La rubrique #VIEW de SURL vise à mettre en lumière le travail de certains artistes, photographes et autres graffiteurs. Les images parlent d’elles-même et ne nécessitent, le plus souvent, que très peu de mots pour situer le contexte. Aujourd’hui, focus sur le photographe parisien Kevin Jordan.
Kevin Jordan a 27 ans. D’origine irlandaise et allemande, il grandit à Aubervilliers, fait une école de commerce, vit 8 mois en Chine et finit par travailler dans l’événementiel culturel. Fin 2011 il décide de voir ailleurs, s’envole pour Montréal : « J’essaye de trouver un travail dans ma branche, sans succès. À cause de mon visa et du fait que je sois français. Oui, beaucoup de Québécois n’aiment pas les Français et je les comprends. » Il fait alors un point sur sa vie, remet en question ses priorités et se lance dans la photo. « J’ai eu mon premier réflexe fin 2009, un Nikon d80. Au début, je ne faisais que de la photo de rue. J’aime vraiment cette discipline, le défi de capter un instant, de ne pas se faire voir, d’être invisible, en quelque sorte. Je suis quelqu’un de timide, la photo me permet d’engager la conversation sans avoir à trop parler. »
Aujourd’hui, il se focalise davantage sur le portrait et les décors épurés, les lignes verticales, horizontales, l’architecture. « Je fais toujours de la photo de rue mais j’ai bizarrement plus de mal qu’avant. » À son retour en France en février 2013, il se donne pour objectif est de vivre de la photo. Il se donne cinq ans. Pari réussi deux ans plus tard.
« L’envie de documenter le rap date de novembre 2014. Je louais ma chambre à un pote, à Aubervilliers. Un jour, il me demande s’il peut organiser chez moi un shooting pour Candy Cotton. C’est une marque de vêtement, le créateur de la marque est aussi photographe et fait des clips. Il est très proche de L’Entourage. » Il accepte, prends lui aussi quelques photos et commence à tisser des liens avec les artistes : « Le plan c’était deux meufs aux côtés de Deen Burbigo. J’ai fait quelques photos ce jour-là et ils ont bien kiffé. Quelques mois plus tard, on a fait une petite session portait vers Montmartre. C’était une première pour moi. Tout se passe nickel, les photos font plus de 20 000 likes… ça veut pas dire grand chose mais quand même. » L’opportunité se transforme en vocation : de fil en aiguille, il contacte d’autres rappeurs français et multiplie les clichés. Son envie se précise : d’ici deux ans, regrouper le tout dans une expo, voire dans un bouquin. Le rendez-vous est pris.