ACTE 12 : 26 SEPTEMBRE 2017
Young dolph a trouvé le code d’invincibilité
Tous les joueurs de GTA en ont rêvé, Adolph Thornton Jr. l’a fait. Déclencher les six étoiles et s’en sortir indemne, peu de personnes l’ont réalisé dans le game. Young Dolph lui l’a fait comme si de rien n’était – et ce à deux reprises cette année. Bon, comme tout être vivant s’étant pris un paquet de bastos, le rapper de Memphis, ou Dolphland pour les fanatiques, a dû passer par la case hôpital. Et il en est ressorti plus frais que jamais, balançant en fin d’année un album qui ira se placer en seizième position du classement Billboard. 2017 a été une année charnière pour le rappeur, et comme le dit l’adage, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Retour sur les faits invraisemblables.
Le 3 février le boss du label Paper Route Empire balance un projet pour la rue du nom de Gelato. Un album contenant un banger qui met le feu aux poudres : « Play With Yo Bitch« . Un gros diss track directement adressé à Yo Gotti dans lequel, outre envoyer des « fake » et de « p*ssy » dans un discours homophobe pas très 2017, Dolph se targue de se faire jalouser par Yo Gotti, le narguant en affichant le fait qu’il a refusé de signer sur CMG, et entre autres de s’être tapé sa meuf. Un diss track, quoi.
Quelques semaines passent. On est le 26 Février et Young Dolph est en route pour donner un concert à Charlotte quand son 4×4 se fait canarder. Conséquence directe de la montée en tension du beef entre les deux rappeurs de Memphis ? Cette fois Young Dolph s’en sort indemne et ne peut qu’esquisser un sourire à la vue de son SUV criblé d’une centaine de balles. De cet évènement va accoucher l’album Bulletproof, sorti le 1er avril. Un opus qui aborde avec parcimonie le soir de la fusillade de Charlotte. L’album tourne en sombre épisode de « Yo Momma » tant il est rempli de punchlines et de railleries envers les gars qui ont voulu le fumer : « A hundred shots, a hundred shots / How the fuck you miss a whole hundred shots » ; « That nigga shot all the motherfuckin’ bullets, man, ain’t hit shit. Stupid ass nigga« . Se prendre une rafale de 100 douilles, aller direct en studio pour en remettre sur une couche sur ses ennemis avec une certaine condescendance : c’est certifié, Young Dolph en a des grosses.
Quelques mois plus tard, l’autoproclamé « South Memphis Kingpin » sort un mini-documentaire retraçant le parcours du « Rich Crack Baby » jusqu’à la fusillade de Charlotte où on apprend notamment comment Young Dolph s’est fait seul de la rue. Un coup de pub qui ne fait que hisser encore un peu plus haut la hype du rapper de la ville d’Elvis. « I got niggas hate me like I’m Donald Trump« , balançait-il sur le banger « In Charlotte ». Preuve à l’appui : le 26 Septembre, il se fait une nouvelle fois agresser et se retrouve cette fois-ci blessé par balles. Comme tout un chacun, Dolph n’est finalement pas intouchable. A peine remis de son séjour à l’hôpital, il reprend son hyper productivité. Il lâche un clip pour « Believe Me » depuis sa chambre d’hôpital, abordant la vie cette fois de manière plus philosophique qu’après l’incident du début d’année. S’en suit donc l’album logiquement intitulé Thinking Out Loud. Cette fois encore, Young Dolph rencontre un succès certain avec une entrée au top 10 des charts rap.
Plus la fin d’année approche et plus on est rassurés : Young Dolph va pouvoir survivre à 2017. Mais à ce rythme-là, Adolphe Thornton Jr. ne fera pas de vieux os. Le feuilleton Young Dolph ressemble comme deux gouttes de sizzurp à une série-thriller, et le show ne tiendra malheureusement pas deux saisons s’il continue à s’emballer. Car si le ton choisi dans ce récapitulatif est volontairement enjoué, n’oublions pas que la violence vécue par de nombreux rappeurs est bien réelle. La street-cred n’a plus l’importance qu’elle avait pour certifier la carrière d’un adepte du mic… et certains seraient bien inspirés de se distancier rapidement des rapports violents qu’ils entretiennent. Quitte à adopter la philosophie d’amour et de pardon admirablement portée par Lil B lors de son heurt avec A Boogie Wit Da Hoodie et PnB Rock ? Hélas, c’est toujours aussi dur d’être un « rich crack baby ».