Voilà un type dont on parle bien peu. Pourtant, il s’agit d’un gars qui accompagne les couplets de Deen Burbigo sur « Ailleurs » et d’Alpha Wann sur « Wake Up » pour le Ailleurs Tour de Nemir. N’en déplaise à certains, Gros Mo est bien plus que l’acolyte balèze de Nemir. Sous sa barbe et sa casquette, le rappeur de Perpignan a mûri au cours de cette tournée. Pour son premier projet qui sortira le 1er février, il a préféré s’appliquer et prendre son temps, comme il nous l’explique en interview, posé.
SURL : Même en saignant Google, impossible de trouver une interview de toi.
Gros Mo : J’ai jamais fait d’interview. C’est pas que j’aime pas, mais parler, raconter sa life ça me saoule un peu.
Tu peux raconter ton parcours ?
Il est super simple. Je me suis inscrit dans une structure qui s’appelait la Casa Musicale. Nemir donnait des ateliers d’écriture et c’est comme ça que j’ai démarré. Au fur et à mesure des années un feeling s’est créé et il y a trois-quatre ans il m’a dit : « Vas-y, backe moi ». Sur scène on a fait le Buzz Booster et de là les choses se sont enchaînées. Donc j’ai commencé en tant qu’élève de Monsieur Nemir, mais c’était un prof un peu… spécial on va dire.
C’est la fin de votre première grande tournée. Tu en retiens quoi ?
Des kilos en moins et j’ai développé plein de techniques pour dormir dans le train. (rire) Sinon des putains de souvenirs, on a fait la première partie d’Oxmo ou même les Arènes de Bayonne. Plein de gros événements qui m’ont permis de visiter la France. C’étaient des scènes pour lesquelles j’étais pas prêt. J’avais une position un peu chelou de rappeur/backeur. T’es là, au Zénith, personne te connaît et les gens se disent : « Bon, il va pas rapper ? Ah, finalement il rappe ! ».
« L’inspiration te vient en lifant des trucs »
Hormis « Enfoiré », t’avais rien sorti de ton côté jusqu’à présent ?
Ça va faire trois ans qu’on tourne avec Nemir. Moi je rappe depuis une dizaine d’années et sérieusement depuis 5 ans. Donc je me dis que tout ce j’ai fait jusqu’à maintenant c’était comme une sorte de stage et qu’il me reste plein de trucs à apprendre. J’ai sorti un son parce qu’il fallait le faire et même mon EP c’est presque une chose à laquelle on me pousse. Je suis perfectionniste et tout le temps insatisfait. Si on veut j’étais en formation et il y avait pas forcément besoin de sortir un projet tout de suite…
A propos, vous avez parcouru pas mal de chemin depuis Next Level Vol. 1. Tu penses avoir beaucoup évolué musicalement ?
Bah ouais ! De toute façon ça marche pour tout. Que ce soit dans la musique ou dans n’importe quoi, si tu t’exerces tous les jours sur une longue période, tu vas évoluer et progresser. Cette expérience m’a fait grandir.
Tu n’as pas seulement rappé avec Nemir. Ça apporte quoi de faire des sons avec Gaël Faye, Deen Burbigo, Alpha Wann ou même la première partie d’Oxmo Puccino comme tu le disais ?
C’est un kiff de ouf ! Franchement c’était que du plaisir. La tournée c’est dur, physiquement c’est épuisant, t’es tout le temps sur les nerfs et des fois ça s’embrouille. Mais à côté de ça il y a plein de choses que j’ai connues pour lesquelles je me dis : « S’il faut tu serais passé à côté de ça et à côté de ça ». Au final, c’est que du bonheur.
C’est le genre de choses que tu te voyais faire il y a quelques années ?
Non, enfin je pense pas. On bosse vachement au feeling. Je me projette rarement et du coup c’est vrai que ces dernières années j’ai vécu au jour le jour, que j’ai pris ce qu’il y avait à prendre. Par exemple, je me voyais pas faire une interview.
Et s’il y avait pas eu le rap ?
La drogue ? (rire) Franchement, j’ai fait un BEP et un Bac Pro vente, ou le parcours typique du mec qui aime pas l’école et qui préfère parler. Je sais pas ce dans quoi je serais allé, mais je pense que ça aurait été chiant.
Justement, la beuh c’est un thème récurrent dans tes couplets ou quand on checke ton Instagram.
(il tire une taf) C’est vrai que j’en parle beaucoup. Mais en même temps je viens de Perpignan, c’est à un quart d’heure de l’Espagne où le cannabis a été dépénalisé cet été. Une sorte de mini-Amsterdam en France quoi. Après l’inspiration te vient en lifant des trucs. Si ta vie c’est beaucoup de soirées où ça boit, ça fume, ça rigole, forcément tu vas en parler. Mais c’est pas une finalité et je vais peut-être pas parler de ça tout le temps. Disons que je pose ce qui sort.
Le fait d’être de Perpignan change quelque chose dans tes textes ? Nemir en parle pas mal, parce que lui fait des interviews !
(rire) Je sais pas si on rappe comme des mecs de Perpignan. Comme partout, il y a plein de styles de rap. Le truc c’est que c’est une petite ville, donc il a moyen de rappeurs et moins d’événements. Mais c’est clair que je fais pas exactement la même chose que des mecs de Paris ou de Marseille.
« Je crois que j’ai peur de saouler »
Toujours par rapport à Nemir, vous avez deux styles bien distincts, mais au final vraiment complémentaires.
Je sais que j’ai mon univers et que Nemir a le sien. Mais au final on se fait écouter plein de trucs et il y a un échange permanent. Puis en même temps si tu bosses avec un gars comme Nemir, tu es obligé de tendre vers autre chose. Tu peux pas aller dans ce qu’il fait déjà. Je suis un fanatique de sa musique, mais je peux pas la reproduire. Ca serait trop facile, les gens diraient : « C’est le gars de Nemir, il rappe comme lui ». Au contraire, moi j’ai envie d’entendre : « Ah ouais, ça n’a rien à voir en fait », et c’est ce que je recherche.
D’ailleurs on peut pas vraiment dire que tu sois un mec de freestyle comme lui !
Ouais. Ca m’arrive d’improviser, mais sur scène je me chie dessus. (rire) J’ai pas envie de faire n’importe quoi ! Plein de mecs improvisent mais leurs rimes on les connaît toutes, c’est bien mais pas un truc de fou… Et puis en impro il faut savoir lever les gens, pas dire n’importe quoi et pas être trop court. Peut-être que ça viendra un jour, mais en attendant les freestyles je les lâche… dans des salons plus cosys.
Et pourtant les morceaux que tu as sortis jusqu’à présent sont plutôt courts, tu dépasses rarement les deux minutes.
Ouais, enfin le dernier il est plus long déjà, il fait trois minutes !
Mais en même temps il y a le clip qui va avec ! (rire)
Bon ok il y a la vidéo et tout, haha ! Mais je vais le dire honnêtement : il y a très peu de morceaux de rap que j’écoute jusqu’à la fin. Je zappe beaucoup. Souvent le premier couplet est meilleur que le deuxième et ainsi de suite… Il y a pas toujours d’évolution et à la fin le truc tourne en rond. Je crois que j’ai peur de saouler en fait. Je suis plus dans le format 8 mesures ou 12 mesures, mais 16 c’est le maximum.
Parlons de ce qui arrive pour finir. Tu as sorti « Tranquille » récemment, en lâchant une date pour ton EP. Tu as le titre, des featurings, des producteurs ?
Dans l’immédiat je sais pas si je peux dévoiler le nom. On est encore en train de réfléchir dessus et je le décoffrerai quand j’aurai ma tracklist. Pour l’instant je sais que je vais sortir un EP, je me suis foutu une date mais je suis encore en créa. J’essaye d’enregistrer un maximum de sons et de préparer ça bien.