California Dream, où le récit des aventures d’un rédacteur SURLien au pays des non-maigres. Toujours en quête de concepts intéressants à partager, on a pensé qu’il pourrait être appréciable de suivre le quotidien et les expériences d’un de nos rédacteurs parti s’exiler à la frontière américano-mexicaine. Entre choc culturel, découvertes musicales ou seulement anecdotes de vie, suivez l’évolution d’un étudiant français au pays de l’oncle Sam.
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Non non, je ne suis pas rentré. Non non, mon voyage n’a pas soudainement perdu tout le côté intéressant qu’il avait jusque là. Mais sur SURL on ne cesse d’évoluer et de remettre à jour nos engagements, notre site, ou encore notre ligne éditoriale – plus d’infos dans les jours à venir. J’étais donc pas mal occupé, même à distance.
C’est donc avec un recul certain que je peux désormais raconter la parenthèse californienne de ma vie, et vous faire partager à vous lecteurs de SURL ma petite vision de la vie universitaire américaine.
Je me souviens vous avoir parlé du concept du Party Bus dans un chapitre précédent, mais je ne vous avais pas précisément décris le contexte dans lequel j’en avais fait l’expérience… Attention, vidéos et images à l’appui.
San Diego est la deuxième plus grande ville de Californie par son nombre d’habitant, c’est donc tout à fait normal que les grandes boîtes de la ville accueillent chaque weekend tête d’affiche après tête d’affiche, et que l’on se jette naturellement sur les évènements qui s’annoncent mémorables. Lorsqu’un ami m’a proposé d’aller voir Steve Aoki en concert dans une boîte du centre ville, imaginant déjà le frisson qui risquait de me traverser lors de l’écoute live d’un Warp 1.9, j’ai tout de suite accepté. Mais à force d’en parler autour de nous, les amateurs se sont faits de plus en plus nombreux, et c’est ainsi que nous avons rapidement décidé d’organiser les choses proprement pour que tout le monde passe une soirée inoubliable. Plus de 50 tickets achetés (et 1200 dollars avancés) plus tard, tous vendus en l’espace de quelques jours, c’est un régiment d’étudiants internationaux que nous amenions voir l’un des DJs les plus dingues de Californie.
Une fois devant la boîte, nous avons le plaisir de passer devant l’énorme file d’attente pour faciliter la vie des videurs et distribuer les tickets à notre bataillon. Bien sûr, je distribue le dernier ticket avant de vouloir à mon tour rentrer dans le club en fin de peloton, et au moment où je m’apprête à sortir ma carte d’identité absolument nécessaire à toute sortie nocturne américaine, je me rend compte que je ne l’ai pas sur moi. Ô miséricorde. Que faire ? Tenter le coup de l’excuse et montrer ma barbe pour prouver mon âge relativement avancé ? Ou la jouer étranger orgueilleux qui ne voit pas où est le problème ?
Deuxième solution. Je montre ma carte d’étudiant (pas de date de naissance dessus, bien entendu).
-« Sir, that won’t be possible. I need a ID. »
– (Prenant un air surpris/effronté) « What? Are you serious?! »
-« Absolutely Sir. »
-« You’re telling me that I organized this whole thing and that I cannot even enter the place?! I ORGANIZED THIS THING! I’m from France, and in my country a student ID is enough! (…) »
…
…
-« Ok, go in. »
VICTORY. Qui m’a un jour dit que j’étais un mauvais bluffeur au Hold’Em ?
Une fois entré, l’ambiance est déjà folle grâce à un jeune DJ qui semble savoir vraiment s’y prendre. Impressionné, je me melle à la foule et commence à être excité par la qualité de la première partie. Le chauffeur de salle en question se prénomme DJ JLouis (de son vrai nom Jacob Landman).
Petite pause dans le récit.
Un mois après cet évènement, en allant à une fête organisé par la fac, je retrouve à ma plus grande surprise ce même DJ et cette même ambiance. Je me dis alors que le bonhomme doit être assez accessible s’il vient sur les campus, et décide donc d’aller lui dire un mot ou deux. Trois coups de téléphone plus tard, une interview est complétée. Et c’est ainsi que je vous propose aujourd’hui d’en apprendre d’avantage sur la vie d’un DJ Californien, et surtout sur un bonhomme bourrée de talent. C’est ça aussi SURL, on aime vous donner de l’originalité.
– Pour commencer simplement, comment as-tu fini derrière des platines ?
C’est presque ridicule. Lorsque ma mère organisait des soirées chez moi et que j’étais gosse, étant donné que mes talents culinaires ne me permettaient pas d’apporter mon aide derrière les fourneaux je devais simplement choisir des sons avec mon frère pour satisfaire les envies festives de ses invités… Naturellement mon frère et moi avions toujours un son meilleur que celui de l’autre, et c’est ainsi qu’un jour nous avons tous deux décidé de nous essayer sur des logiciels gratuits. Mais c’est rapidement devenu une addiction, et on a fini par acheter nos propres platines pour apprendre sur le tas.
– Ca fait quoi d’être un DJ aux Etats-Unis ? En Californie ? Penses-tu que c’est plus facile qu’en Europe ?
Je crois que c’est simplement différent. J’ai jamais mixé en Europe, mais j’ai des amis qui l’ont fait. Apparemment la plus grosse différence sont les clubs en eux-mêmes. Pas seulement au niveau des horaires, mais surtout au niveau de la « vibe » en soit. Ca affecte vachement la manière dont tu joues pour ton public. Mais les tendances musicales sont globalement les mêmes, malgré la grandeur du Pacifique.
– Tu as ouvert pour Steve Aoki il y a quelques mois, qu’est-ce que ça t’a fait ? Tu as déjà ouvert pour d’autres grands noms ?
Steve était vraiment un mec sympa, et c’est toujours bon à prendre de rencontrer des « grands noms » de l’industrie. Après, ils sont vraiment comme tout le monde. C’est juste leur boulot, un peu comme le mec qui bosse dans la supérette du coin. Sauf que l’un à la chance d’être écouté et respecté par des millions de personnes.
– Que penses-tu de la vie universitaire à San Diego ? Les étudiants doivent être un public facile ?
L’université était une expérience intéressante. Je n’ai pas vraiment apprécié pleinement l’aspect « fun » de la fac avant les derniers mois de ma dernière année, pour différentes raisons. En vérité, je me sens plus proche de cette vie là maintenant que lorsque j’étais étudiant. Tous les weekends je suis à une fête différente ou dans les clubs de San Diego, et je travaille pour les trois campus majeurs de la ville(UCSD, SDU, SDSU), du coup je change pas mal. C’est vraiment sympa de mixer pour les étudiants, même s’il y a des différences énormes entre les différentes écoles. Il faut par exemple une éternité (et beaucoup d’alcool) pour que les étudiants de UCSD (fac publique, fac réputée) se mettent en « party mode », alors que les fêtes les plus tarées que j’ai connu étaient systématiquement et ironiquement dans les face privées (SDU). Et je ne parle pas des face comme SDSU qui sont réputées pour cela (ndlr, SDSU est le troisième « party collège » des USA…), ces gens sont juste dingues.
– Comment décrirais-tu ta manière de mixer ?
Je sais ce que je veux mais je n’y suis pas encore. Je veux être créatif, mais en attendant je me contente d’être « smooth » et « up tempo » pour ne pas faire n’importe quoi. J’aime jouer et mixer des trucs qui font bouger les gens. Je ne sais pas faire dans la demi-mesure, j’ai envie que les gens deviennent dingues.
– Ton dernier boulot ? Ton prochain gros trucs ?
Je bosse sur un nouveau mix, comme tout le monde je pense. Après celui là, je bosserai sur un nouveau. Et ainsi de suite. Je bosse beaucoup sur le mashup en ce moment, et c’est vraiment terrible d’entendre nos remixs en soirée ou en boîte. Quand quelqu’un te dit qu’il a entendu ton boulot, c’est toujours gratifiant, notamment quand ça vient d’un autre DJ. Quand à mon avenir proche, je suis sur le point de me faire embaucher par une grosse, grosse boîte de la ville. Et c’est vraiment ce qu’il y a de mieux pour progresser.
– Où peut-on entendre tes pros/mixs ?
Sur mon Soundcloud : http://soundcloud.com/dj-jlouis
Les deux frères Landman.
En espérant que vous ayez apprécié. Brève reprise du récit.
Vers minuit, la boîte est bondée, les gens sont collés les uns aux autres, et l’ambiance est complètement folle. Pourtant, Aoki n’a pas encore pointé le bout de son nez. Alors je vous laisse juste imaginer l’explosion au moment il prend son micro pour crier « SAN DIIIIIIIEEEGGOOOOO!! ». Indescriptible. Et il enchaine, entre Warp 7.7, son fabuleux remix de la chanson du Roi Lion, ou encore sa délicieuse version du Pursuit Of Happiness de Kid Cudi. Et il ne se contente pas de rester derrière ses platines : il crie, chante, prend des bains de foules, saute, et arrive à mettre en transe la totalité des spectateurs ébahis devant une telle prestation. Assurément le meilleur concert de ma vie. Et pour ce qu’il en est de Warp 1.9, il s’est gentiment amusé à mettre le tic tac de l’horloge en bruit de fond de nombre de sons qu’il passait, uniquement pour faire monter notre attente. Autant dire qu’une fois le premier breakdown arrivé, l’orgasme était commun.
Bien sûr, ce n’est pas facile de prendre des photos correctes dans ce genre d’évènement, mais la vidéo qui suit est tout simplement fabuleuse, tellement celui qui a eu le bon réflexe de sortir son appareil à ce moment là n’en revenait même pas lui-même d’avoir été aussi chanceux. Si vous voulez gouter à l’ambiance présente ce soir là, je vous conseille fortement de la lancer. En fin de compte, je vous y oblige.
En sortant du concert, pour finalement rentrer sur le campus en Party Bus (voilà !), histoire de prolonger cette soirée/nuit mémorable pendant les 45 minutes qui nous séparaient de nos appartements, un ami remarque une petite foule qui se précipite sur un mec au coin d’une rue. Ni une ni deux, on chope l’appareil, repère des cheveux longs et des yeux bridés, puis je lance un « Steve! I’m from France! Let’s take a picture! ». BAM.