« J’arrête le rap dans sa forme définie dans cette pauvre France, mais je continue la musique dans son aspect général.» Amen.
Disiz, c’est pas du rap de pédé, n’en déplaise à nos lecteurs homos. Mieux que Flava Flav’, le prodige du 91 a remis les pendules du rap à l’heure. Il était temps. Malheureusement c’est aussi l’heure de sa retraite.
Mauvaise nouvelle donc, le MC qui n’a jamais rien à perdre (alors suce mon…) quitte un milieu dans lequel il déclare – à raison – ne plus se reconnaître. Bonne nouvelle, il nous abandonne en laissant une merveille. Là où beaucoup privilégient la quantité à la qualité, Disiz a confectionné son joyau pendant plus de quatre ans. Si «Les histoires extraordinaires» portaient déjà bien leur titre, malgré les limites du story-telling, là cette cuvée relève carrément du millésime. Nous retrouvons donc un Disiz beaucoup plus sombre, exprimant souvent sa désillusion sur le marasme du rap français. Meilleur exemple, le déprimant mais néanmoins lucide «27 octobre». Signe de maturité, il franchit même un cap dans la revendication politique, prédisant que «Le peuple va se lever ».
Dans l’ensemble, Disiz mériterait d’obtenir un diplôme de la Sorbonne avec ses textes malins, gonflés par d’excellentes figures de style (métaphores, homonymies, assonances et allitérations à foison). En plus, il démontre sa puissance technique, son flowmatic dégomme la concurrence. L’énorme « Alors tu veux rapper », aussi étonnant sur la forme que le fond, en est un concentré 100% pur jus. Au sommet de son art, l’inspecteur Disiz est monté en grade.
En parlant d’inspecteurs, Canardo – frérot de fouiny baby- s’affirme au passage comme un des meilleurs producteurs made in france, bien qu’abreuvé d’influences US. Astronote n’a pas à rougir de la comparaison, ses prods gravitent dans l’espace. Inutile de s’étaler, chaque ligne de chaque couplet de chaque morceau de ce bijou mériterait une dissertation. Chaque beat est peaufiné un max. Une baffe plus violente que François Bayrou.
Si vous n’êtes pas convaincus, ou que vous n’avez rien lu de cet article car vous venez ici juste pour vous bourrer au son et emmerder Albanel, lâchez votre ordi et courrez acheter ce futur classic. Disiz boucle son oeuvre avec magie, et ça reste de la Bête de bombe. Disiz the end ne fait que commencer… pas vrai Peter Punk ?
En bonus, le lien de son blog, seul lieu de promotion véritable de l’album, alimenté par Disiz himself : http://www.disiztheend.com/
Disiz – Alors tu veux rapper
Disiz – 27 octobre