Les 16 tracks qui ont défini 2016

jeudi 22 décembre 2016, par SURL.

2016 a manqué de beaucoup de choses, mais pas de rap. Entre le retour de vétérans en pleine forme et l'éclosion de nouveaux talents très prometteurs, l'année a été aussi prolifique que qualitative. À l'heure de la fin de l'exercice et des inévitables bilans de fin d'année, nous avons choisi de partager avec vous les coups de cœur qui reflètent notre vision du meilleur du millésime écoulé. À la clé, des heures de débats enflammés à la rédaction, des litres de café écoulés, et surtout, un vrai plaisir à se replonger dans cette année musicale excitante. Voici nos 16 tracks qui ont défini cette année 2016.

Cher 2016, tu ne vas pas nous manquer, autant te l’avouer de but en blanc. Je t’imagine au masculin car en me remémorant les derniers 12 mois écoulés, j’ai comme une sensation étrange de m’être fait roué de coups au sortir d’un club à 4h du mat' par un mec encore plus bourré que moi. Un mec bourru et peu causant mais généreux en low kicks et mandales dans la gueule. Le genre de connard qui te laisse au sol le pif en sang, te lâche un laconique "tiens je t’ai confondu avec quelqu’un d’autre" et se barre les mains dans les poches après t’avoir violenté physiquement et psychiquement.

Et pourtant, Dieu sait que tu nous as aussi donné un peu d’espoir mon cher 2016, à commencer par l’incroyable profusion de tracks plus géniaux les uns que les autres que tu nous a fourgué, avec la régularité d’un dealer de crack de Stalingrad. Une pléthore de rimes, de beats fat, de collab', de punchlines, qui font qu’au moment se se retourner sur le chemin parcouru, on se dit "tiens, c’était pas si mal d’avoir vécu ça. J’ai appris sur moi même et je suis bien plus résistant que je pensais".

N’empêche qu’a cause de toi, il nous a fallu débattre des heures sur la pertinence d’abandonner tel ou tel morceau au profit d’un autre, soudoyer nos collègues rédacteurs, fomenter des complots dignes de la présidence russe, user de la menace, pour au final arriver à cette liste idéale des tracks ultimes de 2016. On espère que comme l’année dernière, elle vous donnera aussi envie de tirer des coups de feu en l’air.

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8 – « Réalité Augmentée » –  Nekfeu (prod. Diabi & Hugz Hefner)

Quand on se prend « Réalité Augmentée » dans la gueule, on se pose forcément des questions. Est-ce que je fais partie des personnes décrites dans ce brûlot incendiaire de Nekfeu ? Est-ce que la société dans laquelle je tente de m’épanouir est définitivement foutue ? Est-ce que l’identité que j’essaye désespérément de me construire et de vendre sur les réseaux sociaux est une illusion ? Dans « Réalité Augmenté », Nekfeu ne prend pas de gants pour invectiver cette génération qui ne vit sa vie qu’à travers le prisme d’internet. Des pseudos journalistes du net aux attention whores en mal de likes sur Instagram, tout le monde ne prend pour son grade. Un pamphlet violent et mais néanmoins réaliste, qui a le mérite de nous remettre les pieds sur terre.

> À écouter sur Spotify

7 – « Man » –  Skepta (prod. Skepta)

Ecce Homo, voici l’homme. « Man » est la synthèse de ce qu’est Skepta, du grime épuré. Le ton est assuré, le beat énergique, et le sample de « Regular John » vient faire le liant du son. « Man », c’est la version grime anglaise du QLF. Se questionnant sur la hype, sur le rôle des réseaux sociaux, et sur la célébrité. « I got day ones and I got new ones/ No fake ones, trust no one. » L’Anglais pense à sa famille avant tout, n’hésitant pas à lâcher quelques piques à certains (coucou Dizzee Rascal). Le clip, façon found footage 2.0, nous plonge dans les raves londoniennes où lui et son Better Boy Know s’enjaillent. De Tottenham à New York, en passant par la Nouvelle-Zélande, Skepta continue son évangélisation à base de riddims énervés.

> À écouter sur Spotify

6 – « DKR » –  Booba (prod. Jack Flaag)

Pourquoi « DKR » nous fait l’effet qu’il nous fait ? À la sortie du morceau, on ne savait pas trop quoi en penser. Aujourd’hui, peu importe le contexte dans lequel il est joué, on prend un plaisir fou à chantonner avec Booba dès que sonnent les premières notes de kora. La mélodie de « DKR », dont est en grande partie responsable Sidiki Diabatéla, a quelque chose d’enivrant qui dénote terriblement de ce que l’on a pu entendre cette année, d’où le fait que cela nous ait surpris dans un premier temps. Booba l’accompagne parfaitement en chantant comme il ne l’avait jamais fait jusqu’à présent, et pas seulement grâce à l’autotune. Il nous y livre des couplets où il mêle des mots-clés qui résonnent pour ceux qui connaissent un tant soit peu la culture sénégalaise (« Tyson Gris Bordeaux Bombardier », « génération boul falé », la « dot », pour ne citer qu’eux) à des références évidentes à ce qui le définit en tant que rappeur (« roue-arrièrer des mères », des phases en espagnol, la référence au quartier…). La somme de tout cela est un morceau entraînant, très grand public (en playlist sur France Inter) et afroptimiste qui donne des envies d’ailleurs.

5 – « Black Beatles » –  Rae Sremmurd x Gucci Mane (prod. Mike WiLL Made It)

Dès les premières notes du son, la puissance du hit interplanétaire se fait ressentir. La force de frappe de « Black Beatles » est tellement puissante qu’elle a réussi à immobiliser les stars et les anonymes de la planète entière pour les #MannequinChallenge les plus fous, assurément l’un des phénomènes viraux les plus importants de l’année. Un subtil mélange de douceur chill et de rap jeune qui invite assez volontiers à secouer la tête de haut en bas. Autoproclamés Black Beatles cette année, l’ego des deux jeunes d’Atlanta qui composent Rae Sremmurd semble conforté puisque c’est le boss Gucci Mane qui les accompagne sur une instru comme seul Mike Will Made It sait faire. Récit de fast life, egotrip, fantasmes… Rien de neuf, mais une recette diablement efficace d’autant plus en 2016 maintenant que le public pop a enfin les clefs de lecture nécessaire à l’impression du rap : mi-novembre, « Black Beatles » s’est hissé à la première place des charts en devenant le deuxième morceau rap de 2016, après « Panda » de Desiigner, à réaliser une telle performance. Et non, c’est loin d’être commun.

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