Bon, on a décidé de s’y coller. Le 12 mai prochain sortira le dernier album du grand Snoop Dogg, Bush. Mais il est d’ores et déjà disponible sur le web pour les mieux renseignés, et on a décidé d’en rédiger une petite chronique sans prétention, à chaud. Histoire de vous dire si oui ou non votre impatience est justifiée, ou si le royal canin vous a encore berné.
Inoxydable. Un terme qui sied parfaitement au phœnix Snoop. Après avoir défoncé le rap US à coup de Doggystyle et, plus récemment, exploré les facettes du rastafari et de la funk, l’animal est de retour avec son treizième album, Bush. Le premier depuis 2011 sous son appellation d’origine contrôlée, Snoop Dogg. Jusque-là, pas de quoi s’émerveiller, on connait le topo : au mieux on aura un petit album sympa pour préparer l’été, au pire on aura une énième bouse. Les dernières sorties du bonhomme ne sont pas toutes glorieuses ; bref, ce ne serait pas la première fois que Snoop se perd dans les limbes de la médiocrité.
Toutefois un élément nous a donné envie d’écouter l’album – c’était pas gagné d’avance. Pharrell est aux commandes de la production sur l’intégralité du projet. Et les vrais savent que le combo Snoop/Pharrell a souvent été synonyme de tuerie : « Beautiful », « Signs », « Let’s Get Blown », « Drop It Like It’s Hot »… la liste de collaboration réussie est longue. Bush devrait donc bénéficier d’un vent de fraicheur apporté par la patte de Skateboard P. Une information cruciale qui titille lourdement notre curiosité, tout comme ce featuring avec… Stevie Wonder. Assez pour nous faire craquer et tester le disque, que l’on vient de recevoir. Réaction dans la foulée.
Le LP s’ouvre sur « California Roll », la fameuse association avec la légende Stevie Wonder. Le nom est clinquant, la contribution un peu moins. Stevie nous fait les backs avec Pharrell et lâche quelques notes d’harmonica. La prod est douce, on nage en plein smoothie. Le leader de N.E.R.D. impose son univers, un peu comme si l’instru était une chute récupérée de G I R L. Bon, morceau validé car c’est bientôt l’été.
Si le premier track nous transporte sans détour dans le monde merveilleux du créateur d’« Happy », il va en être de même pour la suite du projet. Ce n’est plus simplement un album de Snoop produit par Pharrell mais bien un Watch The Throne version guimauve Californienne. La création d’une troisième entité, juste le temps d’un LP. Mais ni voyez rien de négatif : la fusion fonctionne plutôt bien. L’atmosphère est légère et chaleureuse. Snoop s’inspire largement de ses expériences antérieures, il ne rappe plus vraiment, vocode sa voix, fait des variations de flow, de tonalité et pousse un peu la chansonnette sans être désagréable. Du pain béni pour les synthés d’un Pharrell fidèle à lui même. L’alchimie est excellente, comme sur le délicieux « Awake ». C’est l’avantage de combiner deux artistes totalement open minded : il n’y a aucune limite.
On l’a dit, le soleil de plomb californien pèse sur cet album. À tel point qu’on en choperait presque une insolation à certains moments. Attention : rien de mauvais sur ce projet, mais rien de transcendant non plus. Les productions sont naturellement bonnes, l’ambiance est cool. Le genre de LP passe-partout. Mais à force de voguer dans cet océan de zénitude, on en perd un peu le fil. Une seule écoute ne suffit pas pour distinguer chaque track et extraire les vraies porte-drapeaux de l’album – c’est une réaction à chaud, histoire de le rappeller –, il vous faudra un peu plus de persévérance pour y arriver. Si vous êtes fan de Snoop Chien (cc Society), pas sûr que vous apprécierez sa voix modifiée et son chant prononcé.
À l’image du dernier morceau, « I’m Ya Dogg », assez fade au final malgré la présence de Kendrick Lamar et Rick Ross en featuring, l’album semble être une espèce de worst of – l’inverse de best of – des dernières productions du chapeauté. Un peu comme si Snoop était allé grignoter les miettes de G I R L, encore fois. Mais vu que Pharrell ne produit que des mets d’exception, ça reste largement correct et suffira à vous ambiancer sous les premiers vrais rayons de soleil. En bref : Bush est à écouter quelques fois et à ranger à l’arrivée de l’automne. Possible qu’on le passe quand même en before cet été pour animer nos douces soirées en bord de piscine.