Non, en 2016, les beatmakers n’ont pas été remplacés par des pages de « type beats » et autres producteurs anonymes payés pour se conformer à des demandes bien précises. Parmi les orfèvres du beat français, certains continuent à se distinguer par leur créativité. Nodey compte parmi ceux-là. Il avait su se faire remarquer dans des battles de beatmakers tels que le Beat Dance Contest, notamment avec une utilisation toute personnelle de l’oeuvre de Johnny Hallyday. On lui doit également une belle flopée de beats pour des rappeurs français, parmi lesquels on peut citer le « Mon pote » de Flynt et Orelsan, ou encore l’excellent « Chanson française » de Youssoupha.
Après son EP Atrahasis sorti en 2015, Nodey vient de sortir un nouveau projet, enregistré dans le cadre des Red Bull studios de Paris. Un opus dont l’inspiration tire parti de ses origines vietnamiennes. Son titre « Vinasounds », est lui-même un clin d’oeil à ce pays où il n’est pas né, le mot « vina » étant un synonyme de « viet », notamment utilisé dans des noms de sociétés nationales, comme Vinaphone ou Vinacafé. Dans une interview donnée au site de Red Bull Studios, Nodey a confié avoir dessiné « la carte postale d’un Vietnam imaginaire qu’il n’a jamais connu, qui n’existe plus, voire même qui n’a peut-être jamais existé ». Diggant dans les vinyls vietnamiens de ses parents, le beatmaker a été chercher des samples dans la musique traditionnelle, la pop vietnamienne, et même dans des chants révolutionnaires. Le résultat est un son sophistiqué, qui mêle habilement sonorités électroniques et mélopées venues d’ailleurs. A écouter de toute urgence, un disque qui confirme tout le bien qu’on pensait de Nodey.