Interview par VXA
Photo de couverture par Nicolas Stankova
Tapez donc Valentin Petit sur Google et vous trouverez le CV de ce jeune homme au talent extraordinaire, âgé de seulement 22 ans. Le jeune éleveur de serpenteaux est aussi un film-maker hors-pair et vous découvrirez au long de cet entretien ses dernières oeuvres. De la partie de BMX pour Crime (Bourges) au dernier clip de notre cher A2H national (Paris), Valentin excelle dans tous les milieux de la vidéo. Si si ! C’est avec un immense plaisir après avoir terminé l’interview de Ben Lorph, photographe pour certains lives de C2C, que j’attaque celle de Valentin, originaire de Bourges, expatrié à Montpellier. Il est 2h du mat’ …
SURL : Alors la première chose que je voudrais savoir et que pas mal de gens aussi à mon avis, c’est comment tu es arrivé là où tu es aujourd’hui ? Plus exactement, qu’est ce qui t’a donné envie de créer, de filmer ou encore de photographier ?
VP : A vrai dire, je me suis retrouvé ici par accident, dans tous les sens du terme ! En effet, il y a quelques années, j’étais un gros pratiquant de sports extrêmes : motocross, dirt , roller… Avec pas mal de blessures à mon actif, dont une qui a failli très mal tourner : deux ans d’arrêt de sport, impossibilité de remonter sur un truc qui roule. Grosse frustration personnelle durant ma convalescence qui s’est traduite par une focalisation de mon attention sur les médias numériques, en particulier sur la vidéo. J’ai toujours été passionné par cet art et par le graphisme de manière générale. C’était l’occasion ou jamais de se lancer ! J’ai participé à des contests vidéos internationaux que j’ai remporté deux années de suite. Des marques de sports se sont intéressées à moi et ont commencé à me donner des fringues, puis de l’argent afin investir dans du matos et sortir des vidéos de meilleures qualité… L’engrenage est lancé !
Au même moment, je quitte Bourges pour débuter mes études d’arts appliqué à Lyon : révélation personnelle dans mes études, jumelée aux bonnes rencontres m’ont propulsé dans le milieu de la vidéo musicale. Actuellement, je suis à Montpellier et j’essaie concilier mes projets personnels et mes études de communication visuelle qui sont prioritaires dans mon emploi du temps très serré.
Je sais que tu pratique le Motocross, roller et le longboard, j’espère que tu trouves encore le temps d’en faire. C’est cette autre passion qui t’as amené à créer cette Part pour le collectif Crime de Bourges. Expliques-nous un peu le principe du « Nike Chosen » et comment as tu créé cette vidéo ?
Evidemment que je ride toujours ! Je viens de ce milieu, c’est mes racines. Pour rien au monde je lâcherais cela ! Actuellement, je pratique moins car il faut faire des sacrifices et mes priorités ont changé. Je prends toujours autant plaisir à kicker des jumps de 25 mètres en motocross, me jeter sur des rails en roller ou encore descendre à pleine bourre les pentes de Montpellier avec les gars de l’assos’ de longboard ! Concernant Crime BMX, à la base, ce sont mes potes. On m’a motivé pour participer au contest mondial organisé par Nike et nous avons bien fait parler de la Crew : premiers mondiaux en BMX ! Malheureusement, nous n’avons pas gagné toutes catégories confondues : skate, BMX, surf… C’est très difficile de déloger des ricains quand tu viens du fin fond de la France (rires) !
Le tournage était vraiment fun : en 2 ou 3 jours nous avons parcouru 3 villes différentes du centre de la France, sans mentionner les soirées excessives. Des très bons souvenirs. J’ai essayé de donner un semblant de direction artistique afin que le tout soit cohérent. C’est vraiment à ce moment là que j’ai vu la masse de personnes qui me soutenait ! Cela m’a fait vraiment chaud au coeur et ce sentiment de reconnaissance me pousse à faire de mieux en mieux afin de ne pas décevoir. Je retrouve les sensations que j’avais dans le sport extrême lors de mes projets: stress, adrénaline, remise en question permanente sur tes capacités… Bref, je me sens vivant !
Je vois ensuite que l’utilisation du GlideCam – un stabilisateur de poing pour caméra – et de la grue t’ont changé la vie. Du coup ton style à beaucoup évolué de la part’ de Crime à la part de Marien Devillard pour le « Sosh Urban Motion ». Qu’est-ce qui t’as permis de faire évoluer ton style de prise de vue pendant presque un an ?
Le travail ! En effet, entre ses deux vidéos, il s’est passé énormément de choses. Je bosse beaucoup avec des artistes dans le domaine musical me permettant d’avoir une nouvelle approche du milieu vidéo. Grâce à la musique, j’ai pu faire un peu d’argent systématiquement ré-investi dans la vidéo. Je progresse avec mon matériel sans sauter d’étape et mes études complètent cette formation personnelle et professionnelle. De plus, je fouine en permanence sur le web, dans les bouquins et autres afin dénicher les vidéos, photos, typographies et tendances à venir. Je me nourris vraiment de cela afin de rester dans le coup et augmenter mon capital culture : c’est primordial !
Peu avant la dernière Part de Marien en avril, tu tournes le clip de « Ailleurs » avec Nemir et Deen Burbigo. Comment es-tu arrivé dans le milieu du rap pour clipper avec ces gars là ?
Une fois de plus, le travail provoque les bonnes rencontres ! Tous les projets que tu montes qu’ils soient personnels, alimentaires ou autres sont susceptibles d’être vus par des gens influents. Le développement d’internet et des réseaux sociaux permettent d’avoir une meilleure visibilité donc c’est plutôt dans ton intérêt de ne rien négliger. Pour « Ailleurs », c’est mon pote Ilia aka Everydayz qui a parlé de moi à Nemir, suite au projet « Temps Mort » que nous avions réalisé ensemble. 3 ou 4 jours avant le tournage alors que je ne le connaissais même pas, Nemir m’appelle plein de fougue, comme à son habitude, pour me proposer une collaboration. Cette crapule à su utiliser les bons arguments pour me séduire et hop, quelques jours après Nemir et Deen débarquent chez moi pour un tournage à l’arrache ! Notre complicité et leur bonne humeur ont fait mouche malgré le peu de moyens mis en oeuvre et le manque de préparation en pré-production. Désormais c’est devenu de bons potes avec qui je continue de travailler, par exemple sur « Wake up » avec Nemir et Alpha Wann.
Rien à voir, mais pourquoi donc l’élevage de serpent ? Je me souviens avoir vu passer sur Facebook une photo d’une pièce «spéciale serpents» dans ton appartement de Lyon. Est-ce que tu le fais toujours à Montpellier ?
La pièce spéciale serpents n’était que mon entrée d’appart’ ! Evidemment que j’ai toujours mes protégés ! J’ai même deux nouveaux pythons. Je partage mon petit appart de Montpellier avec une quinzaine d’espèces différentes. Comme le sport extrême, les animaux et plus particulièrement les reptiles sont des éléments qui me définissent et me passionnent. Etant plus jeune, je désirais être biologiste mais la réalité du métier m’a poussé à poursuivre cette passion chez moi en temps que particulier. Les serpents, lézards et amphibiens sont des animaux passionnants. Je passe des heures à les observer et à me documenter sur eux. Je reproduis avec grande fierté la plupart de mes espèces chaque année! Tout me passionne en fait, c’est un peu mon problème… J’ai du mal à me focaliser sur une seule chose mais avec la maturité cela s’arrange. Je parle comme un vieux !
Pour en revenir aux chose sérieuses, C’est le clip de Nemir et Deen qui t’as permis de mettre un pied dans «L’Entourage» ?
Je ne sais pas si j’ai un pied dans L’Entourage mais il m’arrive de les fréquenter pour des raisons professionnelles ou personnelles. Depuis le début, je revendique ma totale liberté face au travail que je mène. Je ne veux pas appartenir à une famille particulière, label ou autres. Ce qui m’intéresse à terme, c’est le long métrage. Le rap, le sport extrême ne sont que des étapes dans ma construction personnelle, un échelons dans ma progression. Ce brider à une famille ou autres serait suicidaire dans la mesure ou tu as des projets personnels plus ambitieux. Pour moi, c’est le cas…
Pour me réchauffer le coeur et continuer à trouver l’inspiration pour préparer mes questions, je me suis refait le clip d’A2H, « Mon rap ». Comment as-tu bossé pour ce clip ?
Bosser avec A2H fut une grande fierté et un énorme plaisir. En effet, j’écoute ce rappeur depuis pas mal d’années et j’aime vraiment ce qu’il fait ! Nous nous sommes rencontrés pour la première fois au concert de la Fronce à La Machine. Il est venu me parler et me proposer une collaboration vidéo que j’ai acceptée sans hésitation. Puis, ce fut le même schéma que Nemir : A2 me préviens une semaine à l’avance qu’il débarque à Montpellier alors que je suis en pleine période d’examen…Chaud ! J’avais carte blanche pour la réal’ et nous avons fait un petit clip sans prétention sur une journée entière, accompagnés de mes potes. Le rendu fut cool malgré le peu de préparation pour ce projet. Nous avons passé 3 jours ensemble sur Montpellier à chiller et bien manger ! Un de mes meilleurs souvenirs de 2012, surtout pour mes voisins : monsieur A2H aime bien écouter du son et rapper à 6 heures du matin la veille du tournage…
Lâche le lieu du tournage, qu’on aille aussi profiter de ce magnifique ciel bleu !
A Sète mon gars ! C’est vraiment magnifique et je me rends compte de la chance que j’ai de faire mes études dans le sud.
Avant de boucler cette interview qui vire à l’interrogatoire, une question très basique. Quels sont tes projets du moments et tes prochaines sorties ? Peut-on avoir des indices ?
Mes projets sont divers et variés mais surtout denses. Mon projet à court terme ? L’obtention de mon BTS afin d’intégrer les arts décoratifs de Paris. Niveau vidéos, la sortie très prochaine du clip PMPDJ qui me tiens énormément à coeur, avec un parti pris très violent au niveau de la réalisation (NDLR : le clip est depuis disponible, visible ci-dessous). Cela introduira mon changement de style pour les futurs projets, plus noir et violent. Dans le courant de l’année, la sortie d’un nouveau projet avec Everydayz, faisant suite à « Temps Mort ». Il y a aussi quelque chose avec un groupe de musique nommé Chevalien, inconnu à l’heure actuelle. Un projet totalement barré qui fera parti de mon « nouveau style » que j’aimerais développer dans les futurs projets. Ce sont des projets qui vont me sortir peu à peu du rap français pour aller vers le court-métrage et à long terme le long-métrage, je l’espère. J’aimerais beaucoup bosser avec les Américains, je suis en contact avec certains rappeurs très influents… Je vais voir ce que cela donne. Ah j’allais oublier, j’ai prévu de dormir un peu aussi !
Concernant le projet avec PMPDJ, il paraît que ton appartement s’était transformé en studio lors du tournage …
Concernant le groupe PMPDJ, les premiers contacts se sont fait naturellement. En effet, je gravitais dans la sphère des artistes via mes anciennes collab’ et je suis resté plus de 2 mois sur Paris dans le cadre de mon stage scolaire: cela facilite les rencontres. Un soir, Gab des Set&Match m’a proposé de passer chez MIM, beatmaker de PMPDJ, histoire de chiller et écouter les nouveaux projet en cours. Le feeling est super bien passé avec MIM, j’ai eu la chance de découvrir ses instrus totalement dingues où je retrouve des influences comme Amon Tobin qui me parlent réellement ! Par la suite, j’ai rencontré Grems, que je connaissais déjà, ainsi que le reste de la troupe. Nous avons embrayé sur l’écoute du projet en studio ou j’ai eu la chance de sélectionner un titre bien particulier : le plus « technique » à retranscrire en vidéo pour moi… Ce fut une réelle mise en danger personnelle permettant d’initier de nouveaux partis pris cinématographique tel que le Giallo, un style de cinema italien avec une imagerie plus sombre utilisant des codes couleurs artificiels bicolores. Je ne voulais surtout pas décevoir le groupe car ce sont des personnes que j’écoute depuis un certain temps à qui j’accorde un respect et crédit particulier. Je me suis fais plaisir, une direction artiste totalement libre, une confiance totale des artistes… Bref que du positif. Ce projet est le pivot qui influencera fortement mes nouveaux projets qui sortiront à partir de fin février, début mars 2013 avec Everydayz & Chevalien.
Merci à toi Valentin d’avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions pour SURL. Je ne peux que de te souhaiter une belle carrière. Autre chose à rajouter ?
Merci à vous pour cette petite interview et une très bonne continuation au blog que je suivrai avec attention !