« Me and my crew toured around the world shook a million hands / I never made the crowd fans I made them all fam« .
Avec une première tournée mondiale intitulée « I Am Finally Famous World Tour », Big Sean a bien eu l’occasion de joindre les paroles aux actes. L’unique date française programmée samedi soir en a servi de démonstration. S’il a pu profiter de son weekend parisien pour découvrir les joies de la capitale, le jeune MC a également répondu présent sur scène devant le public de la Maroquinerie, massé en nombre pour l’occasion, et ce malgré l’annonce tardive du concert. La petite salle en forme d’amphithéâtre se prêtait parfaitement à un jugement façon « arènes romaines ». Par chance, le jeune MC n’a pas eu affaire à une flopée de puristes exigeants. La foule composée principalement de jeunes adultes était en effet déjà conquise avant même le début du spectacle.
Auteur de quelques phases a capella quelques secondes après l’entrée sur scène, Big Sean n’a pas manqué de démontrer que derrière les gimmicks et les roulages de mécaniques, se cache un vrai bon rappeur. En plus des nombreuses punchlines dont regorge son album, il a pu faire remarquer une certaine aisance mic en main avec des changements de rythme de flow savoureux. Outre ces quelques performances techniques, le bondissant MC de Detroit a surtout su insuffler une énergie de tous les instants en se déchaînant sur la quasi-totalité des morceaux. Bien suivi par un public vraisemblablement connaisseur, Sean a mis le feu sur « I do It », »Dance » ou encore sur le fameux single « Marvin & Chardonnay ». Autant de titres se prêtant parfaitement à la scène. En n’hésitant pas non plus à piocher dans ses mixtapes, tout en interprétant quelques nouveautés, le protégé de Kanye West a également su éviter le piège de la « première tournée » qui amène parfois un jeune artiste à se focaliser uniquement sur son premier et seul album. Au point de servir un show totalement attendu. Grand bien lui en a pris, même si paradoxalement, d’aucuns pourraient lui reprocher de ne pas avoir interprété tous les titres de Finally Famous. L’ambiance mélancolique et tamisée mise en place sur « Memories » aurait par exemple mérité quelques prolongations. Pas de trace non plus des morceaux estampillés soulful de l’album tels que « Wait for Me » ou »So Much More ».
Tantôt perfomer, tantôt lover (malgré un public largement masculin…), le jeune rappeur a assuré quasiment tout seul le spectacle, la présence de The Dream pour « Live this Life » s’étant avérée beaucoup trop discrète. Malgré une gratitude de tous les instants envers ses fans, Big Sean aurait tout de même pu leur offrir un peu plus que la petite heure conventionnelle de spectacle. Une courte durée à mettre sur le compte de l’intensité du show, pour les plus indulgents. Les plus suspicieux parieront eux sur la volonté du rappeur d’en finir au plus vite. Il est vrai que le rappel s’est notamment avéré bien décevant. Revenu à toute allure en freestylant sur « All of the Lights », le MC de Detroit s’en est allé presque aussi vite entrainant un brin de perplexité au sein de l’auditoire. Sans avoir fait mentir ses propres pronostics, le jeune artiste de 23 ans détient tout de même une belle marge de progression sur scène. Pour l’instant heureux de se tenir aux côtés de Jay-Z, Kanye ou encore Common (« Man, I’m chillin’ wit’ Jays, ‘Ye’s, and Common Senses / It’s crazy when legends are peers and your competition« ), Big Sean a toutes les cartes en main pour atteindre le niveau de ses mentors. Afin que « Finally Famous » se transforme en « Finally On Top »…