Les poncifs sur la Grande-Bretagne sont vite insupportables et ont vite fait de saper le charme britannique : Picadilly Circus, Buckingham Palace, les Sex Pistols, le Pudding, la marmelade et autres joyeusetés aussi surannés que surexploités.Mais parfois, un vent frais nous parvient du royaume outre-Manche. Aujourd’hui, cette brise s’appelle King Krule, est âgée de 19 ans et nous rappelle que la new wave a encore de belles cordes à son arc.
une voix profonde et rauque, un accent cockney à couper au couteau, et surtout, un immense voyage métaphysique.
Des cheveux roux ébouriffés, un costume beige trop grand et une feuille slim dans les mains, voilà ce qu’on retient d’Archy. Mais pas que : une voix profonde et rauque, un accent cockney à couper au couteau, et surtout, un immense voyage métaphysique. Une sonorité que l’on ne peut voir catégoriquement ni comme morose ou joviale. Simplement comme singulière et étonnement honnête. La musique de King Krule entre en résonance avec l’esthétique qui l’entoure, dans une symphonie purement arythmique et follement ravageuse.
King Krule, né d’un père directeur artistique pour la BBC et d’une mère ayant travaillé dans le magasin de Spike Lee à New York, qui a également réalisé les costumes du clip Set Adrift On Memory Bliss de P.M. Dawn., se lance en 2009 sous le pseudo Zoo Kid. Diesel balance un acoustique extraordinaire de « Broke ». Le kid, frêle et d’une jeunesse bouleversante, déverse son spleen avec pour seul arme sa guitare et sa casquette pourrie dans un studio middle class. Inoubliable. Les passions se déchainent dans le petit milieu de la musique indé, quelques curieux se lancent à la recherche du Graal et se heurtent à un mur : pas de manager, pas de label, Zoo Kid est injoignable. On l’imagine déambulant dans les rues de Londres sur son skate, comme un gosse de Larry Clark, ignorant tout des sirènes alentours et du vacarme qui se prépare autour de lui, et finalement l’idée est assez plaisante.
Il réapparait quelques mois plus tard avec le clip de « Our Getting Ribs », sous le pseudonyme de King Krule. Ne vous y habituez pas non plus, car il compte sortir un nouvel album sous le nom d’Edgar The Beatmaker. Et au fait, son vrai nom, c’est Archy Marshall. Tu es toujours avec nous ?
Du point de vue des influences, un joyeux melting-pot culturel : la gravité de Joy Division, la tension de The Penguin ou Cafe Orchestra, et l’inévitable goutte de génie des Streets. Pour le reste ? Ayant auto-produit son premier album « U.F.O.W.A.V.E » en 2010 et sortant son cinquième « Six Feet Beneath The Moon« à la fin de ce mois, on peut de manière assez légitime espérer de grandes choses du new kid on the block. Acclamé lors des festivals en Grande Bretagne ou a l’étranger, on entretient désormais une hâte non dissimulé d’écouter son futur album. Vous pouvez d’ores et déjà écouter ses productions en tant qu’ Edgar The Beatmaker sur son Bandcamp.