Depuis que je l’écoute, j’ai un avis mitigé à l’égard des performances musicales de Ryan Leslie. Impossible de renier son talent pur. « Diamond Girl » me fait encore kiffer plusieurs années ; puis un type qui remixe en live « Lollipop » de manière aussi folle, ou qui se filme pendant qu’il imagine un beat dingue en quelques minutes sappé en veste de smoking, possède évidemment un certain génie artistique. Chanteur, rappeur, producteur : il touche à tout avec classe. Un génie que je ne retrouve pas tout à fait dans ses albums. Comme si le passage par la case Harvard lui avait fait comprendre que la meilleure musique ne rapporte pas forcément le plus de thunes. Charismatique et malin, sa stratégie efficace sur les réseaux sociaux a bien élargi sa communauté de fans, mister Leslie me donne l’impression de gérer sa carrière sans forcer son potentiel. C’est en tout cas ce que j’ai encore ressenti sur « Les is More ». Comme le précisent ses anciens potes de Harvard, « Ryan always had a ten-year plan about how he was going to take over the music industry ». Un challenge relevé. Et maintenant ? Maintenant, c’est « Black Mozart ».
« Black Mozart », un titre un brin pompeux mais commercialement rusé, pour désigner le nouvel album du natif de Washington D.C. Un projet qui s’accompagne d’un mini-film musical du même nom, qui distille plusieurs extraits de ce LP en bande-son. C »est ce moyen-métrage d’une bonne vingtaine de minutes que nous avons visionné dans la salle de cinéma du Royal Monceau, en présence de l’artiste. Toute ressemblance avec « Runaway » serait purement fortuite ? D’ailleurs j’ai pas osé poser la question à Kanye West, de passage pour mater le film de son pote.
A la différence de Runaway, Ryan Leslie ne prend pas la peine de développer un véritable scénario. On plonge un peu dans sa vie luxueuse et nocturne, en l’occurrence en Autriche. Comme s’il avait préparé un medley de ses « behind the scenes » quotidiens. Un film purement lifestyle, entre sessions studio, soirées arrosées et chambres d’hôtels luxueuses. Même superficiel, ça n’en reste pas moins joli et bien filmé. Un défilé haut de gamme. Tu comprends qu’il apprécie le « Carnival Of Venice ».
Là où j’attendais plus R Les, c’est sur la bande-son. Autant dire que j’ai été agréablement surpris. Quelques morceaux sont très lourds et dotés de prods assez dingues, type « Murder to My Competition » ou « History » dans lequel il lâche des phases en français, « I’m good in France man, tranquille ». D’ailleurs il fait semblant de ne pas trop comprendre la langue de Molière, mais je pense qu’il est quasiment bilingue.
Si on sent que Ryan Leslie est toujours marqué par le vol de son ordinateur fin 2010, la perte de ses morceaux et son procès perdu contre le gars qui l’avait retrouvé ensuite, réclamant le million de dollars promis par Ryan, alors que le disque dur était vide. N’empêche, il a surmonté ça et semble nous avoir pondu un nouveau projet vraiment cool. J’ai hâte de mettre la main dessus.
Crédit photos : la gagnante Twitter qui a pu se rendre sur place, superbes clichés !