Kid Cudi, Drake, maintenant Big Sean. Chaque année, un rappeur ambitieux se prépare à conquérir le monde de la hype, soutenu par un label mainstream. Pas complètement par hasard. 2005. Un jeune artiste de Detroit croise Kanye West dans les couloirs d’une radio locale et l’invite à écouter un freestyle. Absolument pas intéressé, ce bon prince de Yeezy accorde tout de même 16 bars à cet anonyme, histoire de ne pas le froisser. 2 ans plus tard, Sean Anderson signe sur G.O.O.D. Music. Oui, la trajectoire de Big Sean correspond au fantasme de tout MC en devenir. Après avoir passé avec brio tous ses tests blancs – mixtapes, featurings, clips à gogo -, Big Sean fait face à son examen final, Finally Famous – The Album. Un essai leaké un peu tôt sur les Internets, donc généreusement posté en streaming sur soundcloud par son auteur. Admis avec mention ou recalé ?
Chaperonné par Kanye, Big Sean détient presque les pleins pouvoirs musicaux et a donc révisé avec les meilleurs professeurs. Des invités de grande classe, la crème des producteurs US, dont une majorité de tracks produits par le Docteur-ès Hits, No ID. Pas étonnant donc de rester pantois à l’écoute de plusieurs morceaux, du luxe pour tes tympans. Rarement aussi impliqué dans un même album, No ID réussi à faire oublier l’absence de « prod. by Kanye West » sur les crédits de l’album. « What Goes Around » et son refrain catchy, le Lupe-sque « Don’t Wait for me», ou l’envoûtant « So Much More». Des ambiances soulful, typiques du beatmaker de Chicago, même s’il s’éloigne de ses classiques pour le single rose-bonbon « My Last». Immédiatement démasqués sur « Get It», les Neptunes n’innovent pas vraiment, un peu comme la même citation qu’on ressort à chaque dissert’ de philo parce qu’on en connaît pas d’autre. Par contre, le tandem Pop Wansel / Mike Dean remporte la palme du banger de l’album sur l’égotrip chill « Marvin Gaye & Chardonnay». Il va tourner en soirée pour rapatrier les filles au domicile, celui-là.
S’il peut donner l’impression d’être insouciant, Big Sean ne manque pas de confiance en lui-même, ni d’orgueil. Si le titre et la cover ne vous suffisait pas, le provoc’ « I Do It » n’est pas placé en début d’album par erreur. L’artiste assume et délivre des couplets à la hauteur des nombreux guests présents : Chris Brown, Lupe, Pusha T, Rozay, Wiz Khalifa, John Legend, The Dream, Dwele, … Personne ne manque à l’appel. Sean a fait ses devoirs sérieusement, mais n’a peut être pas cherché à aller plus loin, restant globalement dans des thèmes assez convenus et pas très risqués. Il m’a quand même un peu surpris sur le hot « Dance».
Talentueux et hyper bien entouré, Big Sean a rendu une copie plus qu’honorable. Mention acquise sans problème, peut-être pas les félicitations du jury car il lui reste de la marge pour atteindre le niveau de certains de ses camarades de label. Mais, du haut de ses 23 ans, Big Sean joue déjà dans la cour des grands.