L’été est là, et son lot de festivals l’accompagne. Dour, c’est quatre jours et quatre nuits de shows de tous styles musicaux sur sept jolies scènes, sous chapiteau et en extérieur, dans un site énorme, pour un des plus gros festivals de musique alternative d’Europe. Et quand on a capté la programmation orientée double H que les organisateurs nous ont concoctée cette année, impossible de louper cette chose. Partons pour quatre jours de flows, de basses, de soleil et de poussière.
// DAY 1
On arrive pile-poil pour le début du show de Veence Hanao, après avoir tourné quelques dizaines de minutes pour trouver ce foutu parking presse. Un peu de marche sous trente degrés, premières gouttes de sueur, premières basses qui arrivent aux oreilles. Les festivaliers sont chauds, une belle ambiance règne déjà pour le chef des « Mickey Mouse » qui joue, rappelons-le, à domicile, même si le festival regorge de nationalités différentes. Un rap teinté de triste réalité, repris en chœur par une fan-base qui s’est déplacée écouter les kick & snare. Bien.
L’ovation terminée, dirigeons-nous vers le chapiteau d’en face pour une bien belle découverte : Nicole Willis & The Soul Investigators. Ce genre de formations que l’on imagine déjà sur scène rien qu’au blaze. Ils ne nous ont pas trompés : une jolie et puissante voix accompagnée d’un band, nous rappelant les groupes classiques des seventies. Reprises et originaux, les amateurs de soul remuent. Et sans attendre la fin, nous nous dirigeons vers « La Petite Maison Dans La Prairie », non pas pour retrouver une famille célèbre, mais plutôt pour les jeunes acharnés du spoken word : FAUVE. Les fans affichant le signe distinctif du groupe comme peinture de guerre s’empressant de s’entasser sous le chapiteau, la chaleur monte. Un peu de mal à apercevoir la scène, ma taille modeste n’aidant pas. Les premières notes retentissent. Hargne & texte, le jeune « parleur » y met ses tripes, les textes souvent bien dépressifs n’empêchant pas l’assistance de foutre un bordel sympa. Les insultes à répétition du morceau « Blizzard » mettent en ébullition le public pseudo-rebelle mais je n’ai pas de cheveux longs, donc j’ai un peu de mal. Mais c’est bien écrit et interprété, donc on ne leur en veut pas.
Laissons les p’tits jeunes et allons faire un tour sous la Dance Hall, un des 6 chapiteaux du festival, pour aller écouter se produire un des tontons de la soul & du funk, j’ai nommé Charles Bradley. Sa voix puissante résonne au son des cuivres, claviers, guitares & percussions des Extraordinaries, le groupe qui l’accompagne. Enchaînement de slows ou morceaux plus entraînants, festivaliers de tous âges dansent, bougent la tête, réagissent. Wow. A living James Brown.
Après quelques rafraîchissements bien mérités en espace presse (toutes sortes de canapés, big up), on a sortis nos plus beaux piercings, et filé voir RiFF RaFF. Le rap mongol de l’excentrique américain, c’est tout ce qu’il fallait à un festival comme celui-ci : grosses basses minimalistes & refrains entonnés 70 fois par morceau, ça sautille de tous bords. C’est pas terrible, mais c’est marrant. Mais place maintenant à celui que beaucoup attendent sous une Boom Box ultra-blindée : ton cuistot favori aka Action Bronson. Sa belle beubar orange ruisselle sous les spots, et c’est parti pour une heure endiablée, à grands coups de productions d’Alchemist, de musica de Harry Fraud ou des morceaux de Dr Lecter. Très chaud. Sympa, l’américano-albanais fait même remonter son pote au double R pour un morceau commun. Un final avec son couplet de 1 Train (sur le dernier album d’A$AP Rocky) suffira à notre bonheur, et au sien, apparemment, le gros bonhomme est tout sourire.
Dour, ça s’enchaîne à fond. Traversons la grande place avec stands de bouffe en tous genre, et retrouvons nous sous la Dance Hall pour Bonobo. Le pionnier du downtempo et l’une des figures de proue du trip-hop est ce soir accompagné : la musique sera électronique, mais pas que. Simon Green agite les doigts sur sa machine, et s’essaie même aux baguettes. Basses et instruments résonnent dans un rythme laconique, ralentissant un tant soit peu la cardio des festivaliers après la tuerie du Bronsonlino. Une chanteuse est invitée pour un slow langoureux : on souffle, et restons admiratif devant la maestria du DJ et des musiciens qui l’accompagnent.
Allez, on retraverse encore une fois la place, et on retourne sous la Boom Box sous laquelle on avait sué une heure plus tôt. Place maintenant à Wax Tailor. Homme de scène, le DJ français encensé depuis de nombreux mois et la sortie d’albums remarqués fait le show, accompagné par ses musiciens et aussi par les vidéos associées à chaque morceau afin d’associer image et son. Une spéciale pour Marine Thibault, la flûtiste du groupe, ramenant sa touche sur quasi tous les morceaux, improvisation ou pas. Wax Tailor is rich (facile celle-là).
Bon on rigole, on rigole, mais je pense que la majorité des festivaliers de ce soir sont venus sur la Paine à Feu pour un groupe que tout le monde attend sur la grande scène, la « Last Arena » en extérieur : le Wu-Tang Clan les amis ! Et au complet siouplaît (enfin presque, rest in peace), et, miracle absolu : A L’HEURE. OMG. Une spéciale pour l’orga à ce niveau, et pour tous les concerts. Mais revenons à nos gros moutons plein de bling-blings. Vraiment, une telle équipe au complet est terriblement grisante à voir évoluer. Un Method Man touché par le feu embrase une foule impressionnante et impressionnée. Les classiques retentissent, les W formés à deux mains montent et descendent, les dolla dolla bill yooo répondent aux cash rules everything around me, un concert comme beaucoup en rêvaient. On va mettre un petit bémol quand même, le jeu de scène n’est pas au top du top : avec une telle équipe, 3 ou 4 sont cantonnés à rester quasi immobiles derrière quand ils n’apparaissent pas sur les morceaux…idée pour la prochaine : un atelier cirque avec jongleurs et cracheurs de feu, pour Cappadonna ou U-God, par exemple. On est méchants, surtout que ça défonçait, bravo les anciens.
En parlant d’anciens, on n’est plus tous jeunes non plus. Il est déjà 2h, on n’a pas arrêté. Programme sorti, à la lueur dégueulasse d’un téléphone portable. Gramatik, et Tha Trickaz juste après… J’aime bien ce que vous faites hein les mecs, c’est pas contre vous, mais on a encore 3 jours de cette teneur à fournir, donc on va se coucher. Et de belles aventures nous attendrons.
Crédits photo de la cover : Mathieu Drouet