2017, une année rap en 17 actes

mercredi 27 décembre 2017, par SURL. .
L'heure fatidique des bilans de fin d'année a sonné. Sortez les carnets de note, place aux classements qui inondent les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. En 2013, 2014, 2015 ou 2016, pour ne pas remonter trop loin, nous avions segmenté nos tops en séparant et classant albums, sons, clips, tweets et autres éléments marquants de l'année écoulée. En 2017, ère encore plus théâtrale que toutes les autres, nous avons décidé de procéder autrement et de ne plus diviser un spectacle qui n'est jamais aussi beau que lorsqu'il est complet. Un seul bilan, chronologique, avec la crème de la crème de 2017.
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ACTE 2 : 17 février 2017
JONWAYNE – RAP ALBUM TWO

Une anomalie ? Qui aurait cru que ce gros bonhomme au profil de geek, dont le nom n’est pas sans évoquer un très vieil acteur américain, serait l’auteur de l’un des albums rap US de l’année ? Pas même lui il faut croire. Pourtant Jonwayne a accompli un petit miracle avec ce second album intitulé Rap Album Two  – plus formel comme titre tu meurs. Comment est-ce possible, alors qu’il venait d’être débarqué de chez Stones Throw ? En restant lui-même.

Mais encore ? Il raconte son vécu, comme n’importe quel rappeur. Du « rap factuel » pour reprendre les propos de son auteur. Mais ce vécu est loin d’être singulier et peut tous nous concerner : cet album prend ses racines dans un très lourd épisode dépressif, ce mal du siècle qui est devenu au fil des ans un sujet pris très au sérieux dans le monde du rap. Et surtout, Jonwayne raconte comment il s’est libéré de cette obscure emprise (spoiler parce qu’il est temps de l’avoir écouté, cet album : grâce au rap). On voit chez lui très clairement, derrière sa barbe et ses lunettes, cette volonté farouche de prouver de quoi il est capable, sans fausse autodérision comme sur le titre « The Single » où l’on peut l’entendre refaire ses prises comme dans un making-of. Et nous, nous sommes l’auditeur parfaitement incrédule qui l’arrête le temps d’un court interlude pour lui demander si c’est bien lui Jonwayne le rappeur, ou en tout cas, s’il est vraiment bien un rappeur. Les résultats qui ressortent de cette auto-psychanalyse et le récit de son combat contre l’alcool ne sont que positifs, et touchent par leur rapport à l’humain.

Par la force indicible qu’il a puisé au plus profond de son être, par la sincérité de ses textes bien écrits et sa manière de prendre sa profession de rappeur à plein temps très au sérieux, Jonwayne donne sur Rap Album Two une véritable leçon de courage et c’est ce que l’on retient de ce brillant ouvrage. Qui surpasse allègrement son premier lancer, cela va sans dire. D’autant plus impressionnant qu’en autodidacte qu’il est, Jonwayne a conçu seul dans son home-studio une partie des instrumentaux atypiques du projet. Un mec rien de plus normal, si imparfait, et si génial à la fois.

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