« Je n’ai pas besoin d’être vulgaire, la vie le fait déjà… » Une fois de plus dans « Delirium Tremens », Brav montre qu’il sait y faire avec un sens de la formule, un art de l’ellipse qui pousse souvent l’auditeur à s’interroger. Une tendance qu’on retrouve dans la mise en images de sa musique, cette fois assurée par Inoussa. Il y a quelques mois, on avait discuté avec lui de cette importance de l’image et de la manière de l’utiliser: une façon pour lui de prolonger ses textes, de les mettre en abîme. Depuis son premier album Sous-France sorti début 2015, et cette année avec Error 404, il développe avec constance des clips scénarisés et percutants.
Brav a un goût prononcé pour les dédoublements de personnalité, façonnant un univers qui doit beaucoup à Chuck Palahniuk et à son personnage phare, Tyler Durden. Et déjà dans son premier album il le rappait : « Je le sais parce que Tyler le sait. » Cet alter ego semble permettre au havrais de jouer avec ses contradictions et avec celles qu’il trouve dans l’art qu’il pratique. Dans cet état de « Delirium Tremens », Brav rappe qu’il « n’écoute plus de rap parce qu’il a peur du vide ». De là à se laisser troller par un pantin qui roule dans une Mercedes V8 ? Comme ses textes à tiroirs, l’univers visuel du havrais laisse libre cours à l’interprétation, et c’est peut-être en ça qu’il est particulièrement stimulant.