L’équipe de Street Fabulous marque de son empreinte le rap français depuis maintenant 10 ans, alors cela méritait bien une mixtape anniversaire. Mixé par DJ Vince Lee, ce projet de 90 minutes nous renvoie aux moments marquants du collectif, que ce soit dans l’Hexagone ou de l’autre côté de l’Atlantique. Alors, quelle trace musicale ont laissé Marv’lous, One Shot, Oz Touch, Prinzly et Zeano dans le paysage du rap jeu ?
Bien qu’ils ne viennent pas du pays de Bertrand Cantat et d’Ingrid Betancourt, mais bien du plat pays, cette machine à produire des tubes n’en reste pas moins incontournable quand on aborde le sujet rap français. Oz a fondé le collectif en 2001 avec la volonté de créer une véritable équipe de production, les beatmakers de l’époque ayant souvent tendance à travailler en solo ou en tandem. Les petits belges ont donc réussi à traverser la frontière et à se faire une place parmi les producteurs déjà bien ancrés tels que DJ Medhi ou Yvan Jacquement.
[highlight]«Street Fabulous 10th Anniversary Mixtape», nous replonge dans un passé relativement proche et parvient à faire naître une pointe de nostalgie dans nos cœurs de passionnés.[/highlight]
Ils ont frayé doucement leur chemin et ont collaboré avec les plus grands : Booba, Kery James ou Mac Tyer pour ne citer qu’eux. Tout ce chemin parcouru et tout ces beats lancés à la face du monde méritaient bien une petite mélodie d’anniversaire que le maestro Vince Lee nous livre avec brio. Elle est composée de sons présents dans les différents albums des artistes en questions mis à part l’inédit : « Boss du Rap Game », déjà paru sur l’album « Lunatic » de B20 mais accompagné ici d’une nouvelle instru exclusive. Voilà pour le constat, nous allons donc essayer décortiquer cette mixtape en soufflant les bougies.
Le début est tonitruant : Vince Lee annonce la couleur et enchaine huit hits du duc de Boulogne. Des sons qui représentent pour moi l’époque charnière de la carrière de l’artiste. Le vocoder se faisait encore relativement discret et le flow vibrait comme jamais. L’inédit n’apporte pas une plus value énorme au propos, puisque l’instru originale me paraît plus en adéquation avec le morceau. En passant, profitez en pour remater les clips monochromes de «Game Over» et de «Pitbull». Ca valait le détour. L’instru de « Foetus » est assez folle également, l’autobiographie acerbe et tourmentée exraite d’Autopsie volume 3. Par contre, Despo Rutti et Niro n’ont jamais été mes rappeurs favoris, et les instrus seules ne font que confirmer mon sentiment. Un rap très hardcore, des beats à l’image des lyrics. Une imagerie brutale et un flow haché, avis aux afficionados du genre.
Pour la représentation de ce que le crew a pu livrer outre-Atlantique, Fred The Godson, Diddy et Meek Mill, posent un son très midwest, à l’image de ce que peuvent faire Wacka Flocka Flame ou Gucci Mane en ce moment. La prod manque d’une certaine finesse et on éprouve une certaine monotonie au fil du morceau. Bon après, ce genre de banger n’a pas pour impératif de ce démarquer artistiquement, seulement de remuer des têtes.
Quand à ce cher Laouni, il est servi très convenablement, notamment sur le remix de «Bafana Bafana», inclu sur la face sombre du double-album « La Fouine vs Laouni ». Pour ne pas les citer tous, la présence de Dontacha, Kery James ou encore Disiz est appréciée et nous amène des sons enfouis au plus profond de notre bibliothèque Itunes, et c’est avec délectation qu’on les sort du placard. Mention spéciale pour le morceau « Métèque » de Joey Starr, qui avait surpris lors de sa sortie et qui décontenancé autant par la beauté de sa mélodie que par la présence vocale de Georges Moustaki.
« Street Fabulous 10th Anniversary Mixtape » nous replonge dans un passé relativement proche et parvient à faire naître une pointe de nostalgie dans nos cœurs de passionnés. Elle nous permet de retrouver sains et saufs des artistes qui ont disparu de la scène ou d’autres qui ont volés la voix de T-Pain. Bien que la qualité de ces morceaux soit un poil inégale, ils témoignent de ce que le collectif belge à pu apporter sur la table lors de ces dix dernières années.
Bon, par contre j’ai pas eu mon invit’ pour Ed Banger’s, alors j’espère que le petit carton de Street Fabulous va pas tarder à arriver…