Le 2 septembre prochain sort le documentaire Esto es lo que hay, Chronique d’une poésie cubaine qui retrace une partie de l’épopée vécue par Los Aldeanos, le groupe de rap le plus populaire de Cuba. Le duo formé en 2003 par Aldo et El B est rapidement devenu une force contestataire majeure du pays en critiquant le régime castriste et la censure. Il faut savoir qu’à Cuba, il y a une agence gouvernementale du rap qui « aide » les artistes à promouvoir leur musique en s’assurant au passage que leurs lyrics n’entachent pas l’héritage de la révolution. Ambiance. Un système contre lequel se sont élevés les Los Aldeanos (« Les Villageois » en VF), s’attirant les foudres du gouvernement qui leur a interdit de se produire sur scène, tout en leur refusant toute sortie du pays.
Ces obstacles mis en travers de leur route n’ont pas empêché les deux rappeurs de devenir les porte-parole de leur peuple, qui les surnomme « Los guérilleros de la tinta », les guerriers de l’encre. Des videurs d’encriers qui auraient d’ailleurs déjà sorti 23 albums sur le marché noir. La réalisatrice Léa Rinaldi les a suivis de 2009 à 2015, au moment où ils ont eu l’autorisation de quitter le pays pour tourner à l’étranger. L’occasion pour eux de mesurer le décalage qui existe entre leur île et l’extérieur, et notamment la puissance salvatrice d’Internet. Ce documentaire relate donc ces années pendant lesquelles le groupe charismatique s’est battu avec la censure, son envie de propager sa musique, les tentatives de récupération de son message par les Etats-Unis… Tout cela sur fond de transition d’un Castro à l’autre et d’assouplissement des relations USA-Cuba. La petite histoire dans la grande, en somme.
Esto es lo que hay, « on fait avec ce qu’on a« , débarque mercredi dans tous les bons cinoches. De quoi se cultiver tout en découvrant une musique terriblement efficace.