Adam Tensta, on le suit depuis un bout de temps. De It’s a Tensta Thing à son dernier album Scared of the Dark, notre rappeur suédois préféré nous a encore surpris avec son récent single « Pass It On », diffusé en une seule copie sur Facebook. Une bombe, comme tout ce que touche celui qui pourrait bientôt s’imposer sur plusieurs continents. En attendant cette conquête imminente, le MC a eu la grande sympathie de nous accorder son temps. Déjà, en nous balançant une vidéo freestyle exclusive à déguster ci-dessus, mais surtout une longue et complète interview, en VO et en VF s’il vous plaît. C’est pas une première en France ?
SURL : Première question : quand as-tu commencé à jouer de la musique et t’es-tu immédiatement lancé dans le hip-hop ?
Adam Tensta : J’ai commencé à rapper vers 17 ans, en essayant de m’inspirer du hip-hop new-yorkais.
Quels artistes ont influencé ton style musical ?
Principalement par des artistes de NYC à ce moment, comme Nas, Mobb Deep ou le Wu-Tang pour en citer quelques uns. Par ailleurs, j’ai toujours été inspiré par la musique de Bob Marley, qui a joué un rôle marquant.
Pourquoi rapper en anglais ? As-tu déjà tenté de kicker en suédois ou penses-tu essyer à l’avenir ?
Je voulais ressembler aux artistes qui m’inspiraient : ils ne rappaient pas en suédois, ils le faisaient en anglais. Par contre, depuis l’année dernière, j’ai été de plus en plus attiré par l’écriture en suédois. On va voir ou cela va mener, peut-être ferais-je un EP ou un albm en suédois, qui sait ?
A quel point la publication de ton clip « My Cool » sur le blog de Perez Hilton a bousculé ta carrière ?
Ce morceau est un chapitre de ma carrière à lui seul. Un moment décisif, aussi bien pour moi que pour beaucoup d’auditeurs je pense. Les gens qui m’ont découvert et ont eu un engouement pour ce son ont partagé cette expérience avec moi. Ce morceau m’a emmené aux quatre coins du monde, et le fait qu’il fut partagé sur l’un des blogs les plus vus de la planète en était une raison majeure.
Il semble que tu es l’un des précurseur du mariage entre le hip-hop et des sonorités house/dance, ce que tu appelles la « bloc pop ». Aujourd’hui, tous les rappeurs s’essaient à ce style musical. Quel effet ça te fait et penses-tu que ce style va perdurer ces prochaines années ?
En ce qui me concerne, de la bonne musique est toujours de la bonne musique, quels que soient les ingrédients. Ca ne m’importe pas vraiment que ce mix des genres devienne plus dominant ou non, tant que la musique m’emmène dans des endroits que je n’ai jamais exploré. That’s what music is about.
Avec quel artiste, vivant ou décédé, rêverais-tu de travailler ?
Cette liste pourrait être longue, évidemment. J’aimerais particulièrement collaborer avec Dead Prez, Outkast et Norah Jones. Sans oublier Bob Marley bien sûr.
Ton dernier single « Pass it On » a été exclusivement diffusé via Facebook, avec une seule copie qui passait d’un auditeur à l’autre. A l’inverse, la majorité des artistes tentent de partager un maximum de copies de leurs sons. Pourrais-tu nous expliquer le concept et le message derrière cette initiative ?
On voulait remettre en place cette sensation d’attente, d’anticipation. A l’heure actuelle, la musique est disponible PARTOUT et TOUT LE TEMPS, on voulait donc faire quelque chose de vraiment exclusif pour les vrais fans et auditeurs. Cette attente peut seulement se ressentir en se plaçant dans une file d’attente, pour obtenir quelque chose que tu veux vraiment. On a aussi senti que ce concept de ne pouvoir écouter le son qu’une seule fois était intéressant.
Quel est ton prochain projet et quand projettes-tu de le difuser ? Vas-tu rester dans le style que l’on connaît de toi ou comptes-tu faire évoluer ton son ?
J’ai quelques projets en préparation actuellement. Je préfère ne pas dire exactement en quoi cela consistera, mais vous en entendrez lorsque le moment sera venu.
C’est vrai que tu as ouvert un concert de Jay-Z ? Qu’est ce que cela fait ? Tu as aussi bossé avec Rick Ross, du coup planches-tu sur des featurings avec des artistes US sur ton prochain projet ?
Ouais, j’ai fait la première partie de Jay-Z au « Globe » à Stockholm, à la maison. C’était une nuit fantastique. Concernant les featurings, on verra ce que l’on est en mesure de mettre en place …
La Suède est le troisième pays exportateur de musique au monde et sachant que nous sommes qu’un peu plus de 9 millions de suédois sur la planète, c’est une sacrée réussite !
La musique suédoise se diffuse particulièrement bien dans le monde entier et dans plusieurs genres : Lykke Li, toi, Swedish House Mafia, … Comment expliques-tu ce succès et cette créativité propre aux artistes suédois ?
La Suède a toujours profité d’une tradition musicale très forte et exportée. En réalité, nous sommes le troisième pays exportateur de musique au monde et sachant que nous sommes qu’un peu plus de 9 millions de suédois sur la planète, c’est une sacrée réussite. Je pense que nous sommes créatifs parce que nous devons l’être : vivre dans le froid pendant 8 mois par an nous donne le temps de perfectionner notre métier tu sais !
Tu es très fier de Tensta, le quartier modeste dans lequel tu as grandis. La situation économique et sociale s’est elle améliorée ces dernières années là-bas ? Quel message aimerais-tu envoyer au gouvernement ?
La situation ne s’est pas vraiment améliorée. Nous sommes toujours mis à l’écart du reste de la société et le gouvernement le sais. Mais je pense que la solution de facilité consiste à rester les bras croisés et attendre quelqu’un d’autre bouge pour toi, tout en critiquant les autres avant d’analyser ta propre responsabilité. Pour être honnête, je préfère simplement parler au gens de ça et ne pas envoyer de message au gouvernement, parce que cela n’aurait aucune conséquence. C’est la responsabilité du peuple et de ce qu’il peut réussir en comptant sur lui-même.
Quand s’est déroulé ton dernier passage à Paris ? Apprécies-tu cette ville et as-tu une anecdote marrante en stock à nous raconter ?
Shiiieee, mon seul voyage à Paris était avec Promoe des Looptroop Rockers, lors de sa tournée européenne avec Whie Mans Burden. C’était en 2006, je venais à peine d’enregistrer des morceaux sous le blaze d’Adam Tensta. Nous n’avions passé qu’une nuit dans la ville, mais je me rappelle avoir trouvé ça vraiment trop court. C’était comme un petit aperçu de quelque chose dont tu voudrais profiter beaucoup plus. J’espère que j’aurais l’occasion de revenir à Paris bientôt.
Connais-tu quelques rappeurs ou producteur français ?
Pendant cette même tournée de Promoe j’ai rencontré et fait la première partie du Saian Supa Crew à Amsterdam. Des mecs stylés ! J’avais bien accroché avec Specta, puis lorsqu’il est passé à Stockholm nous avons réalisé un morceau ensemble qui avait atterri sur une de ces RMH mixtapes que l’on balançait à ce moment. C’était un morceau type « rentre dans la cabine de studio et rappe directement ». J’adorerais me rebrancher avec lui.
Ah ouais aussi, l’an dernier j’ai effectué un couplet pour un remix de Sefyu. C’était grâce à un DJ Allemand qui faisait sa mixtape. J’espère que ça va arriver bientôt, parce que j’ai plutôt déchiré sur ce couplet.
J’ai rencontré et fait la première partie du Saian Supa Crew à Amsterdam. Des mecs stylés !
Quelles sont tes marques de sappes favorites ?
The Local Firm, Lagom et Mishka. Mes trois marques favorites, du moins pour le moment.
Le dernier morceau qui t’a coupé le soufle ?
Frank Ocean – Thinking About You.
Quel est le meilleur endroit pour manger de la bonne nourriture à Stockholm ?
Ce restau végétarien à Universitetet. Un endroit qui s’appelle « Green Peas ».
Donne-nous un petit talent caché d’Adam Tensta dont nous ne sommes pas au courant ?
Je suis le maître des pancakes !
Pour terminer : si ta musique était une recette de cuisine, quels seraient les ingrédients ?
Des oignons, ça te fait parfois pleurer.
Du gingembre, pour garder ça neuf, fort et surprenant.
Des lentilles, une bonne base pour toute recette.