Quand on sait que l’on va écrire un article sur un film, l’a priori est à éviter par dessus tout : même si une objectivité complète est illusoire, on essaye au maximum de ne pas avoir de préjugés sur l’oeuvre en question. C’est pour cela que je n’ai voulu lire ni critique, ni articles traitant de l’accueil que The Place Beyond The Pines avait pu recevoir lors de sa présentation au festival de Toronto en 2012. Mais malheureusement, toute cette bonne volonté n’a pas suffi, un élément m’a pris en traître : le pitch.
«Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper.»
Cela ne vous rappelle rien ? J’avoue que le parallèle avec le très bon «Drive» fut, pour ma part, inévitable.
Mais mis à part la présence de Ryan Gosling, mais il est blond décoloré donc ça ne compte pas, la ressemblance entre ces deux films s’arrête à peu près là. Ce long-métrage de Derek Cianfrance ne se limite pas à ce conte motorisé au sein de l’Amérique «white trash».
« Mais l’on assiste bien ici à une tragédie grecque ou les passions et aspirations des patriarches se rejettent sur les attitudes de leur descendance. »
Nous assistons ici à un scénario «mille feuilles» : on s’attache à un personnage puis à un deuxième, puis dans la dernière partie du film aux rejetons des deux précédents. Epaisseur assez troublante qui aurai pu amener une certaine profondeur au scénario, mais qui en vérité hache la progression et ne manque pas de faire perdre un certains souffle au film. Entrecouper les phases entre le «Badass» Luke et le «GoodGuy» Avery n’aurait peut être pas été une mauvaise idée.
D’un point de vue de l’esthétique, entre les plans ingénieux de cette Amérique perdue et la monotonie inspirée par la plupart des plans en intérieur, le constat est quelque peu amer. On acclamera à nouveau la prestation de notre ami Gosling et de ce cher Cooper qui parviennent à faire vivre tant bien que mal les péripéties qui nous sont contées. Mais on déplorera la vacuité du rôle d’Eva Mendes, actrice de talent au demeurant, desservie par un scénario qui la relègue au rang de mère courage quasiment absente de la trame narrative.
En somme «The Place Beyond The Pines» n’est pas un naufrage complet, il reprend avec une certaine habileté les codes de la série B pour faire vivre un scénario à plusieurs étages. On regrettera tout de même le manque de fluidité, qui fait défaut à un scénario qui parvient tout de même à nous tenir en haleine.
On attend désormais le prochain film de Ryan Gosling avec impatience. Cascadeur en moto-neige ? Cascadeur en jet-ski ? Cascadeur en roller ?