Nøne Futbol Club ? Non, ce n’est pas une version nordique du CFC, ni un club de troisième division danoise. Je vous parle ici d’un duo d’artiste qui retourne la culture populaire et contemporaine en travail subversif, apportant un brin de poésie à notre quotidien. Un art tout aussi espiègle et inattendu qu’ancré dans les problématiques de notre société. Pour ceux qui n’ont pas encore la chance de les connaitre, nous les avons rencontrés autour d’un verre afin d’en savoir un peu plus sur eux.
Interview réalisée par Mathilde De Chasteigner.
SURL : Pourriez-vous décrire votre parcours pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Nøne Futbol Club : Nous nous sommes rencontrés dans une école de graphisme que nous avons préféré quitter pour entrer aux Beaux-arts de Paris, à l’atelier Jean-Luc Vilmouth, dont nous serons diplômés l’année prochaine.
Que signifie votre pseudonyme ?
Nøne, évoque le Nobody, ce « outis » (NDLR : Personne), proféré à Polyphème, par Ulysse. Futbol Club pour la culture populaire qui est une des bases de notre travail.
Quelles sont vos influences et inspirations ?
Nos œuvres prennent principalement la forme d’installations ou d’interventions dans l’espace public. Outre l’humour et le second degré qui est une porte d’entrée vers des thèmes engagés, tel que chez des artistes comme Maurizio Cattelan, Erwin Wurm, Gianni Motti ou Romain Gary, notre travail porte sur les usages des espaces ou de l’institution qui nous accueille, sur le mode du hacking artistique. Dans la vidéo « Work nº096 : Just married », où nous profitons de l’arrêt d’un bus parisien pour lui coller à l’arrière une pancarte « just married » et une demi-douzaine de casseroles, c’est cela qui est à l’œuvre, un hack espiègle de l’ordinaire urbain; les passants regardent le bus passer sans vraiment comprendre ce qu’il se passe, se questionnent, ou pas, puis la vie reprend son cours.
Installation vidéo présentée lors de l’exposition « Souffrir ensemble » en février 2013 à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
L’élément déclencheur peut aussi venir du climat sociologique actuel. Par exemple, l’installation Work n°075 : Ici c’est Paris, composée de portraits vidéo soufflant de la fumée par le nez à chaque expiration, est une représentation de cette insurrection qui vient.
Où et comment travaillez-vous ?
Nous avons des bureaux à Paris où nous concevons les projets. En général nous émettons d’abord une hypothèse absurde, irréaliste ou surréaliste, qu’il s’agit ensuite de contraindre malgré tout dans la réalité. L’ordinateur nous sert à la fois d’outil de simulation, de laboratoire et d’atelier.
Souvent une idée fait suite à un titre d’exposition à laquelle nous participons, ou à un ressenti face à une situation, nous nous en servons alors comme piste ou contrainte. Parfois – et pour paraphraser Saint John Perse – l’idée est « librement accueillie telle qu’elle s’imposait mystérieusement à l’esprit du poète, pour des raisons inconnues de lui-même »
Est-ce que vous faites appel à des collaborateurs ou des aides ?
Cela dépend, chaque idée à ses particularités et impose ses conditions. Par exemple, nous travaillons en ce moment à la réalisation d’un bodybuilder à l’échelle 1 qui nécessite l’usinage d’un bloc de mousse polyuréthane que nous ferons ensuite mouler afin de couler la sculpture en un autre matériau. Pour cela nous avons fait appel à une entreprise puis à un maître d’art en moulage statuaire.
En quelle matière sera la sculpture ?
Le bodybuilder sera en caramel beurre salé, que la maison Henri Leroux met gracieusement à notre disposition. Il sera, entre autres œuvres, exposé à partir du 17 octobre lors de l’exposition « COOKBOOK, l’art et le processus culinaire » au Palais des Beaux-arts de Paris, dont le commissariat général est assuré par Nicolas Bourriaud. COOKBOOK présentera les œuvres préparatoires (dessins, croquis, collages, vidéos…) exécutées par les maîtres de la gastronomie mondiale, un volet historique, avec une sélection d’œuvres issues de la collection des Beaux‐Arts, l’exposition personnelle d’un artiste « relu » avec un regard contemporain, et enfin le « Belvédère » dédié aux jeunes artistes de l’école. C’est dans cet espace surpervisé par Kathy Alliou que nous avons été invités.
D’autres projets d’exposition en ce moment ?
Nous préparons une exposition personnelle intitulée « One way ticket » qui aura lieu à Marseille à la galerie Gourvennec Ogor du 31 août au 26 octobre. Nous y présenterons un ensemble de travaux autour de l’insurrection et des rapports de force. Nous participons également au Bosch Young Talent Show qui se tiendra du 21 septembre au 27 octobre au Stedelijk Museum ‘s-hertogenbosch, Pays-Bas.
Et le salon de Montrouge où vous étiez en juin dernier va vous permettre d’exposer au Palais de Tokyo ?
Oui, chaque année les trois lauréats du Salon ont la chance de participer aux modules du Palais de Tokyo. Cette année l’exposition aura lieu hors-les-murs dans le cadre de la Biennale de Lyon. Nous préparons une sculpture/installation qui prendra place dans la cour du Musée des Tissus et des Arts décoratifs, deux hôtels particuliers qui forment un ensemble.
D’ailleurs hormis les modules du Palais de Tokyo, que vous a apporté le salon de Montrouge ?
Pas mal de choses, par exemple le Prix du Conseil général des Hauts-de-seine que nous y avons reçu nous permet de participer à la Biennale Jeune Création Européenne qui commencera à Montrouge le 16 octobre et qui fera ensuite le tour de l’Europe durant deux ans. Nicolas Rosette, membre du Collège critique du salon nous a également proposé d’investir le hall d’entrée de la Gaitée Lyrique lors du FabFest 2013 du 14 au 17 novembre.
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31 août – septembre / One way ticket / exposition personnelle à la galerie Gourvennec Ogor, 7 rue Duverger 13002 Marseille (France)
21 septembre – 27 octobre / BYTS Bosch Young Talent Show / exposition collective au Stedelijk Museum, s’Hertogenbosch, Pays-Ba
16 octobre – 6 novembre / Biennale Jeune Création Européenne / exposition collective à Montrouge puis en Europe.
17 octobre – novembre / Cook-Book / Exposition au Belvédère, Palais des Beaux-arts, Paris
18 octobre – novembre / The Bold and the beautiful / Exposition personnelle à la Republic Gallery, Paris
23 – 26 octobre / YIA – young International artists / Art fair, Paris
Novembre / Biennale de Lyon / Lyon
14 – 17 novembre FabFest 2013 / Gaité lyrique
21 au 30 novembre / Tous en ville : exposition collective à la No Mad Galerie / Paris
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Et où peut-on vous trouver à Paris?
A Paris nous travaillons avec la Republic gallery où nous préparons « The Bold & the Beautiful », une exposition personnelle qui aura lieu du 18 octobre au 23 novembre et qui sera comme une investigation des dérives liées au culte de la beauté à tout prix.
Nous serons également présents au YIA : Young International Artists du 23 au 27 octobre.