La littérature et le rap entretiennent des rapports plus étroits et secrets qu’on ne le pense. Il n’y a qu’à voir récemment l’intellectuel Alain Finkielkraut citant Booba pour « défendre » Nadine Morano – B2O ayant lui même été adoubé il y’a quelques années par la très sérieuse revue littéraire NRF qui le comparait à Céline. Sans oublier l’épisode pathétique Yann Moix vs Nekfeu. Bref, pas de quoi non plus imaginer Jul ghostwritant Marc Levy. Quoique.
C’est en tout cas une surprise d’apprendre que Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques serait amateur de Drake. Interrogé par la chaîne canadienne CBC pendant la promotion de son dernier livre Deux ans Huit Mois et Ving-huit Nuits, l’écrivain britannique s’est prêté à un exercice plutôt inhabituel : décortiquer des lyrics du rappeur superstar. Rushdie s’est donc fendu d’une analyse sommaire mais drôle de cinq tracks de la discographie de Drizzy, “6 PM in New York,” “Forever,” “Know Yourself,” “What’s My Name,” et “6 God.”
Si l’écrivain et le rappeur ont sans doute moins en commun que Virginie Despentes et Casey, il est difficile de ne pas rire devant Rushdie se réapropriant « They scream out my failures and whisper my accomplishments » (« Ils hurlent mes erreurs et chuchotent mes victoires ») : « Oui, je sais ce que c’est », s’amuse t-il. On attend maintenant que l’auteur reprenne pour la promo de son livre le crédo de Drake If you’re reading this it’s too late.