On peut écouter le même son au même moment, dans le même contexte, sans pour autant écouter la même musique. Un constat simple, qui part du postulat que chacun a son propre lien et sa propre histoire avec la musique. Nos représentations restent ainsi généralement liées à notre état d’esprit au moment des premières dernières écoutes. En bref, chacun sa madeleine de Proust. La mienne, quand j’étais plus jeune -et que je ne me couchais pas forcément de bonne heure-, ce sont les vidéos de Skate, de BMX ou de roller que je m’enfilais, pour filer la métaphore, comme des petits pains au goûter. Pendant des années, j’ai été comme un dingue devant les prouesses réalisées par les mecs à l’écran, mais aussi par l’univers tout entier qu’ils parvenaient à retranscrire en images. Les lieux, la sape et la musique s’unissaient dans un seul jet, et ont sans doute marqué mes goûts et mes préférences musicales pour le restant de mes jours.
Bien que la proximité entre le hip hop et les sports urbains tende à se rapprocher puis à se distancer au fil des époques, on trouve rarement un contest de skate sans son DJ ou un festival hip hop sans sa démo de sports urbains.
Ce phénomène de rapprochement trouve selon moi son explication à travers deux concours de circonstance : premièrement, par la volonté des organisateurs d’évènements de rapprocher un public réuni autour de valeurs communes (une attitude libertaire, un certain goût pour la transgression), qui par le biais du hip hop, des sports urbains et du street art, va trouver un vecteur afin de transmettre ses divers messages. Secondo, il faut se pencher du côté des médias généralistes. Avec la volonté clairement affirmée de foutre tout le monde dans le même sac, les médias de masse ont vu dans ces nouvelles formes d’expressions des pratiques typiquement « jeunes », représentant un public capable de drainer des foules immenses. Sans se poser la question du bien-fondé de leur connexion, cette vision s’est ensuite infiltrée chez les entreprises, qui, souhaitant donner une image « cool & branché » à leur marque ont pris l’habitude d’encourager des évènements regroupant à la fois le sport, la musique et le graff. Et franchement, vous savez quoi ? Hallelujah.
S’il est aujourd’hui complexe de déterminer si ces effets ont été néfastes ou non pour les différentes disciplines, force est de constater que ce croisement des genres a été à l’origine des vidéos les plus coolos du siècle dernier. Chacune des disciplines ayant laissé son empreinte chez le voisin, on retrouve sur le net des pépites hybrides, mi-musique mi-Jackass tout terrain à faire saliver tous les producteurs d’MTV. On vous a donc sélectionné 10 vidéos de street sports qui envoient du lourd, aussi bien pour les yeux que pour les oreilles. Enjoy.
Tricks : Edwin Delarosa – Skavenger 2012 // Track : Ski Beatz – Bruce Lee
Edwin, c’est un peu le Big Poppa du BMX. Avec sa bonhommie naturelle et son style purement new-yorkais, il a fait les beaux jours du Brooklyn Banks et fait désormais des apparitions ponctuelles dans les vidéos de la marque Skavenger ou Animal, comme une figure paternelle toujours présente en arrière plan. Cette vidéo est selon moi la plus emblématique du patron, appuyé par le lourd Flow du G-Unit.
Tricks : Terry Kennedy – Baker 3 // Track : Fly Society-Well off G’s
Baker est LA marque phrare du style gangsta au sein de la communauté skate, et ça tombe bien, puisque Terry Kennedy est un peu la mascotte gangsta chez Baker. C’est vous dire un peu la thug life du mec. De plus, le type ne souhaitant pas se limiter à ses prouesses sur une planche, il se paye le luxe de réaliser sa propre bande son avec son crew : Fly Society. Ça ne s’invente pas les gars.
Tricks : Nigel Sylvester – G-Shock // Track : ASAP Ferg – S.O.M.P
Nous parlions d’Edwin un peu plus haut, et bien Nigel c’est un peu son petit frangin surdoué. Sponsorisé par Nike 6.0 dès ses débuts, Nigel Sylvester est venu bousculer le monde du BMX street en posant son style et ses règles. De plus, il se paye fréquemment des entretiens et des vidéos avec la scène hip hop du moment, notamment avec Pharell ou ici avec ASAP Ferg pour G-Shock
Tricks : Franky Morales – Twenty To Life // Track : Chamillionaire – Ridin’
L’athlète est sans aucun doute une des plus grosses pointures du roller agressif. Des sapes amples et des dreads à faire rougir le plus funky des Rastas, il est difficile de le confondre avec un autre. Et quel morceau pourrait être plus approprié que le mythique « Ridin’ » de Chamillionaire ?
« They See me Rolliiiiiiin … »
Tricks : Eddie Cleveland – Fit Life // Track : NWA – Real Muthaphuckkin G’s
Eddie Cleveland est à coup sur un des riders qui a le plus contribué à l’évolution de la scène BMX ces dernières années. Un guidon large, un style pegless sans concession, l’homme en impose. Alors quand il pose sa part dans une des meilleures vidéos jamais produites : La Fitlife, et qu’il accompagne son riding du mythique « Real Muthaphuckkin G’s ». On ne peut que s’incliner.
Tricks : Bastien Salabanzi – Flip « Sorry » // Track : Mr. Dibbs – Turntable Scientifics
Le type à 15 ans sur la vidéo. Moi personnellement à 15 ans je faisais des ollies dernières mon garage, et je réussissais tout de même à faire des passages à l’hosto assez régulièrement. Donc quand tu sais que cet extrait est considéré comme la meilleure part de la meilleure vidéo jamais produite dans l’histoire du skateboard… ça calme.
Tricks : Stevie Williams – DGK « Its Official // Track : State Property – See Clearly
Dans la droite lignée de la marque Baker, DGK est également une marque qui s’est éloigné de l’imaginaire Skate & Rock’n’roll d’antan. Stevie Williams, fondateur de la marque développe un riding purement new-yorkais et les rappeurs du crew State Property viennent donner un impact sans pareil à son riding. Mythique.
Tricks : Tyrone Williams – Animal « Can I Eat » // Track : Fabolous X Banks X Busta – Freestyle
On ne peut pas aborder la question de la scène new-yorkaise sans parler du cas Tyrone Williams. Vieux briscard du quartier de Brooklyn, le rider a fait de nombreuses apparitions dans les vidéos de marques purement street tel que Skavenger ou Animal. Alors qu’il brutalise le mobilier urbain de la grosse pomme, ce sont les vers de Busta, Fabolous et Banks qui viennent frapper vos tympans.
Tricks : Brian Aragon – Black Market // Track : Lyrics Born – Do That There (Young Einstein Hoo Hoo Mix)
Mettez quatre roues sous les pompes de Brian Aragon et préparez vous à prendre un grosse claque. En effet, on est difficilement surnommé « The legend of rollerblading » pour rien, et le dude a un paquet de talent en réserve. Précurseur de la discipline, il accompagne sa part d’un bon son funky des Lyrics Boom. Bah ouais gros, tu croyais quoi.
Tricks : Black Dave // Track : Black Dave – Rap’N’Skate
Black Dave est l’exemple parfait des liens de ce « vecteur » abordé plus haut. S’il est avant tout un skateur, de surcroit sponsorisé par la marque la plus overhypé de l’univers (Supreme), c’est aussi un rappeur multipliant les collaborations avec des artistes tels que Slicky Boy ou William Wilson.
Il a récemment sorti une vidéo produite par Noisey en featuring avec Wacka Flocka Flame ou le désormais très célèbre DJ Mr. Green. Dans ce petit clip, Mr. Green conçoit une instrumentale directement à partir des bruits produits par la planche de skate. Le flow des deux emcee viennent ensuite rapper sur le morceau et démontrent une fois de plus que les univers peuvent se rapprocher au point de créer des oeuvres, entre flip et flow.