Après un focus et le report d’un live bestial, on boucle notre trilogie sevranaise en grandes pompes avec l’interview de Kaaris. What else ? Si la rencontre est fixée à peine quelques jours après la sortie très attendue de son nouvel opus Or Noir, Kaa n’est pas de ceux à qui le succès monte facilement à la tête. Dégrisé par treize années à charbonner dans l’ombre, il jette un regard lucide sur son parcours atypique et le milieu du rap français. Un vétéran au sang froid. Quoi de plus normal pour un artiste qui a intitulé son premier projet 43e BIMa ? Entretien avec un rappeur « qui prend tout ce qu’il y a à prendre ».
SURL : Ton album est sorti lundi. Nous sommes aujourd’hui vendredi. Cinq jours après, quel est ton ressenti ? Plutôt soulagé ? Le plus gros est fait ?
Kaaris : Ouais, on a fait le boulot avant même qu’il sorte.
C’était gagné avant même qu’il n’arrive dans les bacs ?
Non, il n’y a rien qui n’est jamais gagné. Faut le défendre sur scène et faire de nouveaux clips.
Au niveau de la conception de l’album, quels étaient tes objectifs ? Un objectif de ventes ou simplement faire tes preuves sur la scène française, montrer qui était le patron ?
Non, y a pas d’histoires de patron en fait, juste terrasser les autres rappeurs, c’est tout.
« Prendre leur places » ?
Oui, c’était la seule idée, prendre une place. Pas la première place forcément mais en tout cas prendre la place que je mérite.
Est-ce que t’as des chiffres sur les précommandes, une estimation ?
Non je n’ai aucun chiffre. Et même si j’en avais je te les aurais même pas donné de toute façon… parce que je vais t’en donner un aujourd’hui, demain il va changer, ça sera peut-être pas le bon. Bien sûr que je pense aux chiffres, comme tout le monde. Si je reste focalisé dessus je suis mort.
« Me charcuter, ils peuvent pas. Je les ai vu faire à maintes et maintes reprises, je sais comment les journalistes procèdent avec les artistes. Tu vois ? J’en ai pas l’air, mais je te jure, je sais. »
T’as fait le choix sur tes deux derniers projets de faire que des solos à l’exception d’un feat avec Booba sur chaque disque. Pourquoi ?
Booba, c’était normal. Au niveau de l’album, j’avais plus de chances de faire d’autres featurings. Au niveau de Z.E.R.O., j’ai tout fait tout seul parce que généralement on m’appelle pas moi. Les mecs qui font du pe-ra m’appellent pas. Donc si moi je les appelais je pensais qu’ils allaient pas accepter.
Et pour Or Noir on t’a appelé par contre ?
Pour Or Noir, on m’a pas appelé non plus mais moi non plus, cette fois-ci, j’ai pas voulu appeler.
Maintenant que t’es exposé tu rends la pareille ?
Non, c’est pas ça. C’est que, d’une je voulais me recentrer sur moi-même. Ensuite Booba, j’étais obligé… Non, c’est pas que j’étais obligé mais j’ai fait des morceaux avec lui sur ses projets, donc c’est normal qu’il soit dans le mien. Sinon en ce qui concerne les autres… Bref, je voulais pas faire de feats.
Le son L.E.F. avec Booba correspond à votre troisième collaboration. Comment se déroule la connexion ? En studio ou à distance ?
À distance oui, il a fait le refrain et me l’a envoyé. À la base c’était une instru à lui, il a posé son refrain. Il m’a dit « voilà, je viens de poser un truc, si t’as des couplets pose-les ».
Pas besoin de cogiter, c’est rodé, y a une entente artistique ?
Non c’est pas ça. Il a kiffé l’instru.
« Or Noir » aussi c’est une production qu’il avait choisi à la base, non ?
« Or Noir » ouais, à la base c’est son instru. Une production à lui, de Therapy. Il devait l’utiliser pour son projet – Futur 2.0 – et qu’il m’a laissé.
D’ailleurs sur cette piste, on se demandait si quand tu dis « Je suis fait d’or noir », c’est un hommage implicite à Fedor Emelianenko, la légende du MMA ? Vu qu’on sait que tu t’intéresses pas mal à la discipline.
..
Ouais, c’est une légende. Je kiffe Fedor mais y a aucun lien. Je fait juste une sorte de corrélation entre la couleur de ma peau et le pétrole, c’est tout.
Okay. Est-ce qu’il y a des morceaux de l’album dans lesquels tu as senti instantanément le tube potentiel au moment de l’enregistrement ? On pense notamment à « Bouchon de liège »…
En fait, à chaque fois qu’on enregistre un morceau, bien sûr – puisqu’on l’écoute en premier – on sait s’il est nul ou s’il est bon. Enfin, on le pense. Et y a des morceaux sur lesquels on a plus de certitudes que d’autres. En l’occurrence, « Bouchon de liège ». Je savais que le refrain pouvait, entre guillemets, être efficace en club ou bien sur scène… Mais je pensais pas forcément qu’il aurait cette popularité là par rapport aux autres titres de l’album. C’est vrai que j’en entends souvent parler en ce moment.
Tu viens de sortir le clip de « 63 ». « Bouchon de liège » c’est un morceau que tu penses clipper aussi à un moment donné ?
C’est possible. Je sais pas, si je devais le clipper je te l’aurais dit direct. Je sais pas. On a le choix, on a « Ciroc » aussi qui passe bien. Y a le choix, mais c’est vrai que « Bouchon de liège » ressort beaucoup.
On a vu que tu taffais déjà sur le prochain album, est-ce que d’ici là y aura une mixtape avec des morceaux pas sélectionnés sur Or Noir, des freestyles ?
On s’est posé la question mais maintenant qu’on a parlé d’un album on va faire un album. Les freestyles qu’on a fait, c’est cadeau. Si les gens kiffent, tant mieux. C’est pas tout le temps pour faire de l’oseille. C’est cadeau. Moi, je m’attendais pas à être là aujourd’hui. Si ça peut faire kiffer des gens d’écouter des freestyles, tant mieux.
Du coup, un morceau comme « Sombre », ça sera dans un album ? Y aura pas de version officielle ?
Non, jamais. Y en aura pas. Il n’y aura jamais de version mixée, masterisée, enregistrée en studio ou quoi que ce soit. Ça restera un freestyle. Enfin, ce qu’on appelle un freestyle aujourd’hui, un live écrit.
Tu dis que tu ne t’attendais pas à être là. On te voit sur des plateaux TV très généralistes, on t’entend sur France Inter c’est très surprenant. Quel regard tu portes sur le chemin traversé ?
C’est surprenant de me voir là, mais en fait… Je me suis renseigné sur ce que ça allait être comme émission de radio. Je connaissais pas, tu vois. Je connaissais France Inter mais je savais pas qu’ils écoutaient du rap. J’ai parlé avec la meuf, elle avait l’air cool. C’était pas forcément pour décortiquer mes textes, raconter sa vie ou je sais pas quoi donc tranquille j’y suis allé quoi.
« Beaucoup de médias ont essayé d’épurer le rap en fait. Ils ont tout fait, ils ont tout essayé. »
T’étais sceptique à la base quand on t’a dit France Inter veut t’avoir, tu t’es dit « ils veulent me charcuter »…?
Bien sûr. Mais pas me charcuter, ils peuvent pas. Je les ai vu faire à maintes et maintes reprises, je sais comment les journalistes procèdent avec les artistes. Tu vois ? J’en ai pas l’air, mais je te jure, je sais. Donc non, c’est pas une question de charcuter, c’est plutôt « pourquoi je vais parler de rap avec des gens qui n’écoutent pas de rap ? » . Tu vois ce que je veux dire ? Et apparemment, elle (Laura Leishman) avait l’air de connaître un peu mon parcours. Bizarrement, elle connaissait même 43e BIMa. Elle s’était sûrement renseignée. Après, elle avait envie de parler aussi d’autres choses, de musiques un peu plus ouvertes… Enfin pas plus ouvertes, mais un autre style de musique. Comme moi j’écoute beaucoup de musique on a discuté un peu puis c’est tout.
Avec le recul, comment tu expliques cette percée si fulgurante ?
Je sais pas. Beaucoup de médias ont essayé d’épurer le rap en fait. Ils ont tout fait, ils ont tout essayé. Tous les rappeurs entre guillemets « hardcore », parce que c’est un genre en fait. C’est pas parce que tu fais du hardcore que t’es plus mauvais qu’un rappeur qui fait du rap simple. C’est un choix. Y a des mecs qui font du rap simple, je peux te jurer qu’ils sont pire dans la vie que nous qui faisons du rap hardcore. C’est un choix en fait. C’est juste que nous, on aime ce genre de musique. Ça a toujours été du rap un peu plus cool qui était mis en avant. Pas forcément du mauvais rap, mais un peu plus cool. Au jour d’aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi… Je comprends pas en fait. Moi je fais ce que j’ai à faire et eux prennent ou pas.
« Le deuxième album va être pire. J’en ai rien à foutre. »
Qu’est-ce qui manque aux autres rappeurs selon toi ?
Je sais pas ce que j’ai qu’ils n’ont pas. C’est juste que moi j’ai la rage, c’est tout. Moi je fais du rap sale, tu vois. J’écris tout ce qu’il me passe par la tête. Je fais pas de concessions et je ne cherche pas à faire plaisir. C’est tout, je pense que c’est ça.
C’est encore plus beau quand on réussit comme ça, sans mettre d’eau dans son vin, non ?
C’est plus beau mais je prends plus de risques. C’est-à-dire qu’il y aura plus de virages, des virages plus serrés. Il va falloir que je contrôle. Le deuxième album va être pire. J’en ai rien à foutre.
On a vu des artistes se casser la gueule sur le deuxième album. Je pense à Ärsenik, par exemple.
Ouais, ouais. Si l’album se casse la gueule c’est qu’il devra se casser la gueule. Je suis pas en train de me dire « faut que le deuxième album soit mieux ». Je sais une chose, c’est qu’aujourd’hui ça peut marcher, demain ça marchera pas. Ceux qui m’encensent aujourd’hui vont me faire couler demain. Y a plein de rappeurs qui sortent un album ça marche et le lendemain ça va plus. Mon deuxième album peut-être qu’il ne marchera pas, j’en sais rien. De toute façon, j’ai déjà connu la hass au niveau de la musique. Ça changera rien. Je prends ce que j’ai à prendre.
Justement, treize ans de carrière, est-ce qu’à un moment tu t’es pas dit « putain, je galère, ça me fait chier » ? T’as jamais voulu laisser tomber ?
En treize ans je me le suis peut-être dit un million de fois. Et pourtant, je sais pas pourquoi, j’ai continué. J’ai un entourage qui m’aide. C’est tout. Hier, je parlais avec X, il me disait « un mec avec ton parcours, on a jamais vu ça ».
D’ailleurs, tu cites 2 Chainz dans ton album – « comme 2 Chainz j’suis venu faire des billions » – qui a un peu le même profil de carrière.
C’est un mec qui a percé tard…
Je pense aussi ouais. Il est âgé 2 Chainz.
Il a commencé avec le blaze Tity Boi à la fin des années 90.
Ouais, avec Cap-1. Oui, je pense que ça doit être un peu le même parcours. Mais on a pas le même bif !
À propos de changement de nom, quand est-ce que t’as lâché Fresh pour devenir Kaaris ?
Putain… 2005. Ou peut-être 2004, un truc comme ça.
En revenant de Côte d’Ivoire ?
En revenant du bled, ouais. C’est une histoire comme ça.
Pourquoi changer ? Ça te correspondait plus ?
Parce que Fresh, c’était pété. Non, j’ai toujours rappé hardcore, même quand je m’appelais Fresh. Si t’écoutes mes textes, c’étaient des textes hardcore. Un peu moins bien travaillés et moins bien posés, c’est sûr et certain. Avec une voix d’enfant, de gosse [ndlr, on doute que Kaaris ait jamais eu une voix d’enfant]. Sinon non, mon rap c’est toujours le même. C’est juste le nom que je voulais changer. Je trouve que Fresh ça fait débutant.
« T’es lourd, toi. Comment ça se fait qu’on te connaît pas ? » – Despo Rutti à propos de Kaaris
Comme tu dis, depuis le début t’as toujours eu le même style. Y a pas eu de vrai virage, tu l’as juste peaufiné, travaillé…
Si tu regardes bien, y a toujours le côté hardcore, cru et y a toujours des rimes un peu marrantes. C’est juste le flow qui a changé parce que l’époque a changé, mais sinon j’ai toujours rappé comme ça.
Pourquoi ça marche aujourd’hui et ça ne marchait pas il y a dix ans alors ?
C’est à cause de « Kalash » peut-être. J’ai eu l’exposition de Booba, c’est tout. Y aurait pas eu cette exposition je serai jamais sorti. J’ai vu pleins d’autres artistes qui ont écouté ce que j’ai fait, j’ai fait des feats avec eux qui ne sont jamais sortis… Parce que quand on est rentré en studio, je les ai découpés. Les feats sont pas sortis. Et ça je te parle de ça, ça date de 2005.
« Peut-être qu’y aura des mecs qui vont essayer de rapper pareil. Faut que je fasse en sorte d’être toujours en avance, tu vois. Éviter qu’ils me rattrapent. En même temps j’ai eu treize piges pour cogiter là-dessus donc ils vont avoir du boulot. »
Des noms connus ?
Des mecs voilà. Moi, tu vois j’aime pas… [ndlr, citer les blazes], tu vois ? J’ai fait des feats avec des artistes je les ai découpés. Ils comprenaient pas… Mais, ils ont jamais cherché à ce que je monte. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire… Il y a juste Booba qui a pris ses couilles et il l’a fait.
C’est Vendeur de Nah Nah avec Despo qui a retenu l’attention de Dj Medi Med?
Ouais ouais, c’est ça. Ça, c’était bien, une bonne connexion. Il me connaissait même pas, il est venu. Il devait un service à quelqu’un que je connaissais. J’ai dit au mec « s’il te plaît, fais-moi poser avec lui ». Son album sortait juste, il avait du buzz de ouf et il est venu poser avec moi. Il m’a dit : « T’es lourd, toi. Comment ça se fait qu’on te connaît pas ? »
Tu penses qu’il faut vraiment avoir la dalle pour s’imposer sur la scène rap ?
Ouais, c’est chaud. Le rap, c’est une musique de jeunes. Les jeunes mélangent un peu tout. Ils oublient que c’est de la musique, en fait. Ils pensent que c’est un truc, genre à partir du moment où t’es dans la rue tu dois faire du rap… En fait, c’est faux. Faut avoir une ligne directrice, faut tenir un cap et c’est un taf. C’est vraiment un taf.
Quand est-ce que tu t’en es rendu compte ?
Au moment du feat avec Nubi, je crois. J’écrivais déjà non stop, je m’arrêtais jamais d’écrire. Mais, je crois que c’est quand j’ai fait le feat avec Nubi que je m’en suis vraiment rendu compte.
Quand t’écris, c’est d’un trait en écoutant une production ou mesure après mesure, à l’inspiration ?
J’écris toujours sur la prod, mais j’écris rarement d’un coup. Ça dépend des morceaux. « Zoo », je l’ai écrit d’un coup. C’est le morceau que j’ai écrit le plus rapidement. Y a des morceaux où je me prends la tête. « Bouchon de liège », tout ça.
Quelles sont tes influences ?
T’as déjà évoqué Chief Keef, la scène de Chicago…
Ouais, toute cette vague m’influence. 2 Chainz aussi, comme tu dis. Y a plein de bons rappeurs, tu vois. C’est la nouvelle vague.
Dès qu’il a eu l’occasion, Booba a collaboré avec Akon, Rick Ross etc. Faire un feat avec un américain c’est un truc qui te tenterait sur ton prochain album ?
Si demain je peux le faire, je le ferai même si pour l’instant j’y suis pas. Sur le prochain album, ça m’étonnerait. Après, si demain vous voyez ça sur l’album, c’est que j’ai pu, c’est tout. C’est pas que j’ai essayé de vous mentir, tu vois… Ça m’étonnerait. Sur le prochain album, s’il doit y avoir des feats ça sera sûrement des rappeurs français.
Therapy seront encore à la prod sur le prochain album ?
Obligatoire. Therapy, ils sont quatre. Y en a un qui a fait « Binks » et qui a fait « 63 », lui n’est pas de l’école de Therapy. C’est un mec du 9-5, qui connait même pas Therapy à la base. Il a jamais écouté les instrus de Therapy. Ils sont quatre, c’est assez pour faire des instrus différentes. Après, s’il y a un mec qui sort de chez pas où, qui fait des instrus de ouf, on va prendre son instru. Mais là quatre, je trouve que c’est suffisant. Therapy 2093, 2031, Fantom et Zaz. C’est assez je pense.
« J’aime bien Broly mais je préfère Cell. »
Tu fais pas mal de références aux mangas, en tant que fans de mangas, on se demandait…
(Il nous coupe) Si vous êtes fans de mangas, vous allez me battre, moi je suis pas un super connaisseur de ouf.
Par exemple, Dragon Ball…
Ah, Dragon Ball, tout le monde l’a vu.
Dans la mesure où il débarque de nulle part avec des bras énormes, personne le connait et il dérouille tout le monde, est-ce que tu te considérerais pas un petit peu comme le Broly du rap game ?
J’aime bien Broly mais je préfère Cell.
Pourquoi lui ? Il change Cell.
Ouais, il change… Y a un truc chez Cell, je sais pas, je pourrais pas t’expliquer. Y a un truc. C’est triste et en même temps… Il absorbe, il se nourrit des autres. Mais oui, Broly aussi est lourd. Même si je préfère Cell, je vois ce que tu veux dire.
Concernant tes références encore : tu évoques les Super Novas, Cap Canaveral, l’univers en expansion, le CNRS ou encore la Fusée Ariane dans tes textes… T’es un passionné d’astronomie ?
Non, je m’intéresse, c’est de la culture générale. Quand les rappeurs sont cons, ça s’entend.
Du coup, en parlant d’astronomie, t’as maté Gravity ?
Gravity…? Ah, le dernier film qui est sorti avec Georges Clooney et l’autre là ? Non, j’ai même pas le temps d’aller au cinéma là. Par contre j’ai vu le film de Tom Cruise, Oblivion. Peut-être des gens ont pas trop aimé, il est un peu compliqué mais moi j’ai kiffé.
Ça parle d’un mec qui se fait doubler par ses clones. Est-ce que de la même façon tu penses que des rappeurs qui envient ton succès et vont essayer de te doubler en reprenant ton style ?
Ouais, peut-être qu’y aura des mecs qui vont essayer de rapper pareil. Faut que je fasse en sorte d’être toujours en avance, tu vois. Éviter qu’ils me rattrapent. En même temps j’ai eu treize piges pour cogiter là-dessus donc ils vont avoir du boulot.
« Je cherche même pas à déménager, vivre ailleurs ou je sais pas quoi, je m’en bats les couilles. Je fais mes concerts et si demain y a personne qui vient je recommence ma petite vie tranquille. »
Justement, ça fait treize piges et tu dis « je m’arrêterai quand y aura plus de rides sur mon front que sur mes couilles ». Tu te vois encore rapper dans dix ans?
Non. Sûr et certain.
Tu t’arrêtes avant d’être rincé, d’avoir plus de jus ?
Non, c’est même pas ça. Franchement, c’est pas une fin en soit, tu vois. Comme je te l’ai dit et répété, j’ai galéré donc voilà. Aujourd’hui j’ai eu ce que je voulais, j’en demande même pas plus. Je cherche même pas à déménager, vivre ailleurs ou je sais pas quoi, je m’en bats les couilles. Je fais mes concerts et si demain y a personne qui vient je recommence ma petite vie tranquille. Dans dix ans, je rapperai plus, c’est sûr et certain. Sûr et certain.
Y a des rappeurs qui aime bien faire une trilogie d’albums. Trois albums, c’est un truc qui te brancherait ?
Non parce qu’en fait, comme j’essaie de t’expliquer, je ne me projette pas. Y a pas de trilogie… Imagine je te dis je veux faire une trilogie, j’arrive pas à la faire. Ça se trouve je vais faire que deux albums, ça se trouve c’est même mon seul album. Et si c’est le seul album, c’est bien, non ? Les gens ont kiffé, j’ai apporté quelque chose. J’ai fait changer un truc. Ils sont tous K.O. et c’est bien, je suis content.
Dans quel état d’esprit tu rentres ce soir sur scène ?
Là ? Je vais tout baiser. Y a pas d’état d’esprit avec moi, je monte sur scène pour tout baiser.
Comme tu sais, c’est L’Original qui organise cette date. On a entendu des bruits comme quoi tu serais de retour pour le festival en avril, tu confirmes ?
Je sais pas. Si je dois venir, vous le saurez. Si on m’appelle, je viens. Pas de problème.
Interview réalisée avec Antoine Laurent