« Paris, ville la plus désirée au monde », si l’on en croit ce fabuleux site un brin flingué. Un constat qui s’applique encore plus à l’univers rapologique : faire du tourisme à Paris attire autant les convoitises des rappeurs ricains qu’un cliché topless de Kate Upton. Ne croyez pas que c’est une nouvelle tendance, ça remonte au moins à Run D.M.C. « Fuck the Twin Towers dog, we on top of the Eiffel. » rappait l’immortel Cam’Ron dans « I’m Ready », au point que tous les MCs se précipitent pour y tourner leurs singles. Ca vaut le coup de faire le point sur les différentes manières de se faire Paris quand on est une star du rap. A chacun son registre.
Le registre « Hard in Da Paint » : Waka Flocka
Même couronné de succès, Waka Flocka reste un type qui apprécie les choses simples de la vie. Le terter. Ne croyez pas qu’en débarquant dans les rues parisiennes, il va se contenter d’une promenade shopping entre Montaigne et George-V. Son triangle d’or, c’est plutôt le Citadium, une séance photo à Châtelet et un repas dans une haute résidence gastronomique : L’Hippoppotamus Bastille. Ouais, avec la réduction Imagin R de 20% sur le menu hippo. Même si les hipsters tentent de se l’accaparer et de le ramener au Wanderlust, le Wak reste ambiancé « Foreign Shit » et préfère tourner un clip assourdissant à Aulnay-Sous avec Chris Macari. Malin le placement de produits Unküt.
Le registre « Nigga in Paris » : Kanye West
En une journée à Paname, les photos de Waka circulent plus sur Twitter que Kanye en un mois de résidence. Ca suffit pour cerner le registre du personnage. Si tu ne consacres pas ton énergie à devenir branchouille, t’attends pas à croiser maître Yeezus dans le métro. Lui déambule rue de Rivoli en Lambo. Sa salle de sport fétiche ? L’Usine d’Opéra. Sa cantoche préférée ? L’Avenue, Ferdi et des restaus qui coûtent plus que ton loyer. Pas un vulgaire Fish Filet. Sache aussi que pendant que tu claques tes économies dans la 3e démarque Zara, lui squatte les podiums Givenchy et compagnie. L’incarnation du Paris qu’on ne connaîtra jamais, tout bien réfléchi. D’ailleurs, pourquoi tourner des clips dans Paname, quand on peut les projeter sur les murs de la ville ?
Le registre « Survival of the Fittest » : Mobb Deep
La version 1.0 du registre « Hard in Da Paint » : ça descend à l’hôtel Mercure, ça traîne dans les couloirs du métro et ça embrouille discrètement la police nationale. La classe, surtout qu’on tient avec « Cobra » le seul clip de l’Histoire qui trouve stylé de filmer le plan de la RATP.
Le registre « Money to Blow » : Birdman
Birdman + Louis Vuitton des Champs Elysées = 60 000 $ de chiffre d’affaire en un client. On ne connait pas le montant du pourboire. Ok, il n’y a jamais tourné de clip, mais cet extrait vaut toutes les vidéos de rap du monde. #5STARSTUNNA #CASHMONEY #ONEHUNDRED #LIVINGLAVISH.
Le registre « Fashion Killa » : A$AP Rocky
Cet enfoiré a annulé Rock-En-Seine pour se corrompre aux MTV Awards, donc j’ai pas très envie d’être tendre. De toute manière on a déjà compris que c’était une grosse machine marketing qui surfe sur la vague hipster. Regardez-le se pavaner en tee Pigalle ou en lunettes et fourrure dans une caisse rétro près de la Tour Eiffel dans « Goldie ». J’aime bien Rocky, mais maintenant c’est l’étendard rap Inrocks x Social Club.
Le registre « Numbers On The Boards » : Pusha T
Le gars un peu à l’ancienne, généreux et sans fioriture. Le genre de MC qui dévalise une boutique Coq Sportif, qui chauffe la plage du Glazart en arrivant à l’heure et qui ramène Rihanna à son aftershows. En d’autres termes, un touriste qui fructifie le PIB de l’Hexagone et qui sait faire plaisir à ses hôtes pendant et après ses concerts. S’il met des gros chiffres sur le tableau de marque, il place aussi la France partout sur la carte, la preuve.