2015. Quelle grande année pour le rap et la musique en général. Puisqu'on en voit bientôt le bout, on a décidé de débriefer cette année folle à l'aide d'une sélection de bilans et d'analyses. La crème de la crème qu'on vous présentera au fil des jours qui nous séparent de janvier, comme un calendrier de l'avent ne contenant que des pépites de l'année passée. Avant de baisser le rideau sur notre sélection d'articles de fin d'année, et suite aux 16 choses qu'on aimerait voir l'année prochaine, on laisse le bouton Fast Forward enclenché pour vous présenter les 16 visages qu'on attend en 2016.
Si 2015 était riche, cela s'est parfois fait au détriment des artistes émergents, peinant à se faire une place dans les bacs au milieu des poids lourds. Avec la profusion de grands noms qui ont sorti un projet cette année, on était presque contents de ne pas être à leur place. Comment capter l'attention des gens lorsqu'on était rookie en 2015 ? Comment se faire une place sur les étalages entre deux albums de Booba, cinq projets de Future et une profusion de projets de qualité ?
Il semblerait pourtant que certains aient trouvé la réponse - ou le chemin des filets. Le plus souvent, cela s'est fait en proposant des œuvres personnelles, distinctes du bruit de fond ambiant. Une musique sans concession vis à vis de ce que l'artiste souhaite exprimer. C'est ainsi que l'on a vu apparaître quelques visages, déjà connus pour certains, qui nous ont fait espérer de belles choses pour 2016. Voici donc notre liste de rookies et nouveaux venus, pour une sorte de sélection des SURL Freshmen de l'année. Si on ne devait miser que 16 pièces pour l'année à venir, on le ferait sans hésiter sur ces hommes et femmes, francophones ou anglophones. L'investissement est solide, la musique de qualité. Dépêchez-vous, l'affaire paraît tellement rentable que le MEDEF est déjà dessus.
Hyacinthe, Paris
Dans la mythologie grecque, Hyacinthe est un jeune homme d’une grande beauté, aimé d’Apollon et de Zéphyr. Peu étonnant que son homologue rappeur nous parle d’amour avec une sincérité rarement vue en France. Pour autant, ne classez pas Hyahya dans la catégorie jeune premier. Le sparring partner de L.O.A.S. a tout de l’anti Nekfeu. Capable de kicker des punchlines crades ( » J’veux devenir célèbre pour me faire tatouer » Vu à la Télé » sur la bite ») où la haine de soi côtoie un égo trip fier à bras, Hyacinthe reste toujours sur le fil du rasoir. En faisant de son dernier projet SLRA2 : Mémoire de mes putains tristes un numéro d’équilibriste plus que réussi, le parisien nous laisse dans un suspense intenable. On attend de le voir enfoncer le clou du spectacle en 2016.
Barney Artist, Londres
En pleine recrudescence de la scène UK, on ne pouvait pas omettre les MCs d’Outre-Manche de notre sélection. Barney Artist ne fait pas partie de cette génération sauvage du Grime, entrainée par les têtes d’affiche Skepta et Stormzy. Ses livraisons tirent plutôt vers le boom bap réflexif de New-York. On y trouve pourtant au coin d’une rime cette énergie freestyle typique des MC du Grime. Après un excellent EP Bespoke sorti en fin d’année dernière, le rappeur londonien n’a fait que quelques apparitions discrètes mais remarquées en 2015. On l’a vu par exemple vu s’aventurer vers des terres plus sauvages sur « Breath Into Me« . Si bien qu’il a su susciter une vraie attente quant à la suite. En 2016, il a le potentiel pour montrer que la scène UK, ce n’est pas que le Grime, et que la Grande-Bretagne a quelques pions à placer sur l’échiquier du rap jeu.
Smino, St. Louis
Smino. Attention à ce blaze. Récemment évadé de sa ville natale, où un certain Miles Davis fait encore des émules, c’est à Chicago qu’il s’est importé lentement avec « Smellin Like A Re Up » comme carte de visite. Patiemment le buzz monte, et il se relâche pour adopter une attitude #ZeroFatigue (le nom de son crew), sorte de mantra qu’il applique sans cesse dans son travail. L’année 2015 est une année pleine pour lui, puisqu’avec son beatmaker attitré Monte Booker il n’a pas arrêté. Déjà comparé à Chance The Rapper, il a d’ailleurs enregistré son court EP S!CK S!CK S!CK dans le même studio qu’Acid Rap. Et comme dernière pépite de cette année il a lâché un projet BlkJptr plus facile à écrire qu’a prononcer. C’est simple : on peut vous conseiller d’écouter à peu près n’importe quoi sur sa page Soundcloud. Pour l’instant, Smino a visé juste à chaque fois.
Ivan Ave, Oslo
Ivan Ave ramène une science du groove avec une chaleur inversement proportionnelle aux températures de sa ville natale. Depuis 2012, le MC blondinet délivre un rap aux fausses allures classiques. Pas une raison pour lui coller une étiquette vintage-craquementsdevinyles-c’étaitmieuxavant, l’homme est bien plus malin que ça. Puisque la nostalgie c’est se souvenir de ce qui a toujours été là, Ivan Ave s’acoquine avec les meilleurs beatmakers pour moderniser son boom bap et le rendre plus pertinent et actuel que jamais. Résultat : ses vinyles en tirage limité font toujours sold out en moins de temps qu’il n’en faut à une zoulette pour éclater sa limite de découvert à Pimkie un jour de soldes. Son récent projet Low Jams avec le beatmaker Mndsgn est signé chez le label übercool Jakarta Records et devrait finir de vous convaincre.