2017, une année rap en 17 actes

« C’est comme si on était au Real, quand Ronaldo marque un but, Benzema est heureux et inversement. Tant que l’équipe gagne. » Dans son interview de fin d’année pour La Sauce, le boss du 92-i, Booba, le reconnaît lui même. Depuis maintenant deux ans, « son poulain » Damso boxe dans la même cour que lui. Celle des très grands du rap jeu actuel. Rookie francophone de 2016 avec l’excellent Batterie Faible, le Belge a explosé en 2017. A l’image du quintuple Ballon d’or, le travail de Damso paye. Son talent, son univers et ses choix artistiques font le reste. Avec Ipséité, Damso a fait la pluie et surtout le beau temps musical du printemps et franchi encore un cap dans sa notoriété. Déjà star en Belgique, il est devenu le chouchou des médias généralistes français, qui passent – plus facilement que pour d’autres ? – sur les textes parfois crus de Dems et vantent la complexité du bonhomme. Au rythme des punchlines, des hits, des freestyles surprises nocturnes et d’interviews pertinentes, Damso est sans aucun doute le rappeur – l’artiste – francophone de l’année. Sa comptable le sait bien. Avec 300 000 albums vendus, une tournée sold out en quelques heures et ses millions de vues sur Youtube, Dems en impose. Ses featurings eux explosent.

Sa collaboration sur « Mwaka Moon » avec Kalash, une connexion de 92i, a fait danser les amateurs de rap toute la fin de l’année (le disque de diamant et les 100 millions de vues sur Youtube en témoignent). Une apparition efficace et réussie à l’image d’une année sans fausse note qui l’a vu poser sur les projets de Lacrim (« Noche« ), Vald (« Vitrine« ), Siboy (« Mobali« ), Kalash donc, mais aussi sur celui tant attendu du Boss Booba. Pas un hasard. Après le très réussi « Pinocchio » sur Nero Nemesis, le Duc a décidé d’inviter une nouvelle fois sa pépite belge sur le bouillant « 113 ». Dans le sillage de ses deux têtes d’affiches, le label 92i a marqué 2017 de son fer. Par son hyperactif boss déjà. Avec le réussi Trône, Le Duc rappelle à tous qu’il est toujours dans les hauteurs du Jeu. Plus que jamais même. Entre whisky, parfum, Oklm, la création d’une agence de management dans le sport, le papa businessman le plus actif des réseaux sociaux cumule les casquettes. Les membres de son label musical non plus n’ont pas chômé.

Si Shay – encore une membre du 92i ? – a vécu une année compliquée, le reste de la bande a bien bossé. A commencer par Siboy et son très réussi premier album Spécial. D' »Eliminés », à « Mula », d' »Au Revoir Merci » au hit de l’été siglé 92i « Mobali », l’homme à la cagoule de Mulhouse a certainement réussi l’un des projets les plus innovants et cohérents de 2017. Sa tournée et son personnage donnent envie de voir la suite. Au mois d’avril, le protégé de Booba, Benash a lui aussi sorti un premier album CDG, tandis que le fidèle Haïtien Gato da Bato est une fois encore présent sur l’album du chef. Si les trois rappeurs doivent viser une trajectoire à la Damso, une chose est certaine, le 92 vit bien. Et avec les cartouches dont dispose le label, 2018 a aussi du souci à se faire.