Le thermomètre socioculturel qu’est Scarface s’apprête à prendre une troisième fois la température ambiante. Le réalisateur Jonathan Herman (qui a co-écrit Straight Outta Compton) a été engagé pour dépeindre une version actuelle du gangster balafré à la découverte du rêve américain. Petit tour d’horizon du mythe : avant de sombrer dans les méandres de l’oubli, comme la carrière des Black Eyed Peas et Fergie, le premier Scarface, créé en 1932 par Howard Hawks, racontait l’histoire de Tony Camonte, son ascension et sa chute dans le milieu de la pègre à l’époque de la prohibition. Puis vint en 1983, le second Scarface selon Brian De Palma, incarné par Al Pacino. Dans cette remise en contexte, l’immigration italienne est devenue cubaine. Tony Camonte est rebaptisé Tony Montana et les ruelles de Chicago ont laissé leur place au soleil de Miami.
Après la version 2.0 et son impact dans l’inconscient collectif – la version de De Palma étant à la première mouture ce qu’Elvis Presley est à Chuck Berry – on s’interroge sur l’intérêt de faire entrer Scarface dans le 3ème millénaire, à l’ère de Twitter et des lolcats. Les stigmates du dernier balafré, source de punchlines pour rappeurs peu inspirés et autres d’intros/interludes/outros lourdingues, étant encore béantes et mal cicatrisées.
Selon certaines personnalités du hip-hop comme Pete Rock, la saga Scarface aurait du rester à l’époque du Minitel, au lieu d’envisager le héros au détour d’une conversation Skype ou de rendez-vous importants entre deux buckets de KFC.
On se pose donc quelques questions quand à ce Scarface 3.0 :
- Viendra t’il d’Europe de l’Est ?
- Est-ce que « LittleFriendz » sera son pseudo Tinder ?
- Se fera t-il des armes imprimées en 3D sur Silkroad ?
- Le rappeur Scarface, inspiré par la famille de Marvin Gaye, va t’il intenter un procès ?
- Patrick Balkany et Lacrim seront ils sortis de prison pour voir l’avant-première ?
Et vous, vous en pensez quoi?