[Chronique] Booba – Lunatic

dimanche 28 novembre 2010, par Joackim Le Goff.


A
près toutes ces années à maltraiter le rap game, on aurait pu le penser calmé, assagit. Il pourrait s’en battre les couilles sur son yacht ancré à Miami. Raté. Faut croire que Booba avait encore un message à faire passer auprès de la société, de ses détracteurs. Non, Lunatic n’est pas un album rigolo. Le Virgin Megastore des Champs peut en témoigner.

Le duc de Boulbi met les points sur les IZI d’entrée : il est là pour déchaîner les Enfers. Délits, crimes, femmes, argent, égotrip. Pas de doutes, Lunatic n’inscrit dans la ligne éditoriale de 0.9. Et faut avouer que c’est bien dans ce registre qu’il est inégalable. Booba, c’est avant tout du style et du charisme au micro. Ce nouvel album propose forcément un nombre conséquent de punchlines bien senties. Le féroce « Jour de Paye» enchaîne à lui seul plus de phases choquantes que tous les sons sortis en 2010 réunis. Sans parler du bien-nommé « Boss du rap game », qui assène le meilleur refrain dirty depuis un bon moment. L’original « Jimmy deux fois » déboîte et permet de vérifier les capacités techniques de B2O, qui rappe avec fluidité et se joue du tempo péper. Au passage, certains en prennent sérieusement pour leur grade, que ce soit Fred de Skyrock dans le viscéral « Abracadabra », ou les habitués Matt Pokora, Diam’s et Sinik dans « 45 scientific ».
Mention également à Mehdi Thérapy, qui s’est occupé de la majeur partie des instrus. L’ensemble pêche parfois par manque de diversité, mais c’est efficace. Le jeune producteur S2Keyz empoche surtout le pactole avec le beat du récent single « Paradis », une vraie réussite.

Bien entendu, Lunatic n’est pas exempt de reproches. Beaucoup ont critiqué l’utilisation abusive de l’auto-tune et j’abonde assez dans leur sens. Parfois ça rend bien (« Ma Couleur »), parfois beaucoup moins (« Comme une étoile », le refrain de « Killer » qui ressemble à du Drake). Une vraie chanteuse aurait pu ajouter une teinte particulière sur certains refrains. Surtout que les guests, particulièrement US, n’apparaissent pas sous leur meilleur jour. La prestation d’Akon est tristement banale, tandis que T-Pain plagie et massacre sans pitié le refrain « Wavin Flag » de K’naan. Dur. Heureusement que Ryan Leslie est égal à lui-même : le très attendu « Fast Life » ne déçoit pas, surtout B20 surprend par son efficacité sur un beat plus éloigné de ses sonorités habituelles.

Même s’il fait de la musique pour lui et non pour les autres, Booba ne s’est pas foutu de son public avec Lunatic. 18 morceaux sans interlude, c’est presque trop vu que quelques sons ont du mal à tenir la comparaison avec le reste. Comme 0.9, la première écoute m’a laissé sceptique. Comme 0.9, les suivantes m’ont rassuré. Comme 0.9, c’est obscur, violent et sans pitié. Comme 0.9, c’est de la pure.


« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vici vici »

Article recommandés

Be Ready : l’album « Bandana » de Freddie Gibbs et Madlib sera l’album de l’année
On dit souvent que les ventes ne reflètent pas la qualité générale d’un album. Ou d’un artiste. En ce qui concerne Cocaine Pinãta, première collaboration long format entre le rappeur…
Paula Abu, ce que Londres a de mieux en réserve.
My name is Paula Abu and I’m a 20 year old self-taught photographer born in Nigeria and raised in South London. I grew up loving everything to do with films…

les plus populaires