Vous l'avez vu au cours de la semaine : cette fin d'année a été l'occasion pour SURL de claquer une double bise à 2016 avant de lui planter un couteau dans le dos, afin d'ouvrir les bras à une année 2017 que l'on espère moins lourde à supporter. Après la sélection de nos meilleurs punchlines, tracks et albums de l'année, tout en honorant les classiques devenus vingtenaires cette année, c'est désormais vers l'avenir que nos oreilles se tournent. Voici les 17 visages, connus ou pas, sur lesquels nous miserions les yeux fermés pour tout rafler en 2017.
En 2016, le rap est omniprésent dans toutes les villes du monde entier. Et ce n'est pas ton cousin de Clermont-Ferrand qui essaye de percer depuis des années dans le rap conscient qui nous contre dira. Aussi, il devient de plus en dur de se jouer les dénicheurs de talents, au vu de la profusion d'artistes émergeants, se passant souvent de supports de com usuels pour prendre le game par surprise. Face à ça, deux positions s'offrent à nous en tant que média. Soit on attend que le vent tourne un peu, quitte à jouer les girouettes et se ruer au dernier moment sur l'artiste qui explose avec la célérité d'un Télérama découvrant PNL deux ans trop tard, ou alors se prendre pour les voyantes du game. On ne vous cache pas que l'on adore jouer avec nos grosses boules de cristal.
Pour ne pas que tu t'en veuilles d'être passé à coté de la nouvelle Beyoncé, on a savamment détecté dans nos radars, aidés d'algorithmes dignes de la NASA et d'un flair que nous envient les chiens renifleurs de la douane colombienne, les jeunes pousses, rookies et stars en devenir qu'on espère voir tout défoncer en 2017. Comme nous l'avions fait l'année dernière. Tu pourras toujours dire à tes potes "je préférais quand ils étaient pas connus" en te vantant de les avoir découvert bien avant tout le monde, on ne t'en voudra pas. L'histoire dira si nous faisons de bons sélectionneurs, en attendant, Guy Roux n'a qu'à bien se tenir !
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TOPAZ JONES (New JERSEY)
Rappeur du New Jersey âgé de 23 ans, au rap gorgé d’influences funk et soul, qui possède un style bien à lui. Sorti fin octobre, son projet Arcade dessine un groove impeccable et subtil, et prouve que même en 2016, on peut écouter un disque en boucle. Sur un mélange savamment dosé d’instruments live et de beatmaking, il est capable de chanter sur des guitares rock, et de kicker sur une rythmique boom bap le couplet d’après. C’est sûr, Chance The Rapper et Anderson Paak ne vont pas rester seuls sur leur terrain de jeu, car Topaz Jones a tout pour prendre de l’ampleur.
TRIPLEGO (MONTREUIL)
En 2016, on a longuement disserté sur Triplego. Il faut dire que leur musique, sombre et cotonneuse, nous est apparu comme une version inédite, terriblement séduisante et aboutie d’un cloud rap encore embryonnaire dans le rap français. Mais le timbre de Sanguee et les productions de Momo Spazz savent aussi se faire doux et lumineux, toujours empreints d’une certaine langueur. Après avoir pointé un faisceau inquiétant sur Montreuil, ils ont contaminé au delà : il fallait les voir sur la scène des Nuits Fauves, transformer leurs lentes balades en hymnes incandescents. En 2017, on fera un bond vers 2020, le titre de leur prochain EP, forcément très attendu et qui devrait leur faire prendre une nouvelle dimension. On y croit dur comme fer.
67 (LONDRES)
67, soit l’indicatif téléphonique de Brixton Hill, au Sud de Londres. Un nom de groupe tout trouvé pour les six rappeurs qui composent 67 : LD, Dimzy, Monkey, SJ, ASAP et Liquez. Un quartier qui a donc inspiré leur appellation mais qui leur a surtout donné une vie et des expériences à raconter dans leur musique. Ces jeunes anglais comptent bien surfer sur le récent regain d’intérêt pour la scène rap british pour faire leur trou, mais ne se contentent pas pour autant de calquer les méthodes et styles de Skepta et autre Stormzy qui ont fait leur preuve ces deux dernières années. 67 propose un produit noir, crasseux, qui se rapproche davantage de la drill de Chicago que du grime. Mais avec le côté londonien en plus. Adoubé par Giggs, l’un des pionniers du rap anglais, le groupe cumule aujourd’hui les centaines de milliers de vues, attisent les curiosités et nous donne foutrement envie d’enfiler une parka North Face et de marcher dans Londres sous la pluie. Et ça, c’est quand même fort.
RUSS (ATLANTA)
Si la planète rap a les yeux bien rivés sur Atlanta depuis quelques temps, Russ vient confirmer les faits de façon surprenante. Point de trap lourde ou de gros sons de basses chez ce nouveau boom qu’un critique de Pitchfork a déjà qualifié de « lien manquant entre G-unit et Kid Cudi. » Rap et chant subtilement dosés, voix cassée et belle gueule italo-américaine, Russ a cultivé sa différence dans l’ombre (déjà 11 albums à son actif…) avant de récolter les fruits de son travail et de prendre un virage ultra serré de popularité dont il se protège déjà en critiquant l’industrie. Ses concerts ultrablindés outre-Atlantique confirment que Russ a enregistré en 2016 la fanbase la plus hétéroclite et florissante du rapgame. Programmé dans les festivals européens en 2017, le phénomène arrive pour tester la température en Europe et vient de signer chez Columbia Records, ce qui est plus que prometteur.
LEIKELI47 (BROOKLYN)
Kalash Criminel, version femme, non-albinos et de Brooklyn. On rigole, bien sûr : le seul point commun entre le rappeur de Rougemont et Leikeli47 est leur amour pour la cagoule. Le premier est adoubé par les piliers du 93 et a explosé en 2016, la seconde a été invitée sur la scène du Madison Square Garden en 2015 par Skrillex et Diplo après avoir sorti deux grosses mixtapes. Depuis, Leikeli47 s’est faite relativement discrète et n’as pas pris l’ampleur qu’elle aurait pu (dû ?) prendre en tant qu’artiste avec de tels soutiens. Nous l’avions presque oubliée. Mais voilà que fin 2016, la rappeuse de Brooklyn revient avec le banger « Money » et nous balance une énorme claque. On retrouve la force de frappe de cette artiste qui chante, rappe, compose et incarne véritablement le rap de son époque. Complexe mais décomplexé, l’oeuvre de Leikeli47 est au croisement des meilleures heures d’Odd Future et de la vibe « tomboy rebelle » de Princess Nokia, autre rappeuse de New York qui figure dans cette liste. Plusieurs années après ses débuts (sa première mixtape remonte à 2013) et sans jamais avoir réussi à convertir l’essai, Leikeli47, dont on ne sait ni l’age ni l’identité, semble nous envoyer un message avec « Money » : elle va au tapis en 2017 en balançant tous ses jetons au centre de la table. Pour elle, c’est maintenant ou jamais. Et on a tendance à croire que cela sera plutôt maintenant que jamais.
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