2015. Quelle grande année pour le rap et la musique en général. Puisqu'on en voit bientôt le bout, on a décidé de débriefer cette année folle à l'aide d'une sélection de bilans et d'analyses. La crème de la crème qu'on vous présentera au fil des jours qui nous séparent de janvier, comme un calendrier de l'avent ne contenant que des pépites de l'année passée. Après les 15 dates et les 15 punchlines, on vous offre de la lecture avec les 15 articles de 2015 - hors SURL - qui donnent envie d'en avoir une version papier.
Le nombre de médias qui parlent de rap est désormais impressionnant. Fini le temps des cassettes usées jusqu'à la corde et des fanzines échangés sous le manteau. On a maintenant la chance de pouvoir se cultiver à moindre frais sur tout et n'importe quoi, de cet obscur rappeur du Texas qui nous obsède aux frasques vestimentaires de PNL. L'inconvénient est qu'on finit par s'y perdre. Et que sous la profusion des noms de domaine se cachent des pépites que nous ne lirons jamais.
Pour vous aider à faire le tri, on a décidé de regrouper les 15 meilleurs articles lus par la rédaction en 2015. Et comme on a aussi choisi de jouer collectif, il n'y a aucun article SURL dans cette liste. Que des papiers de confrères qui nous ont soufflés ou étonnés par leur contenu et leur ton. Il y a du français, il y a de l'anglais. Des interviews de vétérans, des portraits fleuves, des essais et des éditos. Bref, il y en a pour tous les goûts. Une sorte de collection d'articles que l'on aurait bien envie d'envoyer sous presse pour créer le magazine définitif de l'année rap 2015. Alléchant, non ?
« Dee Nasty, Down With The King » – Down With This
Les compères de Down With This font du beau boulot depuis près de 20 ans. Ils sont retournés voir notre papa à tou(te)s, Dee Nasty. Il revient sur son parcours, ses problèmes d’addiction, et sur l’époque folle du terrain vague de la Chapelle à Paris, qui coïncide avec l’arrivée du hip-hop en France dans les années 80. « On passait tout par dessus le mur : électrogène, ampli, enceintes 150 watts et mes deux platines Technics que je venais juste d’acheter. » Si jamais tu te plains que ta tablette qu’on t’a offert à Noël n’est pas pratique à transporter. Passionnant.
« Lil Wayne is lost in the wilderness » – Tom Breihan, Stereogum
Pour être honnêtes, on aurait pu glisser ici n’importe quel article écrit par Tom Breihan dans sa colonne hebdomadaire “Status Ain’t Hood”. L’auteur américain y relève chaque semaine le défi de parler rap sur un site dédié à la culture pop/rock indépendante. Sous son air de ne pas y toucher, il cache une culture qui force le respect et une compréhension toujours saisissante de la scène rap. Dans ses papiers qui ressemblent à des éditos, il s’amuse à commenter toutes sortes de situations. C’est aussi fun à lire que ça doit l’être à écrire. Ici, il décrit la honte d’avoir laissé Lil Wayne sombrer dans la nature alors que toute la nouvelle génération a appris à manier le flow en écoutant Weezy. Allez Birdman… T’as bien laissé le skater en herbe sortir Rebirth. The Carter V est-il vraiment si mauvais que ça ?
« GUILTY CONSCIENCE: WHY I CAN’T BLAST HIP-HOP WITH THE WINDOWS DOWN ANYMORE » – Hershal Pandya, Pigeons And Planes
En plus d’être d’incroyables prescripteurs et dénicheurs de nouveaux talents, les gens de chez Pigeons & Planes se lancent parfois dans des essais, souvent drôles, toujours séduisants. Le rédacteur raconte ici ce moment gênant où en écoute à plein volume de « NaNa » de Chance toutes vitres ouvertes, il s’arrête à un feu. Trois personnes le regardent, dont une mère avec un bambin. Résonnent alors les mots d’Action Bronson : « Suck my mutherfucking dick, it’s the young randy velarde. Queens baby. Blow me. » Hum hum. Honte de contribuer à véhiculer les stéréotypes les plus basiques sur le rap, gêne devant la tournure que prennent ces lyrics en l’absence de contexte – en l’occurrence, le personnage d’Action Bronson. Un témoignage touchant qui ne manque pas de second degré.