2017, une année rap en 17 actes

mercredi 27 décembre 2017, par SURL. .
L'heure fatidique des bilans de fin d'année a sonné. Sortez les carnets de note, place aux classements qui inondent les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. En 2013, 2014, 2015 ou 2016, pour ne pas remonter trop loin, nous avions segmenté nos tops en séparant et classant albums, sons, clips, tweets et autres éléments marquants de l'année écoulée. En 2017, ère encore plus théâtrale que toutes les autres, nous avons décidé de procéder autrement et de ne plus diviser un spectacle qui n'est jamais aussi beau que lorsqu'il est complet. Un seul bilan, chronologique, avec la crème de la crème de 2017.
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ACTE 17 : 5 décembre 2017
Johnny est mort, vive Jul

Au décès du grand Johnny Hallyday, quantité de tweets ont déferlé affirmant que la relève était déjà assurée par la personne de Jul. D’une parole homogène sur les réseaux, énormément de voix, que l’on devine assez jeunes, évoquent l’incompréhension la plus totale face à l’importance de l’hommage populaire rendu à la star du rock’n’roll. Jul, nouvelle idole des jeunes ? Le caractère légendaire que portent l’impact historique sur la musique et la personne même de Johnny Hallyday rendent la comparaison un peu risible. Cependant, en de nombreux traits rares qui font habituellement les grands artistes, Johnny et Jul se ressemblent drôlement.

L’hyperpoductivité d’abord. Johnny Hallyday comptabilise 79 albums en plus de 50 ans de carrière. Quant à Jul, il en est à huit albums (dont six platines) en moins de quatre ans sur la scène publique. Et le Marseillais aurait déjà plus de cinq albums d’avance. D’une facilité déconcertante, ces deux artistes créent à chaque nouveauté, un petit évènement qui, sans aucune prétention, fait s’incliner la concurrence en même temps que leur fanbase se soude. Les deux maîtres dans leurs genres respectifs partagent aussi ce point commun : une communauté de fans inébranlable et plus fidèle que jamais. Toujours là malgré les moqueries et les caricatures véhiculées par l’opinion publique et les télé-réalités. Une communauté tellement solide qu’elle est capable de traverser la France entière pour être présente sur absolument toutes les dates des tournées et pour suivre, ne serait-ce que quelques minutes, le cortège en Harley. Ou encore d’organiser des barbecues interminables et bruyants de joie, qui ont vu intervenir le maire du troisième secteur de Marseille pour limiter la nuisance sonore et trouver un compromis. Dans les deux cas, les discours des fans sont frappants de similitudes : « Johnny/Jul est une personne simple, un gars comme nous, qui chante notre vie. » Une sorte d’aura maternelle et paternelle à la fois, qui réunit une immense famille à l’ère où l’audience est plutôt volage.

Chacun suscite à chaque apparition un engouement puissant et unique. Johnny interprète spectaculairement et délivre des performances extraterrestres, Jul écrit et offre ses morceaux avec une authenticité presque trop pure pour être reçue sans scepticisme des esprits qui aiment trouver un sens à ce qu’est le bon ou le mauvais art. Critique de la presse qu’a d’ailleurs subi de plein fouet Johnny, en son temps, lorsqu’il faisait découvrir à la jeunesse française ce qu’était le rock’n’roll, se faisant traiter de « guignol » pendant que Le Monde comparait son public aux chimpanzés du zoo de Vincennes. Adorés des jeunes et haïs des ainés, les deux à leur manière maîtrisent un rapport au vrai comme peu en sont capables.

Le 7 décembre, deux jours après le décès de Johnny, Jul fait son Bercy. Il ouvre son concert et entre sur scène en Y, roue arrière sur son scooter. Le rockeur lui, à son Bercy de 1992, arrive sur scène en Harley Davidson pour son morceau « Gabrielle ». Il n’en a pas fallu plus pour que la fanbase du Marseillais y voit un signe des plus prophétiques de passage de flambeau. Pour l’instant, on peut tout de même admettre qu’il est encore trop tôt pour dire que Jul est entré dans l’Histoire. Johnny a réussi en près de 60 ans de carrière à se renouveler très admirablement, emportant son public d’année en année et rassemblant toujours des nouveaux fans de tous horizons. Seule la durée de Jul dans le temps pourra confirmer la succession du titre et l’aura potentiellement légendaire du jeune artiste.

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