Les 16 tracks qui ont défini 2016

YG a frappé très fort cette année avec Still Brazy, l’un des albums de 2016 pour de multiple raisons. Tu l’as forcément séché tout l’été. « FDT » en est surement le le track le plus emblématique : le morceau, référence à NWA, est devenu l’hymne des anti-trump. Donald Trump finalement élu, que reste-t-il du son ? Le brûlot proposé par YG et Nipsey Hussle est resté vain. Certes, les gens sont allés voter comme ils appelaient à le faire mais l’orange à la mèche blonde a gagné. Il a entre temps nommé tous ses potes milliardaires dans son administration, et fait ami-ami avec Kanye West. L’année 2017 s’annonçant incertaine, elle ne le sera surement pas pour le rap game.

« Really Doe » réussit le pari de réunir quatre pointures ensemble – cinq si l’on considère Black Milk, à la production, comme l’un d’eux – sans que l’énergie global du track ne retombe une seule fois. Une prouesse rare. Chacun maintient la tension au maximum et apporte tour à tour leurs flows de l’espace. Danny Brown ouvre le bal, fidèle à lui même, saccadant ses phrases et les faisant ressembler ses mots en des cris rapides et incontrôlés. Ab-Soul arrive plus grave et percutant, Earl Sweatshirt, comme d’hab, fait durer ses syllabes de façon surréaliste et Kendrick fait le liant avec un refrain qui fait monter la pression. Le tout sur une instru simple, aiguë et clinquante du membre de Random Axe qui installe une atmosphère légèrement flippante et assez dérangée. Un posse cut moderne exemplaire, dans la lignée des « Mercy » de G.O.O.D. Music, « 1 Train » d’ASAP Rocky voire le « Detroit vs. Everybody » d’Eminem ou « The Last Huzzah » de Mr. Muthafuckin’ eXquire. Tiens, Danny Brown figure sur trois d’entre eux. Autant dire que le bonhomme maîtrise l’exercice.

Incontestablement rookie francophone de l’année, Damso a distribué du sale à tire-larigot en 2016. Un morceau a pourtant marqué les esprits plus que les autres. Et pour cause. Dans « Amnésie », le protégé de Booba ouvre les portes de son intimité pour conter à son auditoire une histoire glaçante. Une histoire d’amour tragique, fortement inspirée de faits réels et qui hante les jours du Bruxellois depuis. Le refrain tourmentant d’ »Amnésie » est rehaussé par la voix charismatique de son auteur, un texte sombre et une interprétation sincère. En ouvrant les portes de sa thérapie comme peu, Damso réussit une introspection troublante sans toutefois tomber dans le larmoyant. Hymne d’une époque qui peine à extérioriser ses démons, « Amnésie » appelle à l’acceptation de ses obsessions, ses regrets, ses ruptures pour toute une génération. Si « Amnésie » dérange, son authenticité et sa puissance marquent à tout jamais.

« Walkin’, livin’ legend, man I feel like Kobe. » À l’unanimité ou presque, le meilleur morceau de 2016 est déjà rentré au Hall of Fame, emmené par deux des MVP de l’année Outre-Atlantique. Dans le coin bleu, SchoolBoy Q, un deuxième album poids lourd, des Feats mémorables et des clips toujours esthétiques. En face de l’écolier, dans le coin rouge, le perturbateur de la classe rap, toujours au sommet de la machine à buzz – et surtout à badbuzz à l’approche de Noël – auteur, lui aussi d’un album remarqué et de multiples facéties, le génie Kanye West. La rencontre entre les deux poids-lourds disposait de tous les ingrédients pour décoiffer. Une instru lente et percutante, réalisée par Cardo, Yex, Cubeat et Sunwave, un refrain envoûtant, un couplet plus à l’West que Kanye et un Q ténébreux plus tard, et on obtient le banger de l’année. Résultat, des millions de vues, des milliers de cassages de coups et des centaines de « Ok Ok Ok Ok Ok ». A ceux qu’il faudrait encore convaincre, les lives de « That Part » pendant la tournée du rappeur de TDE devraient suffire. Définitivement dans la légende comme Kobe.