En ce mardi 8 mars, date de sortie de Lasers, le nouvel album de Lupe Fiasco, j’avais prévu de me rendre à la Fnac pour dépenser quelques euros utilement. Pour tout vous avouer, j’ai failli à ma tâche en me procurant l’album de manière peu scrupuleuse.
Porté par le syndrôme « Detox« , « Lasers » a mis le temps. Annoncé pour 2010, le projet vient tout juste d’aboutir. La faute à une énorme pression mise sur le rappeur par sa maison de disque Atlantic Records. Après les succès retentissants de ses deux derniers albums « Food & Liquor » et « The Cool« , les fans attendaient « Lasers » de pied ferme.
Après la première écoute, on sent que Lupe Fiasco a perdu la maîtrise de son projet.
Malheureusement, on a jamais vraiment pu se réjouir autour de ce projet. Les sorties successives de « The Show Goes On » et « Words I Never Say » – en featuring avec la très décriée Skylar Grey -, déçoivent. On comprend très vite que cet album ne sera pas épicé mais revu à la sauce d’Atlantic. Intuition appuyée par le rappeur lui même qui déclare « détester cet album ».
Après la première écoute, on sent que Lupe Fiasco a perdu la maîtrise de son projet. La maison de disque a visiblement imposé ses morceaux au rappeur, et c’est vraiment l’impression que j’ai eu. Des exemples ? Les morceaux « Break The Chain » en featuring avec Eric Turner (Eric Turner sérieux…) et « Never Forget You » avec John Legend. On pourrait presque mentionner tous les titres de l’album, sur lesquels la touche industrielle est très présente. Le flow du rappeur ne colle que rarement avec les instrus et les refrains, une preuve d’adaptation, signe d’une perte considérable de son génie.
Nous noterons cependant les quelques efforts de Lupe Fiasco sur les titres « Letting Go » avec Sarah Green, qui a déjà collaboré plusieurs fois avec le MC et « Beautiful Lasers » ou encore « Till I Get There » et « All Black Everything« , qui sont ceux qui se rapprochent le plus du style du rappeur et colorent un peu une copie jusque là bien pâle.
Avec Lasers, Lupe Fiasco est devenu l’objet d’une instrumentalisation de la part de sa maison de disque, Atlantic Records. Sa musique prend une tournure ultra-commerciale, incontrôlée qui viole les frontières du style pop/rock. Néanmoins, le coup risque d’être payant, beaucoup ont avoué écouter l’album en boucle. Mais connaissent-ils vraiment Lupe Fiasco, son personnage et sa vraie musique ? Ces douze titres sont tellement loin des « Streets On Fire« , « American Terrorists« , » Go Go Gadget Flow« , « Kick Push« , « Hip Hop Saved My Life » ou encore « Paris-Tokyo« , qui m’ont fait aimer l’artiste et les messages qu’il transmet.
Par ailleurs, le MC a pris le parti de se plaindre ouvertement dans les médias. Une posture de défiance face au label osée, mais qui démontre un certain manque de courage : pourquoi ne pas avoir simplement quitté le label plus tôt, si Lupe voulait vraiment vendre la musique qu’il aimait ?
Sur SURL, il y a quelques temps déjà, nous avons eu vent d’une rumeur. Celle d’un Food & Liquor 2 que Lupe avait (volontairement ?) laissé transparaître sur Twitter. Était-ce le début des révélations de cette machination autour de Wasalu Jaco ? En tout cas, nous nous forçons d’y croire, et s’il y a bien un moment pour se révolter et faire preuve d’audace, en quittant Atlantic par exemple, c’est maintenant.