Kool & Kass, l’alternative au défunt « Das Racist »

mercredi 15 mai 2013, par Valentin.

Il y a des choses qui imposent le respect, des actes, des attitudes qui mettent tout le monde d’accord, et je pense que l’on peut s’accorder pour dire que poser son Ak pour nourrir les poules dans sa cuisine, font parti de cette catégorie d’interactions. Voila la scène à laquelle nous assistons à l’ouverture du dernier clip de Kool & Kass, une scène fortement intrigante qui nous a donc poussé à découvrir ce duo qui a sorti le 4 mai dernier la mixtape « Peaceful Solutions » et qui mérite amplement le détour.

Les deux compères viennent ici poser une mixtape aussi inspiré que percutante – il faut dire qu’ils ont les CV qui vont bien. Coté pile, notre ami Kool A.D nous rappelle au bon souvenir du groupe Das Racist, accompagné d’Heems et de Dapwell, qui n’ont malheureusement sorti qu’un album et deux mixtapes – disponibles au téléchargement ici. Côté face, j’ai nommé Mr Kassa Overall, petit prodige de la batterie ayant fait partie du Geri Allen’s trio mais aussi producteur de talent. Il a dû se dire que briller dans les deux domaines n’était surement pas suffisant : il a eu raison.

 

« Words from a hat like barely a metaphor
Still finding myself the reason I met her for
I’m such a bore but i never be swined out
Still I’m poppin’ like bacon and I aint’ fakin’ »

 

Deux flows qui se mélangent et s’accordent, qui s’insinuent dans tous vos neurones et vos synapses pour libérer un maximum d’endorphine, deux voix différentes pour deux caractères, deux façons d’aborder les lyrics. Une voix à la fois déterminé et lasse pour Kass, et une attitude nonchalante et détaché pour Kool A.D – la beubar y est sûrement pour quelque chose. Ces deux personnalités font de cette mixtape un objet (matériel ou immatériel) unique. Mais les voix ici ne se limitent pas à elles mêmes, elles sont la pour servir des lyrics ambigus, entre l’egotrip et le rap conscient, du désespoir amoureux au «money talk». Ils ironisent sur le monde, sur leur situation, ils mettent en exergue une certaine vacuité de la vie tout en la sublimant.

 

« We don’t give a fuck about much at all
We don’t even really give a fuck at all
We don’t give a fuck about them
We stay clean in the chromed out rims »

 

Alors si seulement l’instrumental était moins inspiré, je pourrai la critiquer et éviter de passer pas pour une groupie grattant aux portes backstage pour voler un mouchoir véhiculant le précieux mucus des artistes. Mais ma subjectivité de bloggueur irresponsable me pousse à vous dire qu’elle est tout simplement brillante. « Peaceful Solutions » parvient donc à apporter une fluidité et une véritable pluralité à la tracklist. Des morceaux comme « Triflin » ou l’éponyme « Peaceful Solutions » parviennent à insuffler une dimension electro-jazz, quand des titres tels que « Con Edison » ou « Got My Money », outre le fait qu’ils soient diablement efficaces, s’inscrivent plus fortement dans l’electro et gravent des aspérités métalliques sur la tape.

Malgré tout, il reste assez complexe de déterminer un véritable style ou une influence unique sur chacun des morceaux, à l’image du titre « Odd Time » qui mixe avec subtilité orgue transylvanienne, maracas de mariachi cubains et tuba d’un corps philharmonique de l’Ex-URSS. Tout cela pour sublimer ce featuring avec Dada Powell qui restera mon morceau préféré de la tape. Il faut dire que K&K savent s’entourer : Gordon Voidwell ou Amaze 88 (qui a déjà collaboré avec Mr Kool A.D) sont présents et nous démontrent à nouveau leur qualité de Beatmaker.

Alors non, pour moi pas d’ombres sur le tableau chamarré de « Peaceful Solutions », la partition est respectée sans accroc et parvient à nous transporter et à nous faire découvrir un tout nouvel univers à chaque morceaux. Alors qu’espérer après l’écoute des dix-sept tracks de cette collaboration tout fraiche ? Seulement que les deux compères ne s’arrêtent pas à ce coup d’essai et qu’ils continuent à nous livrer de telles productions. En attendant cette hypothétique suite, profitons de ces bouts de génies, car si l’album nous propose de chercher une solution paisible, la solution rythmique est quant à elle toute trouvée.

La mixtape étant disponible à l’écoute et au téléchargement. Pourquoi se priver ?

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