À l’invitation de Notorious et Panthers Prod, le Chicagoan Mick Jenkins foulait les planches du Club Transbo (Lyon) en octobre dernier pour confirmer tout le bien qu’on pensait de lui. Son dernier projet, The Healing Component, est une douce pépite comme on en fait peu. Nous avons accompagné le prometteur MC avant le concert, et nous sommes entretenus avec lui quelques minutes avant qu’il monte sur scène.
Naître et grandir à Chicago, et comprendre dès sa vingtaine que les gens ne tombent amoureux de leur propre souffrance que malgré eux. Dans son dernier opus, The Healing Composent, sorte de grande métaphore filée prétexte à parler du malaise existentiel lié à l’amour, Mick Jenkins s’enfonçait un peu plus dans cette nuit où règnent les puissances qui gouvernent le coeur et ses désirs. En se posant humblement dans la position du gibier défiant du regard le calibre de Cupidon, le jeune Chicagoan nous servait d’éclaireur dans une sorte de road movie intérieur poétique, ponctué par de vrais-faux entretiens avec une énigmatique figure féminine, l’interrogeant sans cesse sur son rapport à l’amour. Ou comment, peut être, à trop chercher à se déchiffrer dans le miroir de l’autre, on en finit par oublier sa propre voix intérieure.
Quand on le rejoint aux abords du Transbordeur, on est d’abord surpris par la nonchalance du rappeur qui se prête malgré une fatigue évidente à un shooting devant un graff à son effigie. Carrure longiligne et charpentée, Mick se déplace en skate sur le bitume lyonnais de la même façon que sa voix de baryton glisse sur les beats d’orfèvre qui jalonnent son dernier album : avec fluidité et assurance. Revenus dans les loges pour quelques minutes détachées volontairement du cirque promotionnel, on délaissera donc nos questions usuelles pour aborder l’intimité et évidemment, l’amour. Un moment suspendu entre pudeur et lucidité.
Vidéo réalisée par Jonathan Morel, assisté par Bogus