Les rappeurs vieillissent. Pourtant, le rap reste incontestablement jeune. Quid de l’humain dans tout ça ?
Il y a autant de raps que de rappeurs : c’est le sujet dont traite le documentaire Adult Rappers réalisé par Paul Iannacchino Jr et financé en partie grâce au crowdfunding depuis 2012. On n’est pas dans les clichés luxure et chaîne en or. Ici, le documentariste interroge une flopée de MCs, de l’underground au populaire, et retrace avec eux le chemin long de la construction d’une place, d’un nom, dans le milieu du hip-hop. L’idée vient au réal après avoir mis un modeste pied dans le game, se faisant alors appeler DJ Pawl. Très vite, il s’aperçoit que ce n’est pas pour lui, qu’il est déjà de l’ancienne génération de rappeurs et observe auprès de ses potes combien il est difficile de garder le flambeau ou même d’accepter de le céder aux nouveaux.
Il tente de comprendre les règles du jeu qu’il qualifie de « cruel bitch », un jeu où le public ne t’aime pas forcement que pour ta musique, mais aussi et surtout pour la personne que tu es, en tant que « pièce de la pop culture ». Un vrai jeu où rien ne semble sérieux, où tout va vite et où tu réalises, à un moment, tu n’es plus en mesure de suivre le rythme de ces nouveaux gamins effrénés. Murs, Slug de Atmosphere, J-Zone ou encore Bluprint abordent ce syndrome de Peter Pan qui pet frapper les rappeurs, en filigrane. La question du rapport à l’âge y est abordée, comme dans de nombreux métiers où la représentation de soi est une part importante. L’angle est original et pertinent et le propos frappe de sa dimension humaine. Le documentaire est disponible à la location ou à l’achat en ligne.