2013 a été une bonne année, on l’a dit et on le répète. Du coup, après nos 20 meilleurs sons et tweets de l’année, c’est au tour des albums d’être décortiqués : chez SURL, on t’a concocté ce best of 2013 de nos disques préférés de ces douze derniers mois : la crème de la crème, ceux qu’on aime tellement qu’on a envie de les faire encadrer. Comme pour les sons, ces 15 albums ne sont forcément les meilleurs au sens premier du terme, mais un panel non-exhaustif qu’on retient particulièrement pour une raison ou une autre. Même au sein de la rédaction, des débats subsistent, il y a eu consensus pour convenir à tous les goûts. Attention, c’est une incitation à casser ta tirelire : ça risque d’être plus que difficile de faire un choix parmi ces quinze pépites. Une sélection à faire tourner à toute ta famille – avec modération tout de même.
15 // Prodigy & Alchemist – Albert Einstein
Le genre de truc que l’on se procure les yeux fermés. Quand deux géants décident de se lancer dans un projet commun, la terre tremble, les buildings se fissurent et le rap game se prend une grosse baffe. Voilà comment, en 2013, on peut balancer l’un des disques de l’année sans associer sa sortie avec une marque de GSM. « I turned out to be a legend in my own time » ; en 2013, Prodigy a juste voulu le rappeler aux minots qui l’avaient zappé.
14 // Blood Orange – Cupid Deluxe
Son premier album, Coastal Groove, était une réussite. Avec Cupid Deluxe, Blood Orange touche au sublime. Producteur, musicien, chanteur : David Hynes fait tout tout seul, et il le fait bien. Dans un doux délire au croisement de la pop, du r’n’b et du disco, il nous embarque avec lui entre la Guyane et le New York des années 80. Au-delà de l’album, c’est un univers unique qu’on découvre. Verdict : adopté dès la première écoute, réécouté cent fois depuis.
13 // KA – The Night’s Gambit
Cet album aurait pu être enregistré dans une église. C’est un beau disque, intime et sombre, et solennel, presque austère par moments. The Night’s Gambit fait partie de ces rares albums de 2013 qu’on écoute seul chez soi, attentivement, presque religieusement.
12 // M.I.A – Matangi
Les déboires avec sa maison de disques de la chanteuse londonienne n’auront au final que rendu la sortie de Matangi encore meilleure. Double hommage à ses origines Tamoul avec cet opus provocant, spirituel, contradictoire, surtout quand on se concentre sur les paroles. Musicalement, Matangi est une boule d’énergie, d’une justesse incroyable.
11 // Asap Rocky – Long.Live.A$AP
Sans conteste la consécration d’Asap Rocky en tant qu’acteur majeur de la scène hip-hop. Une nouvelle approche qui n’a pas laissé le rap game intact. Pas aussi impeccable que sa précédente mixtape Live Love A$AP, mais un projet qui réussit quand même à contenter ses fans de la première heure, tout en accrochant un public bien plus large. Ca aurait pu être bien pire.
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10 // Kaaris – Or Noir
Textes hardcore, assassins, sons lourds, oppressants. C’est le disque à mettre à fond dans ta caisse pour faire exploser les basses et booster ta virilité (ça marche même chez les filles, preuve que cet album est magique). Or Noir remet au goût du jour le rap sale et son univers, et ça fait franchement du bien.
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9 // Childish Gambino – Because The Internet
Avec son précédent projet en 2011, Bino avait déjà démontré sa capacité à tenir un micro sans complexe, prouvant ainsi qu’il avait sa place dans un univers qui ne lui appartient pas à la base. Sur Because The Internet, Childish Gambino joue les geeks désabusés en empilant des titres hors du commun. Des morceaux qui lorsqu’on les joue les uns à la suite des autres prennent une autre dimension, celle d’une balade numérique nostalgico-romantique contée avec passion. Le rappeur acteur maîtrise son sujet à la perfection et une fois tombé dans sa toile, impossible de s’en défaire aussi facilement.
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8 // Daft Punk – Random Access Memories
« J’en peux pluuuuuuuuuuus de Daft Punk! » Depuis cet été et l’overdose générale de « Get Lucky », il est devenu de bon ton de lâcher cette petite phrase dans une conversation. A toi, hater de la dernière heure qui a passé l’été à te dandiner sur la voix de Pharrell, un petit conseil en passant : (ré)écoute l’album de Daft Punk en entier. Cale-toi au calme, mets à fond « Giorgio by Moroder » ou « Touch ». Mieux, écoute « Fragments of Time », l’une des perles cachées de cet album. Et reviens nous voir.
7 // Earl Sweatshirt – Doris
Après Franck Ocean en 2012, on attendait beaucoup cette année d’Earl Sweatshirt, l’autre perle made in Odd Future. Epaulé et inspiré par son père spirituel The Creator, Earl reproduit fidèlement la noirceur de son géniteur à travers des productions obscures et des textes sombres à souhait. Le petit plus d’Earl, c’est qu’il rappe comme si tout lui venait naturellement. Son flow est souvent lent, nonchalant, presque paresseux. Mais le choix précis de ses mots et ses punchlines incisives montrent qu’en fait, il ne laisse rien au hasard. Banco : des mois après sa sortie, on ne s’en lasse toujours pas.
6 // The Underachievers – Indigoism
« We the new New York better protect your neck ». Tout est dit dans cette punchline d’Issa Dash, moitié du groupe The Underachievers et consommateur de drogue à temps plein. Affiliés aux Flatbush Zombies et au Pro Era crew, le groupe fait parti du mouvement florissant Beast Coast, un courant musical réunissant la nouvelle crème de la côte Est. A l’image de leur mixtape Indigoism, les deux rappeurs se révèlent être des lanceurs de tendance tant leur rap est unanime et authentique. A tel point qu’on a du les surclasser dans la catégorie album pour ne pas faire trop faire d’ombre aux autres mixtapes sorties cette année. Malgré sa cover un peu dégueu, Indigoism est un must-have, et tout fan de rap US qui se respecte se doit d’avoir testé au moins une fois les aventures des deux Indigo Child.
5 // Drake – Nothing Was The Same
Savant mélange entre introspection, émotions et flow brut et surpuissant, ce dernier album de Drake dépasse les paradoxes apparents : il se révèle cathartique mais équilibré, fluide et vraiment musical. Il faut croire que depuis Take Care, Drake a enregistré la formule magique d’un excellent album, et il l’applique encore une fois à merveille sur Nothing Was the Same.
4 // Danny Brown – Old
L’album de la consécration pour Danny qui a marqué de son empreinte cette année 2013 par sa folie. Old est un album intemporel, novateur qui montre tout le charisme et le talent du natif de Detroit. « 25 Bucks », « Kush Coma », « Side B » ou encore « Dope Friend Riental », des bangers tonitruants pour un album qui a véritablement lancé sa carrière. De quoi faire pleurer les basses de ton gamos quand tu conduits en mode gangsta, et attendrir les meufs quand t’es à l’arrêt à un feu rouge, ou dans la fosse de son concert …
3 // Chance The Rapper – Acid Rap
Chance The Rapper est incontestablement la grosse découverte de cette année. La qualité de sa seconde mixtape Acid Rap était tellement supérieure qu’on a été obligé de l’installer aux côtés des meilleurs albums 2013. C’est d’ailleurs surprenant d’écouter un rappeur aussi jeune et pourtant déjà maître d’un univers blues/rap édulcoré avec une voix atypique et des gimmicks en folies. Les rappeurs eux-mêmes ne s’y sont pas trompés puisque depuis cette année Chance a enchaîné les collaborations de prestige et s’est aussi invité à la première partie d’Eminem au Stade de France. Les autres MC de Chicago n’ont qu’a bien se tenir.
A lire : Chance The Rapper – Acid Rap, chronique
A lire : Chance the Rapper, Chicago Vibe
2 // Kanye West – Yeezus
Yeezus ou l’égocentrisme poussé à son paroxysme par Kanye West, autoproclamé Dieu parmi les Dieux. Vu de l’extérieur, cet album a tout pour déplaire : une cover ultra-simpliste, un protagoniste détestable et des singles déconnectés du temps actuel. Pourtant, une fois plongé dans cette expérience bruyante, glauque et traumatisante, on commence à entrevoir le génie qui entoure ce chef d’œuvre. Kanye West est dans le futur depuis bien longtemps. Mais avec cet album, il confirme définitivement son statut d’artiste créateur-destructeur au potentiel démesuré. Yeezy repousse sans cesse les limites du rap et de la musique en général et on peut se demander où s’arrêtera sa soif de supériorité.
A lire : Kanye West, Yeezus Unchained
1 // Tyler – Wolf
Tyler n’est pas que producteur et rappeur. C’est également un génie capable de créer et de transformer tout ce qu’il touche en or. Wolf, son dernier bébé, est une petite tuerie aux contours irrégulièrement parfaits qui se détache de Goblin par son accessibilité et sa prise de risque inattendue. The Creator a muri musicalement et est désormais capable de proposer des masterpieces incontournables. Son album – largement influencé par Sir Pharrell Williams – alterne entre chansons déjantées et purs morceaux de rap, le tout enveloppé par trois covers démentielles et des clips tous aussi fous les uns que les autres. Du Tyler comme ça, on aimerait en déguster tous les jours.
Bonus – Si t’en as pas assez, 15 autres albums qui trouveraient aussi leur place dans cette sélection :
– Disclosure – Settle // A lire : Disclosure – Settle, Chronique
– Joke – Kyoto & Tokyo // A lire : Interview : Joke n’est pas là pour blaguer
– Pusha T – My Name is My Name
– Dom Kennedy – Get Home Safely // A lire : Dom Kennedy, California Cool
– Kevin Gates – The Luca Brasi Story // A lire : Kevin Gates, le Luca Brasi de Baton Rouge
– Action Bronson – Saab Stories & Blue Chips 2 // A lire : Action Bronson, cordon bleu du rap
– Lil Durk – Signed to the Streets
– Beyoncé – Beyoncé
– Grems – Vampire // A lire : Interview : Grems, Chasseur de Vampires
– Tree – Sunday School 2
– Chill Bump – Chill Bump // A lire : Interview, Chill Bump
– Ty Dolla $ign – Beach House 2 // A lire : Ty Dolla $ign remporte la mise
– Juicy J- Stay Trippy
– Janelle Monae – The Electric Lady
– Run the Jewels – Run the Jewels