Venu des tréfonds de la Beast Coast, Joey Badass n’en finit plus d‘enchanter le monde. Un premier album sur les rails l’année de ses 20èmes bougies et un tour planétaire modestement intitulé « World Domination ». De quoi choper des chevilles dignes de Kanye West, souffleraient les haters. Nous sommes allés à la rencontre du phénomène lors de sa venue au festival L’Original, à Lyon, en juin dernier. Histoire de vérifier si la flamme était bel et bien présente.
Le jeu du rap pardonne peu. Une faute de gout, un ralentissement, et une carrière peut finir très vite dans le fossé. À tout juste vingt ans, Bada$$ semble être très conscient de tout cela et l’auteur de B4.DA.$$, l’un des albums les plus remarqués de 2015, a l’air plus concentré que jamais lorsqu’on l’aborde pour le filmer. Trônant dans un large fauteuil avant son show, Joey se repose. « Il a la voix fatiguée ce soir », nous avait-on prévenu aux abords de sa loge. Car interviewer un MC à l’aura grandissante, c’est d’abord gérer son entourage en tournée. De son stage manager protecteur qui t’indique les questions éviter, à la team Pro Era, mêlant leur fougue adolescente à la rigueur stalinienne de leur DJ, Statik Selektah.
Être la tête d’affiche d’un festival français quand on est un jeune rappeur new-yorkais peut vite vous transformer en bête de foire dont l’intérêt n’a plus rien à voir avec la musique. On comprend que nos premières questions écopent d’une distance de rigueur, mais le jeune new-yorkais finit rapidement par coller à l’image qu’on a de lui. Un jeune gars passionné, capable de s’enthousiasmer sur les sneakers des mecs qui l’interviewent, sur la carrière de Sizzla et l’impact du hip-hop sur la globalisation. Oh, et d’en balancer une violente sur Bruce Jenner aussi.
Et quand un peu plus tard sur scène, malgré la fatigue, on redécouvre le rappeur en question survolté qui embrase une foule en un 16 bars, on se rappelle pourquoi on aime le rap. Pour sa capacité à accoucher de légendes.
Vidéo réalisée par Jonathan Morel