Vendredi 30 novembre, c’est candide que nous nous sommes lentement dirigés vers le Ninkasi Kao, à Lyon, pour souhaiter la bienvenue à Tech N9ne dans l’hexagone. Candide oui, car nous étions loin d’être préparés à être secoués de la sorte.
Les deux lyonnais Liqid et Tcheep ont gentiment ouvert le bal avec une performance originale, à base de live MPC sur rimes du emcee aux mono-sourcils. On a franchement apprécié la mise en scène, la performance et le côté novateur de leur set. Malgré un public pas forcément réactif, les deux gones ont su préparer la salle à la venue des pointures kainris tout en laissant une impression positive aux deux-trois centaines de personnes présentes au Kao. Good job.
Premier évènement de la soirée : Ju-Ju et Psycho Les, a.k.a The Beatnuts, débarquent sur une scène où l’on n’attendait qu’eux. Classique après classique, les deux new-yorkais nous rappellent à tous que deux padres du hip hop sur une petite scène, ça envoie du paté. On était aux anges d’avoir la chance d’entendre des « Off The Books », des « No Escapin’ This » ou des « Hit Me With That » en live. Le genre de truc que t’es heureux de voir au moins une fois dans ta courte vie. Les deux bonhommes avaient certes pris un petit coup de vieux, mais leurs classiques demeurent intemporels. Sur « Watch Out Now », quelques naïfs espéraient une apparition surprise de Jennifer Lopez, mais non. Faut pas déconner non plus.
22h30. Enfin. « Wassup? It’s me, Caribou Lou again / Tech N9ne! / Kansas City, fuckin’ hooligan ». Même si avec le recul on s’est rendu compte qu’on était pas vraiment préparé pour le show du « number one independant rapper in the world », on attendait quand même ce petit évènement avec impatience. Quand Krizz Kaliko débarque sur scène avec son maquillage habituel et une énergie de malade, on se rappelle tout de suite pourquoi un concert de hip hop c’est quand même bien plus communicatif qu’une performance live d’un autre genre. Puis, enfin, Aaron Dontez Yates se dévoile au public lyonnais, peinture sur la gueule comme à son habitude, façon Mel Gibson dans Braveheart venu lutter pour clamer son indépendance musicale, on commence à mesurer sur l’ampleur de la gifle que l’on s’apprête à prendre. En débutant son set par une track aussi importante que « Psycho », Tech N9ne sous-estime le public lyonnais. Le mec le dit lui même : « I didn’t know I had fans here! ». Voyant une majeure partie de la foule réciter ses phases, le natif de Kansas City se dit finalement que le public est peut-être venu le voir lui, et non un artiste kainri qu’ils ont vu une fois ou deux sur Youtube. Le show prend alors une autre tournure : le rappeur de 41 ans sourit, coupe le son et teste la connaissance du public français pendant près de trois-quarts d’heure. A capella, c’est tous les classiques de la légende qu’il est qui y passent. Le son reprend pour « Worlwide Choppers » – qu’on attendait de pied ferme – où l’artiste justifie son pseudo en kickant ses milles bars par minutes.
Le maquillage effacé par les gouttes de sueur, la chemise trempée, Tech N9ne tire sa révérence une heure et demie après le début de son set. Dingue. Merci à L’Original d’avoir fait venir un tel personnage en province, toujours dans les bons coups. Ca annonce une énorme fête hip hop pour les 10 ans du festival homonyme, en mars 2013. Stay tuned ! Pour l’anecdote, on a fait le pressing pour dégoter une interview, mais devant notre impossibilité de proposer « une journaliste nue » (selon ses propres mots), nous avons dû abandonner. Dommage.