Dr. Dre passe de » Dre 2001″ à « Compton: a soundtrack », sans passer par la case « Detox ». Un fast forward qui suscite des attentes et place la barre très haut. Alors que la curiosité va être assouvie dans les heures qui viennent, voir Anderson .Paak figurer sur 6 morceaux nous avait déjà rassuré sur le fait que le radar pour artistes prometteurs de Dr. Dre n’est pas en panne. On vous arrange un tête à tête avec un vocaliste de haute voltige, aussi à l’aise dans la soul que sur des beats féroces. Et on parie que vous serez conquis(e)s.
Si le nom d’Anderson .Paak est encore méconnu du grand public, la sortie prochaine de Compton, l’album surprise de Dr Dre devrait remédier à cette injustice. Après avoir fait de son hypothétique projet Detox une arlésienne, le producteur star de la West Coast a pris le monde à revers en annonçant il y’a quelques jours la sortie d’un album que la planète entière attend dès lors avec la bave aux lèvres. Et avec la présence d’Anderson .Paak sur plus d’un quart de l’album, les intentions de Dr Dre ne sont plus un mystère : le truc sera sexy, bébé.
Anderson .Paak, aka Breezy Lovejoy, est l’un de ces surdoués qui gravitent dans la beat scène de L.A. autour de la clique Low End Theory (Flying Lotus, Nocando, Gaslamp Killer, Daddy Kev). Il est notamment en featuring sur le morceau « Green Light » dans l’album de Jonwayne sorti en mai, et on peut retrouver DumbFoundDead ou Watsky dans sa friendlist. Jusque là, rien d’anormal. Alors, quel est le petit plus de ce vocaliste qui fait que la bonne fée Dr Dre daigne se pencher sur son talent ?
Pour aller vite : un groove de dingue, presque identique à celui d’une vague qui carresse la plage. On en fait trop ? Jetez une oreille à son projet Venice, qui saura faire renaître votre libido comme un crépuscule sur une île grecque. Il faut dire qu’en étant autant à l’aise dans le rap que le chant, le mec glisse sur les beats hybrides de DJ Nobody et injecte de la soul au kilo sur les prods de Knxwledge (Stones Throw). Frissons garantis et tétons qui pointent.
Mais réduire Anderson .Paak à la soul élastique de sa voix serait une erreur, il a aussi un talent pour les arrangements : boucles qui se superposent en fines strates, utilisation du vocoder avec subtilité ou soudains changements de rythme quand il met sa formation de batteur au service d’un flow transgenre.
L’homme est entouré par la crème des beatmakers de Los Angeles, et salué par eux pour la cohérence de son travail. Peu étonnant dès lors de voir l’écurie Stones Throw l’adouber. De quoi lui souhaiter un destin similaire à celui de Ben L’Oncle Soul Aloe Blacc, ex-poulain du label de Peanut Butter Wolf qui a fini par voguer vers d’autres horizons plus mainstream ?
Quand il ne nage pas dans un océan de lait et du miel (« Milk n’ Honey ») sur un beat qui explose le thermomètre, il crée tranquillement un funk sensuel digne de Delegation sur « Might be ». « My finger in your mouth girl, bring it closer ». Outch, appelez les pompiers. Et à l’écouter s’acoquiner à Tokimonsta ou délivrer une énergie trap dingue sur le morceau « Drugs » vous comprendrez dès lors que votre sort est scellé. Si vous avez tombé des fringues à l’écoute d’Anderson .Paak, pas de panique. Le booty shake est aussi un effet secondaire associé à l’écoute de sa musique si l’on ne respecte pas les posologies usuelles.
Aussi, la présence du vocaliste sur pas moins de 6 tracks de l’album de Dr. Dre qui en compte 16, est de bonne augure. Sur Twitter, le Californien semblait lui même savourer les jours qui le séparaient de la sortie de l’album de Dre. Et quand on se souvient qu’en bon dénicheur de talent, Dre ouvrit la voie royale à Eminem, Snoop ou encore 50 Cent, on se dit que confier six titres à un artiste en devenir n’est sûrement pas un coup de poker de sa part. Histoire de s’émoustiller nous aussi un peu plus de la sortie de Compton. Merci à lui de jouer les entremetteurs, et d’ici là… just chill to the next episode.