Vendredi 21 Mai, 17h30, arrivée en panique Place du 1er Mai à Clermont-Ferrand. Nous avions rendez-vous à 17h avec 20Syl le MC d’Hocus Pocus pour une interview dans le cadre de l’édition 2010 du Festival Europavox. La SNCF étant ce qu’elle est, nous arrivons tout de même à croiser 20Syl à deux pas de sa loge. Le Festival peut commencer pour l’équipe clermontoise de SURL Magazine.
C’est près d’une trentaine de pays de la communauté européenne qui sont réunis autour de la désormais célèbre Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand, représentée par les artistes et surtout par la meute de journalistes envoyés pour l’occasion. Le programme de cette édition est varié, du hip hop, de la pop, du rock en passant par du jazz, le choix est vaste. Nous avons volontairement évité de couvrir la journée d’ouverture, le jeudi, mettant en scène Camelia Jordana pour se concentrer sur la prestation d’Hocus Pocus au Magic Mirrors, le vendredi.
Le concert étant programmé pour 22h10, nous patientons avec les Violadores Del Verso, dont on entend dire qu’ils sont les représentants du Hip Hop Espagnol. D’apparence extérieure, nous les comparerons à un groupe de heavy-métal nordique, cheveux longs et barbe assumée, en crise évidente de style. Côté musique, rien de bien exceptionnel, mais pour patienter ça valait le coup. J’ai bien dit pour patienter.
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21h50, la scène du Magics Mirrors qui se remplie petit à petit a désormais pris des allures plus orchestrales. Les amateurs entretiennent la bonne ambiance, « c’est bon, ils vont jouer avec les cuivres ! » se réjouit un groupe de personnes venu admirer la prestation des nantais.
22h30, les voici qui entrent en scène, 20Syl exposant toute sa générosité d’emblée au public clermontois en entamant le titre « J’attends » l’un des tubes qui participa grandement à la renommée d’Hocus Pocus. Vient ensuite le titre « WO:OO » issu de leur dernier album « 16 Pièces », le public est ravi est scande des « woouhouuuu » à tout va. Décidément la stratégie est claire, pour les nantais il s’agit de mettre d’emblée le public dans leur poche, en enchainant avec le très rythmique « On and on« . D’ailleurs, les fans ne se font pas prier et répondent massivement aux « Jump! » de 20Syl. Hocus Pocus ou l’art d’instaurer un voyage scénique grandiose, du jazz orchestré par les musiciens, de la voix soul de David Le Deunff au Hip Hop de 20Syl et de DJ Greem, tout y passe et tout le monde y trouve son compte. Plus qu’un concert, nous avons assisté à un véritable spectacle digne des plus grands groupes de rock des années 80, 20Syl y allant même de son bain de foule.
Les gens sortent en sueur du Magic Mirrors mais tous ont le sourire aux lèvres, contents de la prestation du soir. « Moi qui ne suit pas forcément Hip Hop, j’ai passé un super moment » m’avoue même Lisa, notre photographe.
Hocus Pocus est non seulement un des meilleurs groupes français, mais ils nous ont prouvé qu’en plus d’assurer sur leurs albums, leur performance en live procure un bonheur indéfinissable.
Samedi 22 Mai, la Hacienda au Magic Mirrors, une soirée électro/rock où nous avons particulièrement remarqué le groupe Band of Skulls. Si vous ne connaissez pas, Band of Skulls existe depuis 2008, avec un album, « Baby Darling Doll Face Honey », avec un son très électrique, leur présence et l’énergie dégagée sur scène nous ont hypnotisé dès l’entrée dans le Magic Mirrors. En effet, un son de guitare lourde, une double voix, la bassiste et le guitariste nous offrent un son se rapprochant à la fois des Whites Stripes et des Kills. Sans regret d’être entrés dans la salle, ce fut une découverte magique, avec une rythmique entraînante, et un mélange de voix féminine et masculine très accrocheur. En bref, Band of Skulls est à écouter impérativement.
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Néanmoins en cette douce soirée, c’est Peter Hook que tout le monde attend. L’ancien bassiste est l’un des fondateurs avec Ian Curtis, décédé il y a 30 ans, du mythique groupe anglais Joy Division. C’est d’ailleurs en hommage à son ami décédé tragiquement que le chanteur de New Order est présent au festival. En effet, l’artiste a décidé de reprendre de A à Z toutes les chansons de « Unknown Pleasures« , l’album qui révéla Joy Division sur la scène musicale.
En début d’après midi, sous le soleil de Clermont-Ferrand, Peter Hook déambule torse-nu, en pleine forme et malgré tout ému Place de Salford. Pour l’anecdote, Salford est la ville jumelée avec la ville auvergnate, et surtout la city originaire de Peter Hook. Il se souvient même « être très attristé de ne pas avoir participé, faute de moyens, aux voyages scolaires avec ses camarades« . C’est après avoir reçu la médaille de Clermont-Ferrand, gravée à son nom, que Peter Hook, fier, rejoint le festival.
Plus tard nous retrouvons la salle du Magic Mirrors aux couleurs de L’Hacienda, le club de cœur de Peter Hook et de Joy Division. L’entrée de l’artiste sur scène est sobre, son objectif principal étant d’interpréter à l’identique les titres phares de Joy Division, évitant ainsi le protocole. Hook se rappelle aux bons souvenirs, et laisse parler sa fougue et son animalité qui le caractérisaient à l’époque ou il était le bad-boy du groupe.
C’est le poing levé qu’il part sur « No Love Lost » datant de 1977, exprimant ainsi sa rage face au destin.
Une demie-heure plus tard, il expose fièrement sa médaille au public clermontois pour enchainer sur la reprise de l’album « Unknown Pleasure« . Rien de transcendant, si ce n’est lorsque l’on arrive au titre « She Lost Control » , les puristes ferment les yeux et impossible pour eux de ne pas se rappeler la fameuse « Epilespsy Dance » de Ian Curtis.
L’exécution est brutale et sobre à l’image du chaos et des acides des années Joy Division. Un bel hommage à Ian Curtis bouclant la boucle, trente ans après.
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Un peu plus tard dans la nuit, à la Coopérative de Mai, joue le groupe JJ. Formation suédoise, dernièrement en tournée aux États-Unis, accompagné du groupe The XX. Ce fut une performance plutôt étrange sous fonds de musique electro. Le concert commence par une intro en acoustique qui nous annonce la voix entraînante de la chanteuse, et ensuite le duo enchaîne avec une prestation scénique originale reprenant les classiques de leurs 3 albums, avec un bon nombre de reprises telle que « Lollipop » de Lil Wayne.
22h, après une pause cigarette méritée, nous tentons de négocier avec le vigile le droit de prendre quelques photos. Et malgré notre pass, rien à faire, Peter a donné son accord à seulement 8 magazines. Nous apprenons que la star est arrivée sur place à peine trente petites minutes avant le début de son concert. Aucune chance de le croiser au détour d’une loge ou à la sorti des toilettes.
22h30, le voilà qui arrive et emballe le public de la Grand Coopé, guitare autour du cou et bouteille de rouge à la main. C’est bel et bien le vrai Peter aux multiples facettes qui va se produire sous nos yeux (nous qui espérions avoir le remake du fameux « Pete si tu m’vois j’t’en…!« . Il s’installe devant un ampli orné d’un drapeau britannique sur lequel est posé son verre et chante le titre « Arcady« . Pas de cris hystériques pourtant la salle est pleine, ce qui n’est pas plus mal. Nous voyons ainsi en face de nous le véritable chanteur qu’il est lorsqu’il entame « Music When The Lights Go Out« . Toujours sur le même rythme qui pèse le pour et le contre, Pete enchaine avec les fameux « Can’t Stand Me Now » et « The Ballad Of Grimaldi » entre autres.
N’hésitant pas une seule seconde à se servir un nouveau verre entre chaque chanson (comme on pouvait le prétendre, Peter carbure et ferait un bon auvergnat !) et lançant à la foule des sympathiques « A la tienne!« . Le concert se déroule au rythme des succès des Libertines, on a même eu le droit au très rare « Dilly Boy« , jamais sorti avant que le dandy termine sa prestation du soir, avec son titre phare « The Last English Roses« . Peter Doherty quitte la scène pour de bon, ne répondant pas au rappel du public.
Peu importe, l’ex de Kate Moss nous a prouvé qu’il était un bon chanteur mais qu’il reste un personnage à part entière. La performance n’a rien d’extraordinaire, mais nous avons passé un bon moment, même si chez SURL Mag, nous pensons que cela aurait pu être encore mieux avec ses compères des Babyshambles !
Toute l’équipe de SURL Magazine présente pour l’occasion tient à remercier l’Agence Ephélide sans laquelle rien de tout cela n’aurait pu être possible et tout le staff de l’organisation, pour leur sympathie et leur disponibilité ! A l’année prochaine !
Rédaction: Thomas Bringold & Marine Tran Nguyen
Photographe: Lisa Beauchet