotions déjà, mais ne nous noyons pas dans les souvenirs alors que cette 25ème édition n’a pas encore fermé ses portes. Dernier voyage enclenché : un bon disque bien à fond dans la caisse, une bouteille d’eau méga-fraîche, et quelques dizaines de minutes d’une route calme et sans histoire. C’est vrai ça, tiens, je n’aurais croisé aucun contrôle policier en quatre jours. Ma bonne étoile. C’est reparti ! Sous une chaleur toujours accablante, nous nous retrouvons directement devant la grande scène, en extérieur, pour le premier concert de la journée. Raggasonic no man pull-up selecta ! L’occasion de revoir le duo, déjà passé tout récemment sur le festival belge, il y a de ça deux éditions. Et sous le soleil également, si mes souvenirs sont bons. Il est utile de le préciser, car Dour est aussi connu pour sa boue abondante, la pluie s’invitant au moins une année sur deux, pour le plus grand bonheur des photographes, visagistes & glisseurs sur ventre. Mais revenons à Big Red & Daddy Mory, accompagnés d’un live band, et joliment coiffés de serviettes dégoulinantes en rentrant sur scène. Quelle rafraîchissante idée, que l’on regrette de ne pas avoir eu. Le premier riddim s’enclenche et, clameur de la foule (nombreuse, encore une fois), c’est l’un des hits du groupe, Aiguisé Comme Une Lame, initialement enregistré avec le Suprême NTM de Kool Shen & Joey Starr que commence le duo. Et on s’aperçoit au fil de l’enchaînement des titres que nous ne sommes pas les seuls à avoir cramé le premier album du R.Sonic Crew : le public connait tous les morceaux, certains (comme nous) les récitent, même ! Témoignage de la portée du groupe, et pas uniquement dans le milieu hip-hop ou reggae. Quand Daddy Mory demande du feu pour son spliff, on craint pour la santé du groupe au complet, une pluie de briquets s’abat sur la scène. Joueur, il demande maintenant un peu de weed…qui arrivera en quantité plus réduite. Il fallait s’en douter, c’était une petite intro à l’un de leurs titres phares : Légalisez La Ganja. Ambiance festivalière oblige, les barreaux d’chaise verdâtres sont de sortie, encore plus qu’à l’accoutumée. En plein soleil, ça va faire des morts. Nous avons aussi eu droit à quelques nouveaux morceaux bien plaisants, comme Identité ou le très efficace Ca va Clasher, issus de leur dernier album en date paru cette année. Toujours un plaisir, messieurs.
Allons transpirer un peu les litrons d’eau avalés sous la Boombox, où Youssoupha commence son set. A la mode américaine, lui aussi a amené quelques instruments sur scène : une batterie, et quelques claviers. Et le show commence, le public est très chaud. Et le nombre de chandails marqués des slogans du lyriciste bantou, comme son gimmick « t’avais jamais entendu de rap français », sont en nombre, la base de fanatiques s’est déplacée. Youss’ a l’habitude de la scène, il arrive au terme d’une énorme tournée à l’occasion de son dernier album, et on peut le sentir : pas une fausse note, tout est huilé et ficelé au millimètre, c’est un métier, respect. Mais faudrait quand même lui souffler qu’on avait déjà entendu du rap français, quand même. Et du meilleur, promis.
Sur cette petite attaque gratuite, allons voir ce que donne la p’tite marseillaise Keny Arkana sous la Dancehall, juste en face. Suivons les altermondialistes en Nike Air qui s’y précipitent, et restons à la limite entre le dehors et le dedans, entre l’air à moitié frais et la transpiration. Keny est elle aussi accompagnée d’un mini-live band dont la batterie est le personnage principal, et le tout part d’une façon très énergique. Je ne connais que très peu les morceaux de ses derniers disques donc ne me risquerais pas à faire de commentaire sur ceux-ci, mais la fluette jeune femme envoie tout ce qu’elle a. Rap engagé mais tout de même festif, solide sur scène, quand elle s’y présente. On a eu de la chance, elle était là en cette fin d’après-midi.
Hasard du planning, nous sommes « obligés » de laisser la rabia del pueblo finir son show puisque les tontons d’IAM commencent le leur un quart d’heure avant la fin du sien. Vous suivez ? On s’en fout, on va voir IAM on vous a dit. Les jolis décors sont installés sur la grande scène, Imhotep & Khéops trônant sur d’énormes piédestaux supportant leurs machines, Akhenaton & Shurik’n, Saïd & Kephren en contrebas. Et c’est parti pour les classiques : Petit Frère, Nés Sous La Même Etoile, L’Empire du Côté Obscur, j’en passe et des meilleures, des vertes, des pas mûres, comme vous voulez. Quelques-uns des meilleurs morceaux d’Arts Martiens, aussi. Nous avons même eu droit à Bad Boys de Marseille, un public belge entonnant ce refrain archi-connu est somme toute assez drôle. Tout le monde a dansé Le Mia, et a chanté Give Me The Night de Georges Benson sur le même rythme. Un solo de l’oncle Shu avec Samouraï, un Demain C’est Loin revisité moitié a capella, moitié avec beat pour un dernier quart d’heure d’émotions, on s’est regardés et on s’est rappelés le refrain de Spartiate Musique, titre du dernier album : « Toujours là ouais ».
Encore des marseillais ? Ouais ouais, c’est les Psy4 De La Rime qui passent sous la DanceHall en ce moment. Passer après un concert d’IAM c’est compliqué quand même. Les mecs commencent avec Au Taquet, titre entraînant des « débuts » du groupe. Et c’est le seul titre que j’ai reconnu de la demi-heure à supporter les complaintes de Soprano et les refrains enfantins dignes de ma p’tite cousine. Désolé les gars, c’est pas pour moi. On me dit dans l’oreillette que les Smashing Pumpkins commencent leur show sur la grande scène. J’y cours, me pose dans l’herbe et apprécie le rock progressif et dépressif du groupe. Le suicide me vient en tête, mais je repense aux Psy4 et j’me marre. Surprise, j’entends des fusées qui partent. Encore une mauvaise blague de festivaliers sous MD, LSD, CIA ou SCNF ? Non, c’est bien l’orga du festival qui nous gratifie d’un joli feu d’artifices en guise d’apothéose de cette 25ème édition. 183 000 festivaliers se seront pressés sous les différentes scènes cette année. C’est beau, non ?
Allez, on se donne rendez-vous l’an prochain, et on en profite pour faire un bisou à l’orga du festival de Dour, et aux potes de ouikeed.com pour les quelques photos.