« You on point Phife? – All the time, tip. » Malik Isaac Taylor, aka Phife Dawg du groupe A Tribe Called Quest, est décédé hier, mardi 22 mars. Le rappeur, grand amateur de sport et épicurien réputé, avait des problèmes de santé depuis de nombreuses années. Celui que l’on surnommait « The Funky Diabetic » à partir de 1990, du fait de ses mauvaises habitudes alimentaires et de son goût prononcé pour le sucre et l’alcool, a eu de sérieux problèmes rénaux tout au long de sa vie. Au point que sa femme ait dû lui donner l’un des siens en 2008. Alors qu’il semblait en rémission depuis, la mort l’a finalement emporté à l’âge de 45 ans.
Dès qu’il est question d’évoquer Phife Dawg et son légendaire groupe A Tribe Called Quest, beaucoup de clichés resurgissent. Ceux de rappeurs souriants aux vêtements bariolés qui kickent des lyrics abstraits sur des beats jazzy. Les symboles d’une soi-disant époque dorée du rap US, coincée entre la fin du mouvement Native Tongue et l’avénement du gangsta rap. Mais avant de devenir ce mythe installé durablement dans la constellation du rap mondial, Phife Dawg et ses compagnons d’armes ont fait leurs armes micro en main, dans un apprentissage sans filet du game. Chuck D avait Flavor Flav, Q-Tip avait Phife.
Dans Beats Rhymes & Life, le documentaire de l’acteur Michael Rapaport sur ATCQ, on se remémore de cette scène ou un Phife Dawg souffrant s’embrouille backstage avec son partenaire de rimes Q-Tip. Un Q-Tip inquiet à la fois pour la santé de son ami et la survie du groupe à la maladie de Phife. De quoi rappeler à tou(te)s que si il prend souvent des airs de sprint, le rap est avant tout une course de fond.
Et comme il est toujours plus habile de se souvenir d’un artiste en écoutant son oeuvre, Sims du collectif NOw FUTUR a ressorti un excellent mix de 2015, intitulé « Tribe Roots » et réalisé dans le cadre de sa série « Sims Samples ». Dans cette dernière, l’ancien DJ de la Scred Connexion lie habilement artistes sampleurs et artistes samplés en mélangeant morceaux originaux et réappropriation. « Tribe Roots » revient donc, en l’espace de 30 minutes, sur l’incroyable oeuvre d’ATCQ. Rest in Power, Phife.