Les artisans du sample n’ont peut-être pas perdu la guerre contre le copyright et ses lois. On se rappelle de l’affaire « Big Pimpin' », dans laquelle Jay-Z et Timbaland avaient fini par obtenir gain de cause, face à l’héritier de Baligh Hamdi, ou encore de la condamnation de Pharrell Williams et Robin Thicke, pour plagiat du « Got To Give It Up » de Marvin Gaye.
On vient peut-être d’assister à un tournant, suite à une décision rendue par la Cour constitutionnelle d’Allemagne, il y a deux jours. Celle-ci – contredisant une décision rendue par la Cour fédérale de justice en 2012 – a fini par débouter deux membres de Kraftwerk, Ralf Hütter et Florian Schneider-Esleben, dans leur plainte déposée en 1997 contre le producteur d’un morceau de rap allemand, Moses Pelham. En cause, une boucle de percussions durant deux petites secondes, tirée du morceau « Metall auf Metall » de Kraftwerk. Pelham a assuré aux juges avoir ignoré sa provenance, ayant pioché la boucle au sein d’un vaste catalogue de sons.
Vol ou liberté artistique? On vous laisse le soin de juger.
Le morceau incriminé, »Nur mir », de Sabrina Setlur:
Le morceau de Kraftwerk, « Metall auf metall »:
Kraftwerk, malgré son statut de groupe archi-samplé, a peut-être été un peu gourmand cette fois-ci, Ralf Hütter allant jusqu’à invoquer face au juge l’un des dix commandements. Entre liberté artistique, droits moraux et économiques des uns ou des autres, cette décision, qui pourrait faire jurisprudence, aura peut-être le mérite de relancer le débat sur la notion de création originale, que ce soit dans le hip-hop ou dans l’art en général.