Bruce Davidson a fréquenté les établissements les plus prestigieux, a reçu les prix les plus enviés. Pourtant, le natif de Chicago est toujours resté le même, de chaque côté de son objectif : simple et honnête. Vainqueur de la Kodak National High School Competition à 16 ans, il a ensuite étudié avec succès à l’université de Yale. Sa thèse, qui s’infiltrait dans les coulisses d’une équipe de football américain, sera publiée dans le célèbre magazine Life. Engagé par l’agence Magnum après un crochet à Paris, la carrière de Davidson va basculer dans le courant de l’année 1961.
«Le premier bus de la liberté a été incendié en Alabama et tous les militants ont été battus [par les Blancs] et arrêtés. Il n’y a alors ni presse ni police»
La lutte contre la ségrégation explose dans le Sud du pays. Bouleversé par cette expérience, Davidson va accompagner le mouvement pour les droits civiques, dévoilant à travers son appareil une nouvelle face de l’Amérique, une nouvelle jeunesse.
De l’Alabama à Harlem, Bruce Davidson a suivi le même fil conducteur. Il a photographié des anonymes, des célébrités, leur vie quotidienne (la campagne « Subway »), leur misère, leur solidarité. Ses aventures dans East Harlem entre 1966 et 1968 accoucheront d’un livre référence, intitulé East 100th Street et considéré comme une véritable Bible. Un seul mot peut réellement caractériser son oeuvre : dignité.
«Je me souviens du tout premier jour de mon arrivée dans le quartier. J’étais tout seul […] Et alors, une femme est venue vers moi. Elle m’a demandé, « Qu’est ce que vous faites là, chéri ? ». J’ai répondu : « ben je photographie le ghetto ». Alors elle m’a dit, « Oh crois-moi, chéri, ce que tu appelles le ghetto, moi je l’appelle ma maison »… Et ça, ça m’est toujours resté».
Source : rfi