1980. Paris, New York, Londres, Berlin. Une nouvelle génération d’artistes éduqués à coups de pub, de télévision et fortement influencés par l’univers pop art, envahissent les rues des plus grandes villes d’Occident à l’aide de leurs pochoirs, de collages et autres bombes aérosols. 2013. À l’heure où ce qui est vulgairement appelé « street art » – une notion fourre-tout – sort de son image vandale et s’institutionnalise dans les plus grands musées d’art, les rues de ces villes sont plus que jamais porteuses de résistances pour certains, d’auto-promotions pour les autres. Balade à travers les rues d’une des plus grandes cités de notre temps.
Partir à New York après la disparition de 5 Pointz, c’était prendre le risque d’une déception artistique. C’était sans compter sur les trésors que nous réserve Brooklyn. Après Berlin, Toronto et Montréal, on embarque donc à la découverte des rues de Williamsburg.
« Repère de hipsters« , « quartier bobo« , « nouveaux riches« . Autant dire qu’après avoir entendu ce qu’on disait de Williamsburg, j’avais un a priori assez négatif sur le quartier de BK. Et pourtant, j’ai tout de même grimpée dans le train L, direction ce qui allait devenir mon block favori, arrêt à Bedford Av. A peine sorti du métro, les rues du bourg donnent le ton ; des vieux buildings abandonnés côtoient petites maisons de briques et nouveaux lofts de verre.
Le meilleur moyen pour partir à la découverte des arts muraux williamsburgeois, c’est de remonter Bedford Avenue jusqu’à Manhattan Av, en slalomant à travers les petites allées perpendiculaires. Entre boutique de street-wear et de créateurs, on s’arrête pour manger un bagel ou admirer une fresque.
L’art est partout, des façades des restaurants portoricains aux écoles primaires. Ce ne sont pas les fresques commanditées qui m’ont intéressées, mais celles qu’on découvre au hasard des rues et qui ne seront peut-être plus là demain. New York est connue pour être une ville multi-ethnique, et ce mélange des cultures est d’autant plus présent sur les murs de Brooklyn. Autant dans la pratique que dans la thématique, le mot d’ordre est « diversité », du pochoir abstrait en passant par un tag vandal pour revenir sur une fresque multicolore. Il y en a pour tous les goûts.
Pourtant, l’ensemble des fresques restent dans un univers très coloré. On retrouve même certains grands noms du graffiti comme l’italien ZED1, les deux frangins Iranniens ICY and SOT, le New-Yorkais PHETUS, ou encore la murale « Robots will kill », collaboration entre les artistes VENG et CHRIS du RWK Crew et GILF.
Les murs de Williamsburg ne seront jamais à la hauteur de ceux de 5 Pointz en matière de réputation, mais ils méritent le détour. La cerise sur le gâteau : faire la balade sur le pont où les tagueurs s’en donnent à coeur joie, ce qui permet une vue complète sur les toits graffités des usines abandonnées du quartier.
Aller du coté de Dumbo ou Greenpoint ? Non. Malgré ses nouveaux lofts, Williamsburg reste la crème de la crème de l’art mural.