2015. Quelle grande année pour le rap et la musique en général. Puisqu'on en voit bientôt le bout, on a décidé de débriefer cette année folle à l'aide d'une sélection de bilans et d'analyses. La crème de la crème qu'on vous présentera au fil des jours qui nous séparent de janvier, comme un calendrier de l'avent ne contenant que des pépites de l'année passée. Après les 15 dates, punchlines, articles et clips qui ont fait 2015, on s'attaque aux albums. Couvrez-vous bien, ça décoiffe.
A l'issue de la lecture de cet article, il y a de grandes chances pour que vous nous détestiez. Peut être même que vous nous mépriserez. Comment avons nous osé ne pas accorder la première place à cet album dont vous n'avez pas pu vous séparer de l'année ? Est ce qu'on se moque de vous ? Avons-nous des oreilles ? Histoire de minimiser un peu la bouffée d'agressivité gratuite qui explosera chez vous dans approximativement dix minutes, quelques explications s'imposent.
On l'a dit et redit, l'année rap 2015 était belle. Très belle, même. Il était donc déjà difficile d'en extraire les 15 œuvres définitives qui mettent toute la rédaction d'accord. Histoire de corser le challenge, on a choisi de mélanger rap français et rap US. Parce qu'au fond, il s'agit de la même culture, de la même musique. Autant les mettre sur un pied d'égalité. Puis on a classé ces œuvres, dans un jeu de basses manœuvres dont personne n'est sorti indemne. Pourtant, quelque jours après, on a pris du recul et on l'a trouvée belle, cette liste. Alors on vous offre ce classement des 15 albums de 2015 dont nous avons largement abusé. Pas pour que vous puissiez nous aimer, ou nous détester. Plutôt dans l'espoir que vous y trouviez les pépites indiscutables qui, par la beauté de leur réalisation, méritent amplement votre attention. Même en une année riche comme 2015.
3 – « Le Monde Chico » – PNL
« Elevé comme un bandit, papa apprend moi à tuer ». L’introduction d’ »Abonn »é annonce la couleur d’un des projets les plus attendus de l’année. Les deux frères terribles venus d’Essonne ont agité et tué la planète rap avec leur premier projet Que La Famille. Un succès viral qui a créé les attentes d’une fanbase fidèle et demandeuse du rap crapuleux et si authentique de NOS et Ademo. La pression n’est pas redescendue après chacun des clips balancés par le duo de « Le Monde ou Rien » à « J’suis PNL » (), en passant par « Dans ta rue » et « Oh Lala », les rois des onomatopées ont fait voyagé leurs auditeurs tout l’été entre Alicante, Naples, l’Islande et leur fief, Corbeil Essone. PNL, c’est avant tout un style dont Le Monde Chico est l’aboutissement. Un spleen de cité, mélodieux et mélancolique qui balance le spleen des deux rappeurs à travers les punchlines et les figures vocales. Les bégaiements et l’autotune ont ici la puissance d’un porte-voix, censé mettre le projecteur sur la misère d’une jeunesse des quartiers dont l’avenir est bien terne. Le deal, l’argent, le temps et la famille font le cœur d’un projet parsemé d’auto-références et chanté dans un argot à décrypter. Bégaiements et autotune pour mieux pousser la chansonnette. L’album est efficace et restera avec son petit frère comme deux classique d’une nouvelle façon de faire du rap. Plus authentiques que jamais, le rap de NOS et Ademo nous ont emmené en balade toute l’année 2015. On attend déjà 2016 pour savoir jusqu’où ils peuvent encore nous transporter.
2 – « Summertime ’06 » – Vince Staples
C’est grand ce que Vince Staples a délivré avec Summertime ’06. Un album en deux parties qui se déploie comme un compte moderne. Vince Staples, en parlant de son passé de membre de gang sans fausse pudeur, avec la violence que cela représente au sens sociétal comme individuel, est l’anti-héros dont l’Amérique avait besoin cette année. Il livre une histoire de rédemption qui implique une introspection d’une sincérité radicale : une rédemption trouvée en regardant avec honnêteté ce qu’il y a de pire en lui. La force de cet album est de donner un ton personnel à des problèmes de société : si l’Amérique Noire est un mur, le talent narratif de Vince Staples est une collection de polaroïds de 2006 punaisés dessus. Musicalement, la forme vient comme le marteau qui enfonce le clou. Un univers sonore cohérent composé de rappels d’un morceau à l’autre qui créent un décor anxiogène pour les instantanés qui capturent l’été en enfer que décrit Vince Staples. Pas mal pour un mec qui déclare ne pas vouloir passer sa vie dans un studio.
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1 – « QLF » – PNL
Une toile blanche. Sur celle-ci, un coeur généreux, à vif. Au centre, une photo, des visages étrangers et trois lettres : QLF. L’ensemble est un monde, lointain de prime abord puis terriblement proche, omniprésent. Un monde qui bat de plus en plus fort et dont les pulsations restent en tête, tout le temps. À chaque claquement d’aorte, un nouveau pincement derrière la nuque, un nouvel hochement de crâne. Comment s’est-on retrouvé dans ce monde ? À quel moment a-t-il pris le pas sur tout le reste ? Nous parlons désormais au pluriel parce que nombreux sont ceux qui, comme nous, en sont désormais dépendant. Chacun a une histoire différente, personne ne s’est retrouvé là en ouvrant la même porte. Certains citent « Mowgli » ou « Je vis je visser » et d’autres, comme nous, évoquent « J’comprends pas ». Un point commun néanmoins: l’addiction. Et la conviction qu’il y aura un avant et un après.
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