Un collectif de quatre new-yorkais qui se revendiquent autant du punk que de Cam’ron, ça existe. Et ça marche. Wiki, SPORTINGLIFE, RACERRA et HAK, auto-proclamés « bâtards », forment Ratking et ruineront tes oreilles le 8 avril prochain avec la sortie de leur debut album, So It Goes.
A la tête du collectif, Wiki, 20 ans au compteur, dont le premier titre « Wikispeaks » avait fait quelques vagues sur la toile au moment de sa sortie. Aussitôt comparé à Eminem pour son flow crispé, élastique et, surtout, comme tout rappeur peu bronzé, pour la couleur de sa peau, le jeune rimeur d’Harlem a commencé la musique en chantonnant des covers de Germs à l’école. A l’époque, il écoute du punk et oublie les baggys : “J’ai toujours aimé le hip hop, mais quand je suis arrivé au collège, je suis devenu dingo des Ramones. Je mettais des pantalons serrés et des vestes en cuir. Incroyable, a-t-il confié lors d’une interview avec Complex. C’est après que je suis passé au Wu-Tang. Direct. J’écoutais que ça, Wu, Nas, Biggie, on pouvait rien me faire écouter d’autre.” Ses cinq rappeurs préférés : Big Pun, Juvenille, ODB, Cam’ron et Buckshot. Et même si les gens l’ont davantage comparé à Buckshot, corrigeant la facile mais subjective affiliation avec Slim Shady, il estime avoir un autre mentor : “Cam’ron, en premier.”
Des icônes qui influence le jeune emcee et qui favorise de nouvelles rencontres, jusqu’à la formation de Ratking. L’esthétique du groupe est celle du hip hop des nineties : des jeunes qui graff, qui sautent les tourniquets du métro et qui s’amusent des courses poursuites avec la police. Un peu convenu, en somme. Pitchfork n’avait d’ailleurs pas manqué de leur reprocher au moment de la sortie de leur premier EP, Wiki93, en 2012. Une bonne image, c’est bien, un peu de teneur dans le discours, c’est mieux. L’occasion de rectifier le tir se présente pour le quatuor : avec la sortie d’onze nouveaux titres sur leur premier LP, So It Goes, signé chez le label new-yorkais Hot Charity et distribué par XL Recording, Ratking veut passer un palier. Ligne conductrice : le portrait d’une journée à NYC. Pour ceux qui auraient du mal à imprimer, c’est aussi un plan de la grosse pomme qui fait office de pochette, et leur premier single « Canal », nous emmène lui aussi dans les rues de… et oui, New York.
Mais voilà : pour l’instant, le peu que l’on puisse en entendre, c’est pas mal. C’est pas mal et c’est surtout prometteur même si, pour l’instant, Wiki semble clairement au dessus du lot. C’est mixé par Young Guru, l’homme derrière dix des onze albums de Jay Z, aussi. Côté featurings, XL Recording ne ne s’est visiblement pas privé d’aller piocher dans son écurie puisqu’on retrouve le petit génie King Krule mais aussi Wavy Spice a.k.a « Bitch I’m Posh » et Salamon Faye.
Mais c’est de la scène que la surprise pourrait bien venir. Le groupe, bercé au punk, rêve tout naturellement de shows hip hop d’une autre densité. “Les concerts de rap sont souvent nazes, confiait SPORTINGLIFE toujours pour Complex. Tu veux voir un putain de show ? Va voir Bad Brains. C’est que ce j’ai envie de voir à NY. Un truc organique, rien à foutre des genres. Je voudrais que les gens qui en ont le pouvoir fassent des bêtes du trucs (…) Les gens doivent commencer à prendre des putains de risques. NY a trop peur. » En assurant la première partie de la tournée de Death Grips pendant de longs mois, ils se sont déjà bien entraînés. Espérons déjà que les kids transforment l’essai. Et alors un jour qui sait, pourquoi pas, New York.
PS : on vient à peine de boucler l’article qu’ils sortent le clip de la boucherie « So Sick Stories » avec le
talentueux gamin King Krule.