C’est la première fois qu’on s’intéresse au cas Logic. Ce n’est pas le nom d’un logiciel que les amateurs de production musicale sauront reconnaître, mais bel et bien celui d’un jeune emcee qui attire aujourd’hui toutes les attentions. « Freshman » du magazine XXL (check ça au passage) et nouveau poulain de chez l’emblématique Def Jam, ce jeune blanc-bec de 23 ans, originaire de Gaithersburg, Maryland, a déjà pondu quatre mixtapes et commence à se faire un nom sur la scène rap outre-Atlantique. Retour sur le phénomène, ce jeune rimeur talentueux dont vous entendrez forcément parler cette année.
Logic, de son vrai nom Sir Robert Bryson Hall II, a un beau panel de skills rapologiques. En écoutant ses quatre tapes, Young, Broke and Infamous (2010), Young Sinatra (2011), Young Sinatra : Undeniable (2012) et Young Sinatra : Welcome to Forever (2013), on s’aperçoit que le jeune emcee déborde de talents : un flow tranchant, des lyrics travaillés et pas dénués de sens, une réelle aptitude à poser en parfait accord avec les divers types d’instrus qu’il propose, et même une capacité à pousser la chansonnette dans certains de ses morceaux. Bref, le gamin est doué, ça ne fait aucun doute.
Originaire du Maryland, a des alcooliques/crackheads en guise de géniteurs. Il le dit lui même, son père n’a jamais été présent dans son enfance et sa mère, on l’imagine, était plus portée sur les cailloux que le câlins. Elle a même essayé de le tuer, en l’étranglant, alors qu’il n’avait que 9 ans – ce genre de câlins, justement. Il s’en sort, part à l’école, se fait virer, commence à s’intéresser au rap à l’âge de 15 ans après avoir vu Kill Bill et être devenu fan de RZA. Après quelques sons sortis sous le nom de Psychological, il lâche en 2010 sa première mixtape officielle, Young, Broke and Infamous. Cette sortie lui permet de se faire repérer par Chris Zarou, chef de projet du tout nouveau label indépendant Visionary Music Group, sur lequel Logic signe. Il balance ensuite un deuxième projet, Young Sinatra, en 2011, puis un troisième, Young Sinatra : Undeniable, en 2012. On trouve facilement sur son premier disque des titres de qualité, comme « Stain in the Game » ou « Backpack », où l’on peut apercevoir le potentiel du bonhomme. Sa deuxième tape est un peu plus aboutie : des tracks comme « Live on the Air », « Prime », « Mind of Logic » ou encore « All I Do », dont le clip sera le premier à dépasser le million de vues sur Youtube, attestent définitivement de ses qualités de rappeurs.
Mais bien que ses deux premiers projets soient déjà pas mal, c’est bien sur Young Sinatra : Undeniable que Logic nous montre l’étendue de son talent. La tape comporte 22 titres bien divers qui font étalage de ses skills et de son bon goût : on retrouve des samples de Nas, Jay Z, Biggie, James Brown ou Franck Sinatra rudement bien utilisés. Petit, Logic a confié s’être gavé des films du crooner, allant jusqu’à adopter sa manière de parler, de penser et d’interagir avec les gens, « avec paix, amour et honneur« , précise-t-il. #fragile
On retrouve ses influences dans bon nombre de ses morceaux, notamment sur sa troisième mixtape. Son flow sur les titres « Young Sinatra III » et « No Biggie », par exemple, rappelle étrangement celui du Nas des premières heures. Sur « 500 Days of Summer », track éponyme au film de Marc Webb, le rappeur intègre un extrait audio – à l’instar du Wu- Tang qui incorporaient des passages de films de kung-fu dans leurs chansons – où l’on entend Joseph Gordon-Lewitt haïr du plus profond de son être tous les traits particuliers qu’il aimait tant de la femme qui lui a brisé le cœur, alias l’insupportable Zoey Deschannel – dans le film. On aurait préféré le « my body, my pad, my ride, my family, my church, my boys, my girls, my porn » de Don Jon, mais on s’en satisfera.
L’année 2013 va être l’année la plus prolifique au niveau de sa carrière.Logic franchit un palier et signe chez Def Jam Recordings, qui voit en lui le potentiel d’un futur grand. Et puis, un blanc qui sait rapper, c’est toujours bankable, faut pas se le cacher. Un deal avec Def Jam et une nomination parmi les XXL Freshmen de 2013 plus tard, le rappeur du Maryland revient avec sa quatrième mixtape produite par No ID et C-Sick, Young Sinatra: Welcome to Forever, la troisième de sa série nommée en hommage au chairman of the board. Là encore, c’est du haut de gamme, grâce notamment aux producteurs de renom qui ont su transcender le potentiel de leur nouveau champion.
Au menu, des freestyles sur quelques tracks anthologiques, notamment « Mrs Jackson », des p’tits bijoux de morceaux comme « Nasty » (produit par Don Cannon) ou bien « Man of the Year », sept mois avant celui de Schoolboy Q. Rappeur versatile, son flow, à l’image d’un Dillon Cooper ou d’un Mac Miller, est toujours aussi aiguisé et s’adapte en fonction des producteurs avec qui il bosse. Dans ce dernier disque, son style se fait plus défini, plus assumé : le kid arrive doucement à maturité.
Quatre mixtape en trois ans. Un travail séduisant et de qualité, désormais reconnu et salué par ses paires, qui nous pousse à garder un oeil sur son activité. Nul doute que son entrée chez Def Jam va faire de ce jeune talent encore un peu brut quelque chose d’intéressant – ou pas, c’est toujours un peu quitte ou double au final. Semblant de réponse avec son premier album, annoncé pour 2014.